dimanche 23 avril 2023

Laurent Galandon, Bédéiste de combat

Avec une cinquantaine d’albums à son actif, Laurent Galandon, né en 1970, Valentinois depuis 2002, est un scénariste reconnu dans le monde de la BD. Loin de toute facilité, ses livres ont vocation à faire réfléchir les lecteurs sur des problèmes de société. Car Laurent est un homme de combat, de convictions, qui puise ses sujets dans les injustices du monde contemporain.




Il suffit d’éplucher sa bibliographie pour comprendre sa démarche. En 2006, il publie, en collaboration avec le dessinateur Arno Monin, son premier album « L’envolée sauvage », qui raconte l’exode d’un jeune juif pendant l’occupation. Un  diptyque, vendu depuis à 30 000 exemplaires, qui sera primé au festival d’Angoulême en 2008. En 2009, il signe avec Cyril Bonin "Quand souffle le Vent", sur les vieilles peurs devant les tziganes. En 2010, « Le Cahier à fleurs", illustré par Viviane Nicaise, évoque le génocide arménien. Depuis, les albums de Laurent se suivent régulièrement, sur le terrorisme islamique avec « Shahidas », la guerre d’Algérie avec « Tahia el Djazaïr », le scandale des abattoirs avec « La tuerie », l’exploitation des jeunes espoirs du football africain avec « Le contrepied de Foé », l’affaire Lip avec « Lip, des héros ordinaires »… Et bientôt : « Le dernier costume n’a pas de poche » pour lequel il est allé enquêter dans la région tunisienne de Zarzis, plaque tournante et cimetière des candidats migrants.
Pour Laurent, tout part d’une colère devant un scandale de société. Une fois le thème défini, il se documente avec précision, écumant toutes les références sur le sujet.  Puis vient la création de personnages fictifs, pour faire vivre l’histoire et bousculer les préjugés. Solliciter un dessinateur (pour un travail de neuf mois environ) et une maison d’édition (comme Futuropolis, Delcourt, Grand Angle, Dargaud…) lui sont maintenant facilités par sa notoriété.  Son parcours professionnel dans la photographie et le cinéma imprègne son écriture, où l’on retrouve un beau sens du découpage et de la narration. C’est donc tout naturellement qu’il projette une collaboration cinématographique avec le studio Foliascope de Valence pour mettre en images son futur album « Retour à Tomioka », un récit sur l’après- Fukushima.
 V

Cette année, Laurent a fait un saut dans le passé, en explorant les procès faits aux animaux pendant le Moyen-âge. En avril, avec la sortie de « La truie, le juge, l’avocat » les lecteurs pourront réfléchir à notre rapport aux animaux.

Le monde de la BD est extrêmement riche et libre. Pas moins de 5000 nouveaux albums sortent chaque année, explorant tous les sujets, tous les styles, pour tous les âges. Et 450 millions de bandes dessinées sont lues en France par an ! Pourtant aucun média n’assure régulièrement leur promotion, considéré comme mineur. C’est l’éminent Collège de France qui a enfin donné, par une série de conférences, ses lettres de noblesse « à cet art qui n’est ni du texte, ni de l’image, mais bien une fusion des deux ». Et dont Laurent Galandon porte haut les couleurs à Valence.

Article publié dans le JTT.

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