lundi 13 octobre 2025

Le nouveau collège de Suze-la-Rousse : une performance architecturale

L’inauguration de ce collège tant attendu a rassemblé plusieurs centaines de visiteurs, et tous les responsables administratifs, locaux, départementaux, régionaux. Il faut dire que la curiosité était à son comble :  le collège conçu par Rudy Ricciotti, star de l’architecture, à qui on doit le MUCEM et la médiathèque Latour-Maubourg de Valence entre autres, avait un cahier des charges des plus contraignants : Situé à Suze-la Rousse, site classé avec son château médiéval, il fallait le camoufler dans la nature pour qu’il soit invisible.

Le cabinet Rudy Ricciotti a brillamment relevé le défi en imaginant un bâtiment « furtif », intégré dans un tumulus (une colline).  Le résultat est un édifice horizontal disposé en rectangle autour d’une immense cour centrale de 1500 m2, à la manière d’un atrium romain. A demi enterré dans les vignes il est protégé du mistral. Lumière omniprésente grâce aux murs vitrés, structure et huisseries en bois blond, couverture en tuiles, chauffage au bois, sol de béton, la volonté des architectes comme de la Région a été de faire travailler sur le chantier des entreprises locales.

A l’intérieur, des salles de classe au mobilier épuré, des toilettes dignes d’un hôtel 4 étoiles, un CDI avec studio de webradio, une cantine ultramoderne, des salles équipées d’ordinateurs et tableaux digitaux dernier cri, il est difficile de faire la liste de toutes les innovations techniques qui font du collège Do Mistrau un établissement bien ancré dans le XXIe siècle.

Clin d’œil avec l’histoire : en réalisant les fouilles d’archéologie préventive sur le site du collège, on a trouvé de nombreux objets gallo-romains, funéraires et culinaires, témoignant de la présence d’une voie et d’une vie antiques.  L’occasion pour les collégiens de créer avec l’INRAP un club d’archéologie très actif.

Quelques chiffres : 24 millions d’euros, 4260 m2 de bâti, élaboration d’une voirie adaptée avec parkings et pôle bus, pour une capacité d’accueil de 500 à 600 élèves. La refonte de la carte scolaire va permettre aux élèves de Suze et des villages alentour de profiter de ce prestigieux outil d’éducation, qui leur promet un bel avenir.



dimanche 5 octobre 2025

Les Rencontres de la photo à Chabeuil

Du 11 au 14 septembre, Chabeuil a pris une allure festivalière. C’était la 24e édition de cette manifestation qui anime toute la ville. Les photos étant exposées dans 6 lieux différents, avec un fléchage efficace, ce jeu de piste amusant permettait aussi de découvrir le centre médiéval joliment restauré.

Cette année, Hans Silvester était l’invité d’honneur. Un voyageur infatigable, célébré internationalement, qui montre la beauté de la nature et des hommes, tout en analysant les menaces qui pèsent sur les ressources naturelles de la planète. Né en Allemagne en 1938, installé en Provence depuis 1962, c’est un reportage sur la Camargue, des photos de chevaux en noir et blanc accompagnées par des textes de Jean Giono, qui a marqué pour lui le commencement du succès. Lauréat de nombreux prix, Hans Silvester collabore depuis toujours avec le magazine Géo.  Ses photos ethniques du Pérou, du Japon, du Mexique, d’Inde ou d’Afrique, sont exceptionnelles de beauté et véhiculent l’histoire des peuples.

D’autres photographes méritaient le détour, par l’originalité de leur technique ou de leurs sujets. Ainsi Elisabeth Schneider utilise la photosynthèse, Sophie Benoit saisit de façon décalée les poses d’un couple de danseuses, Sarah Desteuque documente l’engagement humain vis-à-vis de l’animal… De la recherche, un traitement technique différencié, la qualité des tirages et beaucoup de talent aussi, dans le regard des clubs photos dont celui des élèves du collège Seignobos.

Les Rencontres de la photo sont organisées par l’association Clic’Image, ses bénévoles et la municipalité de Chabeuil. En plus de permettre les échanges entre les 20 photographes lauréats et le public, des stages, des lectures d’images, une conférence de Hans Silvester étaient prévus. Ainsi qu’un festival Off et une exposition collective aux Serres Gaillard, route de Valence. Des milliers de visiteurs fidèles sont venus au rendez-vous de cet événement culturel majeur de la Drôme.

