vendredi 28 décembre 2018

Le Centre du patrimoine arménien à Valence : un musée ouvert à tous


Le décès de Charles Aznavour a donné un coup de projecteur sur une histoire dramatique, celle de la communauté arménienne. Le génocide de ce peuple fut planifié et perpétré par les nationalistes Turcs en 1915. A Valence, le Centre du Patrimoine Arménien présente les différentes étapes de l'histoire des Arméniens, leur fuite pour survivre, puis leur émigration en France ou ailleurs, particulièrement importante en Vallée du Rhône.

Le Centre du patrimoine arménien est un superbe bâtiment situé en vieille ville, à deux pas des rues piétonnes, face au square Charles Aznavour. Une architecture lumineuse, une dentelle de pierre rappelant les motifs traditionnels arméniens, signent le bâtiment qui vient d'être inauguré en septembre 2018, après restauration. Le parcours de visite, conçu désormais avec les médias interactifs, fait vivre de façon claire et émouvante l'histoire et la mémoire.


L'exposition principale et permanente est consacrée au génocide. L'Arménie, pays situé entre l'Asie et l'Europe, est d’après la légende le pays de Noé : c’est au sommet du Mont Ararat que l’arche s’est posée après le déluge. Conquise par l'Empire ottoman, ses ressortissants bénéficiaient d'un statut spécial, avec leurs églises, leurs écoles, tout en étant victimes de discriminations. En 1909, le parti nationaliste turc qui renversa le sultan et prit le pouvoir, renforça la répression envers les Arméniens accusés de séparatisme.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman s'est engagé aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie. Les autres nations étant trop occupées par la guerre, le processus d’élimination fut décrété par le ministre Enver : 1- assassinat des soldats arméniens, accusés de collusion avec l'ennemi. 2- convocation des élites arméniennes à Constantinople, pour être exécutées. 3- Il ne restait alors plus que les femmes, les enfants et les vieillards qu'on déporta en masse vers les déserts de Syrie et d'Irak où ils moururent de faim, de soif et d’attaques crapuleuses.
Le génocide fera entre 1,2 à 1,5 million de victimes. Seuls quelques-uns survivront, réfugiés dans les pays voisins, comme les parents de Toros à Alep, ceux d'Aznavour à Salonique. Près de 60 000 réfugiés arriveront à Marseille entre 1922 et 1924, puis remonteront le long de la vallée du Rhône, où les ateliers de tissage et moulinage recrutaient. Ils s'y installeront.

Le Cpa n'est pas seulement dédié à la communauté arménienne, c'est un lieu de mémoire qui rappelle d’autres émigrations, Italiens, Espagnols, … avec les mêmes problèmes d’intégration. C’est encore plus : un lieu culturel ouvert à toute la population, dédié à l'histoire des peuples et des civilisations. L'exposition temporaire, prêtée par le du Musée de l'Homme à Paris, en témoigne : « Nous et les autres, des préjugés au racisme ».  Affilié à Valence Romans Agglo, le Cpa offre une programmation variée, avec films, conférences, ateliers, pour accompagner et élargir le débat autour des grandes questions d'actualité.

Le Centre du patrimoine arménien est ouvert du mardi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h.
Samedi et dimanche de 14h à 18h. Tél : 04 75 80 13 00.
Toutes les animations sont présentées sur le site : www.le-cpa.com ou sur Facebook.

Article publié dans le JTT du jeudi 27 décembre 2018.

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