Robert Badinter, né à Paris en 1928, est connu pour son
combat contre la peine de mort, dont il obtint l’abolition en tant que Garde
des Sceaux en 1981. Avocat, professeur, essayiste, homme politique, il évoque
ici sa grand-mère Idiss, à qui il fut très attaché. Dans un style émouvant et
sobre, c’est toute l’histoire des Juifs émigrés de Russie qui se dévoile sous
nos yeux.

Idiss est née en 1863 en Bessarabie, un territoire russe
situé près de la Roumanie, où la violence contre les Juifs sévissait. Son époux
Schulim, après cinq années passées dans l’armée du tsar, n’arrive pas à nourrir
leur famille, avec deux garçons puis Charlotte, née en 1899. Pauvreté, menaces,
froid, faim, ils se décident à fuir leur pays. En 1912, ils arrivent à Paris et
vivent d’un petit commerce de vêtements d’occasion. Après la Première guerre
mondiale, où la famille est miraculeusement épargnée, Idiss connaîtra les plus
belles années de sa vie, avant d’être rattrapée par une autre guerre, sans
pitié pour les Juifs cette fois.
Avec sensibilité et pudeur, R. Badinter raconte une histoire
de gens simples, ballottés dans une époque troublée, qui luttent pour
s’intégrer. Leurs joies sont la famille, le travail, la réussite. Ils attachent
une grande importance à l’éducation, à la solidarité entre membres de la
communauté. Malgré tout, la nostalgie règne. Charlotte épousera Simon Badinter,
exilé comme elle, qui fera commerce de fourrures, avant d’être arrêté par la
Gestapo. Claude et Robert, leurs enfants, répondront aux exigences parentales
en faisant de brillantes études.
Une histoire familiale pleine d’enseignements, emblématique
de beaucoup d’histoires d’émigration. Mais plus encore, un récit intime et
sensible, qui touche le cœur de n’importe quel lecteur.
Idiss est maintenant disponible en Livre de Poche.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 13 février 2020.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire