dimanche 16 octobre 2016

Courbet, précurseur de l'impressionnisme

Entièrement rénové et agrandi depuis 2011, le Musée Courbet est parfaitement intégré à la nature environnante, falaises calcaires, forêts denses et bord de Loue. L’ancienne maison bourgeoise a été prolongée par un bâtiment de verre et de pierre, qui s’ouvre sur les  paysages chers à  ce peintre réaliste hanté par sa région natale, la Franche-Comté. Quelques pièces où a vécu le peintre sont restées dans leur jus, et proposent une approche de l’homme, de son parcours, de son époque. Mais l’essentiel du fonds permanent est une importante collection d’œuvres de Gustave Courbet. Chaque été une exposition temporaire permet de corréler l’œuvre de  l’artiste à celles d’autres artistes.  Cette année, grâce aux toiles prêtées entre autres par le Musée d’Orsay, c’est l’influence de Courbet sur les impressionnistes qui est mise en lumière, dans une présentation croisée de toiles d’inspiration naturaliste.

Gustave Courbet (1819-1877) après des études générales et artistiques à Ornans puis Besançon monte à Paris exercer son art dès 1839. Fasciné par la nature, il fréquente régulièrement la forêt de Fontainebleau, atelier en plein air, lieu de prédilection et de discussions des peintres de toutes générations, classiques, romantiques, réalistes ou impressionnistes. L’observation minutieuse de la réalité, la traduction des effets de lumière, et la représentation de la vie quotidienne sont ses sources d’inspiration. Puis, lors de séjours en Normandie, Courbet découvre avec éblouissement la mer. Ses magnifiques « Vagues » en témoignent, à côté des marines de Monet, Manet, Boudin, Jongkind …

Gustave Courbet, au Quartier latin, se lie avec les milieux anticonformistes et socialistes. Il peaufine sa théorie réaliste de la peinture. Et innove : jusque là, seuls les sujets historiques ou religieux avaient droit aux grands formats, tandis que la peinture de genre (les scènes familières), les paysages ou les natures mortes se devaient d’utiliser de petits formats.  Avec « L’Enterrement à Ornans » (1850) et ses paysans grandeur nature, c’est la vie du peuple que l’artiste engagé impose. Scandale. Avec « Le retour de la conférence » le scandale s’amplifie, mais Courbet n’en a cure, ses engagements politiques, sa participation militante à la Commune (il fera déboulonner la colonne Vendôme, symbole napoléonien, en 1870), déchaînent sur lui la violence. Personne ne connaissait alors la sulfureuse « Origine du monde », peinte en 1866, qui ne sera présentée au public qu’à la fin du XXème siècle.

 C’est à Sainte-Pélagie, où Courbet purge sa peine de prison, qu’il retravaille les natures mortes, à partir des bouquets de fleurs apportés par sa sœur. Après le rejet et la ruine, Courbet est contraint à l’exil en Franche-Comté, puis en Suisse, où il continue à peindre des portraits et des paysages, à sculpter, à fréquenter des artistes. Mais son état de santé se dégrade, suite à ses débauches. Il décède en 1877. Sa dépouille ne reviendra à Ornans qu’en 1919, le temps que les critiques s'apaisent. Surmontée d’un sobre bloc de calcaire, la tombe de Courbet fait face pour toujours à la vallée de la Loue, ses vertes forêts et ses blanches falaises.

Article publié dans le JTT.

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