dimanche 14 octobre 2012

Monsieur Lazhar

Un film canadien émouvant et juste, réalisé par Philippe Falardeau, avec Mohammed Fellag.

L'histoire : A Montréal, dans une classe de sixième, un immigré algérien se propose pour remplacer au pied levé une enseignante disparue. Pas vraiment au courant du programme, mais doué d'empathie et d'autorité, il doit s'adapter aux élèves, et gérer à la fois son passé tragique, et le bouleversement de ceux-ci, leur prof s'étant pendue dans sa classe.

Le film se déroule presque entièrement à l'école, les relations entre élèves, entre prof et élèves, entre prof et administration, entre profs, sont très justes. Pas de caricatures, ni d'excès. Pourtant, ce n'est pas un film sur l'école, mais un film sur le deuil, et même sur l'acceptation du deuil.
D'un côté, Bachir Lazhar se bat pour obtenir un statut de réfugié politique au Canada, sa famille ayant été détruite par les terroristes en Algérie. Angoisse du lendemain, douloureux souvenir des siens, ses nuits sont difficiles.
De l'autre, les enfants, surtout ceux qui ont découvert le corps, ressentent une culpabilité diffuse. Simon essaie de la camoufler sous des attitudes agressives, Alice arrive à analyser et exprimer la violence par les mots. Eux aussi font des cauchemars.

La force du message, c'est qu'ensemble, ils arrivent à accepter les faits, à construire une nouvelle relation, à vivre. L'humour, la culture, l'empathie, mais aussi la franchise et l'exigence de Bachir Lazhar réussissent à assainir l'atmosphère. A faire réfléchir, et à libérer la parole.

L'exotisme donne du charme et de la légèreté au film. Expressions et accent québécois goûteux, même s'ils sont parfois difficiles à suivre. Jeux dans la neige. Rapports scolaires plus conviviaux que chez nous, les enfants sont familiers mais pas insolents, la direction moins scrupuleuse. Quelques bons mots sur l'absurdité du système scolaire, ainsi que celle des lois de l'immigration.
Pas de happy end cependant, certains parents ne veulent pas que Monsieur Lazhar déborde de ses fonctions. Il est là pour enseigner, pas pour éduquer.

J'ai beaucoup aimé la tendresse, la générosité qui se dégagent du film. La simplicité de rapports de l'adulte avec les jeunes acteurs. Malgré ses méthodes surannées, Monsieur Lazare fait passer le plus important des messages, la force de la vie.



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