jeudi 20 mai 2021

Voyage au coeur du Moyen-âge : la forteresse de Mornas

Dominant l’autoroute A7 sur une falaise abrupte de 137 mètres de hauteur, à quelques kilomètres de Bollène, la forteresse de Mornas attire le regard des automobilistes. Monumentale, perchée sur son éperon rocheux, elle invite à s’arrêter pour tenter l’ascension. Une balade magnifique, riche d’histoire, de nature, ouverte sur un panorama à couper le souffle et tout-à-fait accessible. La forteresse est fermée actuellement pour cause de Covid, mais les randonnées autour peuvent se faire librement.

Le village de Mornas avec ses platanes centenaires, son enceinte fortifiée et ses belles portes constitue une halte agréable. On peut y débuter la promenade ou suivre le fléchage « forteresse » et monter jusqu’au parking situé au-dessus du cimetière. Un site spectaculaire, dominé par la chapelle Notre-Dame du Val Romigier (XIIe), une impressionnante église romane qui semble née de la roche. Ancienne église communale, elle est en cours de restauration. De là, un chemin très raide grimpe jusqu’à la porte de la forteresse. C’est sportif, mais le panorama au sommet en vaut la peine. La vue s’étend à 360° sur toute la vallée du Rhône, l’Ardèche, le Vercors, le Mont Ventoux, les Dentelles de Montmirail …

Les Romains, conscients de l’intérêt stratégique du site, y installèrent un oppidum. La forteresse, probablement édifiée en bois à l’origine, fut reconstruite au Moyen-âge en calcaire, elle avait pour fonction de protéger le village de Mornas. Son nom "Rupea Morenata" apparaît au IXe siècle. Elle a joué un rôle important de défense lors de la Guerre de Cent Ans, notamment contre les compagnies de routiers qui ravageaient le pays. Après une période d’accalmie, de la fin du XIVe siècle jusqu'à celle du XVIe siècle, elle a vécu la tragédie des Guerres de religion. Propriété des Comtes de Toulouse puis de la papauté, catholiques et protestants se la disputèrent avec acharnement.

 En 1562, les troupes protestantes du cruel baron des Adrets, après avoir massacré femmes, enfants et vieillards dans la chapelle Saint-Baudille, forcèrent la garnison catholique à se précipiter du haut des murailles. On appelle cet épisode tristement célèbre "Sauto Barri" ou saute-muraille.  Les huguenots subirent le même sort lorsque la forteresse fut reprise par les catholiques en 1568.

Après la Révolution, la forteresse tomba dans l'oubli. Dégradée, elle a néanmoins été inscrite au titre des monuments historiques en 1927. Depuis 1978 la dynamique association "Les amis de la forteresse" la restaure et la fait revivre à l'heure médiévale, organisant des visites animées et ludiques pendant l’été. Le visiteur y est accueilli par des chevaliers et seigneurs en grande tenue, pour la plus grande joie de tous et spécialement des enfants.

Du sommet, un sentier caillouteux conduit à la fameuse chapelle Saint-Baudille, à environ 500 m. Sur la même crète s’ouvre un réseau de promenades balisées. Il faut être bien chaussé et ne craindre ni le vent, ni le soleil, ni le vertige ! Avis aux amateurs de sensations fortes, ça décoiffe !

Article publié dans le JTT du jeudi 20 mai 2021.

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