C’est toute l’histoire et la sensualité du tango qui
constituent la trame du roman. Né à la fin du 19ème siècle autour du
Rio de la Plata, l’estuaire qui relie Buenos-Aires, en Argentine, et
Montevideo, en Uruguay, le tango est une musique métissée d’origine africaine,
indienne, européenne. Cette danse langoureuse est devenue une danse de bal,
d’abord jouée exclusivement dans les cafés des bas-fonds des deux villes, où
les hommes dansaient avec des prostituées, avant de devenir la danse à la mode
dans toutes les capitales au début du 20ème siècle.
Carolina de Robertis a imaginé un personnage singulier en la
personne de Leda, jeune fille émigrant depuis l’Italie, en 1913, pour retrouver
à Buenos-Aires son futur mari, Dante. Hélas Leda apprend à son arrivée que
Dante a été tué lors d’une manifestation ouvrière. Comment va-t-elle s’en
sortir dans cette ville livrée à la violence, où les femmes sans mari sont des
proies ?
C’est grâce à son violon. Subjuguée par cette musique de
rue, Leda va apprendre à jouer des tangos. Et comme à l’époque il est interdit
aux femmes de jouer du tango, elle se déguise en homme pour pouvoir jouer et
survivre. Elle prend le nom de Dante, est engagée dans un orchestre, cachant à
tous son véritable sexe. Peu à peu, elle développe sa créativité, en suivant
l’évolution de ce genre musical jusqu’à son âge d’or. Portée par la musique,
elle découvrira aussi sa propre personnalité, si longtemps étouffée.
Carolina de Robertis offre ici une fresque à la fois
sociale, historique et humaine. Sa documentation solide permet d’appréhender la
naissance d’une nation portée par une musique métissée à son image. L’auteure,
née en Angleterre en 1975, d’origine uruguayenne, enseigne en Californie, et
est une fervente défenseure des droits des femmes.
Ce roman est disponible en Livre de Poche.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 31 juillet.
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