lundi 1 avril 2019

Chronique littéraire : Bakhita, de Véronique Olmi

Une histoire vraie, passionnante et bouleversante.
En 1874, au Soudan, une petite fille de cinq ans est enlevée par des marchands d’esclaves, près de son village du Darfour. Battue, traînée, violentée, affamée, jour après jour, elle essaie de survivre, prisonnière d’une longue caravane d’esclaves et autres marchandises. Après des centaines de kilomètres, arrive le marché aux esclaves, la séparation, les coups. Des maîtres violents, pervers, se succèdent, elle endure toutes sortes de tortures avant d’être rachetée à Khartoum, à l’âge de quatorze ans, par un consul italien qui la ramène à Venise dans ses bagages.
Une autre vie commence : pas esclave mais domestique, nourrice d’enfant. Pourtant l’Italie la rejette, sa couleur noire effraie les Blancs.  C’est dans un couvent qu’elle va tenter de se reconstruire, difficilement, car elle représente pour certains l’image du diable. Pour d’autres un moyen de propagande, justifiant la colonisation. Toujours traitée en objet, même de culte.
Véronique Olmi a découvert l’histoire extraordinaire de Bakhita en se promenant dans une église. Elle ne s’est pas contentée de la retranscrire, mais l’a enrichie d’une documentation fouillée, et de sa perception du personnage.  Elle arrive à nous faire vivre l’épopée à hauteur de Bakhita. Emotions, souvenirs, rêves d’enfant donnent à cette héroïne la volonté de vivre malgré tout. Pas de voyeurisme, mais des descriptions vivantes du contexte géographique, historique, social. Et l’immersion totale dans l’âme lumineuse et blessée de Bakhita. Une réussite.
Véronique Olmi, écrivaine et scénariste, est née en 1962 à Nice. Elle a reçu le prix Fnac pour ce roman, maintenant disponible en Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT.

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