vendredi 12 avril 2013

Grêle sur les Mille Etangs

La pluie avait cessé, le ciel restait gris. Depuis le Col des Croix, les étangs apparaissaient comme par magie, au détour du sentier, à l’abri d’une futaie, en contrebas d’une prairie, leur éclat métallique agité par le vent. Quelques petits cabanons de pêche, pimpants, fermés pour l’hiver, des hameaux isolés, aux maisons anciennes, aux beaux porches soulignés de grès, sans âme qui vive. Aucun signe du printemps, nos pieds écrasaient feuilles mortes et pommes de pins, des écharpes de brume s’accrochaient aux collines.


Un grondement sourd au loin. Puis un autre. Dans cette nature sauvage, préservée, impossible d’envisager un engin à moteur. Alors ? Les nuages noirs cavalaient dans le ciel. Une grêle soudaine nous a surpris sur un chemin forestier. Pas méchante, l’averse, plutôt une expérience curieuse. Les petits grêlons glissaient sur nos capes presque sans les mouiller, tandis que le chemin blanchissait à vue d’œil. Des millions de billes glacées ont rafraîchi l’atmosphère. Nous nous sommes provisoirement réfugiés dans un ancien four à pain, aux lauzes de grès. Thé, gâteaux, et convivialité, avant le retour sur nos pas, faute de balisage.

Le plateau des Mille Etangs, façonné par les glaciers il y a douze mille ans, valorisé par les moines au Moyen-âge, reste une région préservée et mystérieuse. Les cartes IGN ne sont pas à jour, les points de repères sont indéterminés : rien ne ressemble plus à un étang près d’une maison qu’une maison avec étang. Les autochtones veulent éviter l’invasion touristique, ils méprisent le balisage. Pour visiter cette région bucolique, il faut accepter l’aventure !

Le ciel était nettoyé,  la lumière annonçait l’imminence du soleil, le retour fut pur bonheur. Les couleurs crues explosaient : fougères rousses des
sous-bois, sapins et épicéas vert sombre, landes jaunies, étangs-miroirs lumineux cernés de tourbières, de bruyères, et sous nos pas, un parterre de mousse drue, d’un vert éclatant, souligné par le rose vif des rochers et des murets de grès. Le vent poussait les nuages vers Le Drumont enneigé, qui étincelait au loin, le paysage s’est ouvert, le ciel aussi, le soleil est apparu. Après la pluie le beau temps.

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