vendredi 17 juin 2016

Chronique littéraire : Amours, de Léonor de Récondo

Une demeure bourgeoise, dans le Cher en 1908. Deux femmes coincées dans leur époque, dans leur statut social, dans leur sexe : Victoire, la maîtresse de maison, incomprise et délaissée par son mari, le très convenable notaire Anselme de Boisvaillant. Et Céleste, la petite bonne qui travaille tout le jour, fourmi invisible. Le soir, elle subit en plus les pulsions sexuelles d’Anselme. Et bientôt se retrouve enceinte.

Un vaudeville signé Maupassant ? Pas du tout, Léonor de Récondo revisite par son regard contemporain une situation classique, elle approfondit les caractères de ses personnages, les fait évoluer vers un épanouissement non conventionnel. Les vernis craquent, les corps se découvrent, l’ajustement à la situation surprend par sa résonance moderne. Seul le dénouement revient au mode classique.

Léonor de Récondo est née en 1976. Violoniste professionnelle, son écriture fluide avance comme une petite musique douce, de plus en envoûtante, obsédante, qui pulvérise la peinture convenue de la vie sociale du début du XXe siècle. Des personnages complexes, aux réactions inattendues, manifestent leur volonté de se libérer des carcans. Andante, allegro, ritenuto, lento… Une partition subtile, sensuelle, et féministe, qui a obtenu de nombreux prix.

Amours est disponible en poche chez Points.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 16 juin.

1 commentaire:

  1. Ce livre m'intéresse beaucoup, je pense essayer de me le procurer rapidement ! Merci pour votre avis !

    Gaëlle SCHNEIDER.

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