mardi 23 mars 2021

Chronique littéraire : Les choses humaines, de Karine Tuil

Sous ce titre relativement banal se cache un bouleversement terrible et inattendu dans une vie. Rien n’est jamais acquis à l’homme, disait Aragon…

Jean est un présentateur vedette de la TV, séducteur invétéré ; depuis trente ans ses émissions sont toujours aussi populaires. Sa femme Claire, de vingt ans plus jeune, est une essayiste féministe reconnue. Leur fils Alexandre sorti de Polytechnique, étudie à Stanford. Bref, une élite qui semble avoir toutes les cartes en main. Pourtant, chacun des trois cache ses revers, son mal-être. Jean aime une femme de son âge qui s’enlise dans la maladie d’Alzheimer, Claire envisage de le quitter pour un simple prof de collège, Alexandre développe des périodes dépressives. 

Tout explose lorsque, lors d’une soirée alcoolisée, Alexandre viole la fille du compagnon de sa mère. Les belles images volent en éclats. La machine policière puis judiciaire explore chaque faille du passé, du présent des protagonistes. Leur vie quotidienne passée au crible devient un enfer, ils sont accablés par les réseaux sociaux, Metoo et Balance ton porc en direct. Comment résister à cette pression dévastatrice ? Qui va craquer et de quelle façon ? 

L'auteur analyse avec finesse, objectivité la vie détruite, la lente dérive vers une autre vie, l’abandon de tout contrôle sur soi et sur les autres. Une lecture terrible, qui dérange mais qui rejoint l'actualité.

Karine Tuil, née en 1972 à Paris, est une romancière française. Ses livres ont pour thèmes les contradictions des individus et les hypocrisies de la vie contemporaine.Ce roman qui a obtenu le prix Interallié et le Goncourt des Lycéens en novembre 2019, est disponible en poche chez Folio.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 1 avril 2021.

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