Article publié dans le JTT du jeudi 9 octobre 2025.

vendredi 26 septembre 2025

Deux remarquables expositions au Musée de Valence

Depuis ce printemps, le musée de Valence invite à découvrir deux prêts exceptionnels qui viennent renouveler et enrichir son parcours artistique.

Tout d’abord, une salle entièrement consacrée à l’album Jazz de Henri Matisse : 20 feuillets, une explosion de couleurs et de formes, réalisés entre 1943 et 1947. Qui correspond à un changement radical dans le travail de l’artiste : la technique des papiers découpés. Matisse (1869-1954) est alors un vieux monsieur, hospitalisé, alité, il ne peut plus peindre ou pratiquer des techniques qui demandent des diluants. Il décide alors de découper des formes dans des papiers colorés et les coller. Il taille donc directement dans la couleur, sans dessin préalable. Le livre d’artiste associé a pour thème principal le monde du cirque. Un exemplaire de Jazz a été offert au musée de Valence par l’artiste, il est habituellement conservé dans les réserves de la Médiathèque. Courez l’admirer jusqu’au 5 octobre !

Le deuxième ensemble à visiter est la collection prêtée par le Musée d’Orsay : 22 œuvres, de Chardin à Giacometti, en passant par Picasso, Klee, Léger... Dans cet ensemble de chefs-d’œuvre dispersés à travers le musée, mention spéciale pour la salle consacrée à Giacometti (1901-1966). C’est après la guerre que s'affirme le style de Giacometti, caractérisé par des sculptures filiformes, à l'anatomie peu claire, mais avec des proportions exactes et dont seulement les têtes et les visages ont un regard saisissant. A apprécier jusqu’au 30 novembre.

Rénové superbement depuis 12 ans, le musée de Valence multiplie les animations, avec des visites et ateliers pour adultes, pour enfants, par thème. Entrée gratuite pour les journées du patrimoine, les 20 et 21 septembre, ainsi que tous les premiers dimanches du mois. L’occasion de monter ensuite jusqu’au belvédère, au 5ème étage, d’où la vue sur le Vercors d’un côté et l’Ardèche de l’autre, est elle aussi exceptionnelle.

Article publié dans le JTT du jeudi 25 septembre 2025.

mercredi 24 septembre 2025

Chronique littéraire : Le grand secours de Thomas B. Reverdy

Une fresque sociale, qui démarre dans un lycée de banlieue pour se développer dans la rue, avec les inévitables débordements de violence d’une cité ghettoïsée, Bondy.

 L’intrigue suit le déroulement d’une journée dans un lycée qui, malgré les apparences, fonctionne correctement. L’équipe pédagogique tente de transmettre des connaissances à des ados plus ou moins motivés. Ainsi Candice, une prof de théâtre atypique a fait venir un écrivain, Paul, pour animer un atelier d'écriture en classe de seconde. Mohammed, bon élève, y participe volontiers. S’il écrit, c’est pour éveiller l’attention de Sara qui l'ignore. Mahdi, tête brûlée, préfère rater les cours et se fait tabasser dans une bagarre de rue. C’est un flic raciste qui a provoqué la bagarre. Alors tout s’embrase, une émeute se forme et se développe dans tout le quartier, sans épargner le lycée. 

Un récit réaliste, pertinent, pessimiste mais pas dépourvu d'espoir. Les différents protagonistes voient leurs certitudes éclater. Thomas B. Reverdy connaît bien son sujet, il est lui-même prof en banlieue et la description des lieux, des scènes, sent le vécu. Né en 1974, ce romancier français est souvent venu présenter ses livres à la librairie tournonnaise Au détour des mots.

Son roman est disponible en poche chez J'ai Lu.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 25 septembre 2025.

jeudi 18 septembre 2025

Baker's street, la nouvelle boulangerie ... so french


!Changement de style et de propriétaires pour l’ancienne pâtisserie Saint-Sorny du quai Farconnet à Tournon. C’est maintenant Cléo et Emmanuel Janin qui en prennent les commandes. Un duo pas ordinaire puisqu’ils sont père et fille. Une vocation héréditaire ? Pas du tout ! C’est Cléo qui a entraîné son père dans l’aventure.

