La célèbre station balnéaire et port de plaisance de
l’Hérault, à quelques km de Montpellier et de la Camargue, se caractérise par
une grande homogénéité architecturale, dont les éléments les plus visibles sont
les immeubles en forme de pyramides. Cette architecture futuriste a obtenu
le 19 janvier 2010, le label « Patrimoine du XXe siècle ».
Ce fut un des plus importants projets urbanistiques et
touristiques des « Trente Glorieuses ». Dès 1962, sous le
gouvernement De Gaulle-Pompidou, naît la volonté d’aménager 200 km de littoral
entre la Camargue et les Pyrénées, afin d’accueillir un million de touristes de
France et d’Europe du Nord. L’architecte retenu pour construire la Grande-Motte
est Jean Balladur, philosophe avant-gardiste, qui veut mettre l’homme au cœur
d’une cité hors du commun, dans un écrin de verdure.
Limité par deux étangs, celui de l’Or et celui du Ponant, la
mer Méditerranée et le Vidourle, le territoire choisi était occupé par un marécage
et des dunes. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquèrent afin de
préserver les espaces naturels, les paysages et l’équilibre écologique du littoral.
Répondant à la démocratisation du tourisme de masse, refusant le luxe, le
projet de Jean Balladur, très décrié à l'époque, fut de créer des terrains de
sport, une plage bordée d'un simple chemin piéton, des façades d’immeubles perpendiculaires
au littoral, éliminant la hiérarchie entre les appartements avec vue et sans
vue. Un palais des congrès, une mairie, des commerces, une extraordinaire
église dédiée à Saint François ont complété l’équipement. Les travaux de
dragage, de remblaiement, ont commencé en 1966, puis les constructions
s’enchaînèrent. Et en octobre 1974 fut créée la commune de la Grande-Motte.
50 ans plus tard, la Grande-Motte continue d’évoluer. De
nouveaux immeubles sortent de terre sous l’impulsion des successeurs de Jean
Balladur. Des parcs, des jardins, des pistes cyclables quadrillent la ville,
occupant 70 % de la surface totale. L’harmonie architecturale répond à la
douceur de vivre, les automobiles étant écartées au profit d’une mobilité douce.
La station révèle aujourd’hui tout son sens esthétique et est devenue
une ville jardin. Un projet imaginé et réalisé grâce à la vision novatrice
d’un architecte de génie, Jean Balladur, accompagné de son jardinier en chef,
Pierre Pillet.
En toutes saisons, c’est un plaisir de sillonner la Grande-Motte et sa région à vélo. Et en été, la baignade est au bout de la rue, l’ombrage tout aussi proche. Alors n’hésitez pas à fréquenter cette station populaire, née d’un projet audacieux, qui 50 ans après, a prouvé sa pertinence.
Article publié dans le JTT du jeudi 7 août 2025.