Cléo est une fille déterminée. Après un bac général avec mention, au lycée Gabriel Faure, elle a opté pour le métier de ses rêves : la pâtisserie. Elle a donc suivi au CFA de Davézieux les formations en pâtisserie, boulangerie, chocolaterie, en alternance avec des stages chez divers maîtres d’apprentissage de Tain-Tournon. Et le hasard a joué. Alors qu’elle travaillait chez Gilles Saint-Sorny, un apprenti a démissionné, impossible de le remplacer. Gilles a alors demandé à Cléo : Ton père pourrait venir nous aider ? Emmanuel, curieux de connaître la passion de sa fille, a accepté d’essayer : à la quarantaine, il était en reconversion professionnelle. Ce stage improvisé l’a séduit, et il a décidé à son tour de se former à la boulangerie au CFA de Chabeuil.  Tous deux ont suivi des formations distinctes, et bientôt un projet commun a germé : ouvrir leur propre boulangerie-pâtisserie. C’est chose faite, puisqu’ils ont racheté et rénové la boutique Saint-Sorny du quai.

Baker’s street, ça vous fait penser à qui ? A Sherlock Holmes, bien sûr, dont c’est l’adresse à Londres. Cléo, amateur de polars et anglophile (son dernier stage s’est effectué à Dublin), a donc choisi ce clin d’œil pour son enseigne de boulangerie-pâtisserie-salon de thé-glaces. Avec la mention « artisans de fille en père ». Tout sera home made, et devant le public, puisque le labo est ouvert sur le magasin.

Vous pourrez donc voir Cléo et son père, au four et au pétrin, tous les jours sauf mercredi de 7h à 19h. Et pour vous servir en boutique et aux glaces, les souriantes Ambre et Cindy vous attendent.

Baker’s street à Tournon, c’est the place to be.



Article publié dans le JTT du jeudi 18 septembre 2025.

vendredi 12 septembre 2025

Fany Morand, un regard malicieux et décalé sur la nature

Fany vit dans la campagne drômoise, et ses promenades au long de l’Herbasse, des étangs, des prairies et des forêts sont autant d’occasions de photographier la flore locale et les animaux qui la peuplent. Lucanes, grenouilles, troglodytes mignons, musaraignes, rien n’échappe à son œil aiguisé d’artiste. Pour elle qui est pratiquement née un crayon à la main, c’est une source infinie d’inspiration.

De retour à son atelier, elle invente à partir de ses clichés une composition sur son carnet. Et quand elle en est satisfaite, la reproduit à l’encre de Chine sur une feuille de dessin, avant de la scanner et mettre en couleurs grâce à sa palette numérique. Ah, la palette numérique ! Il faut entendre Fany chanter ses louanges ! C’est après la naissance de ses enfants qu’elle a découvert ce merveilleux outil qui lui a permis de continuer à peindre. Car s’adonner à la peinture en présence d’un tout petit signifie profiter de ses rares heures de sieste. Et donc installer sa table de travail, sortir les affaires de peinture, peindre, s’arrêter parfois en pleine inspiration, laver pinceaux-bocaux-palette, ranger et ne rien laisser à hauteur de petites mains agrippeuses, le tout en moins de deux heures… Pour elle le numérique a été un cadeau magique : elle pouvait travailler sur son ordi, et quand la sieste se terminait, tout ranger en un clic !

Fany conjugue ses talents artistiques, son humour décalé, avec un imaginaire fécond, nourri d’expériences éclectiques, des Beaux-Arts à la paléontologie, de l’Histoire à l’archéologie, de l’astronomie au cinéma. Etudiante, elle a même fouillé la région d’Aix-en-Provence à la recherche d’œufs de dinosaures pour le musée de Quinson ! Après des collaborations avec le musée du Havre pendant ses années en Normandie, elle s’est installée dans la Drôme pour diriger la ludothèque de Saint-Donat, donnant libre cours à sa créativité pour inventer jeux, scénarii et décors.

Désormais elle se consacre exclusivement à l’illustration, qu’elle soit traditionnelle, au crayon, à la plume, à la peinture acrylique ou aquarelle, ou qu’elle soit numérique, infographie, multimédia, création d’affiches, illustrations de jeux de rôles… Son style à la fois naturaliste et fantastique, un réel où s’intègre un surnaturel malicieux, surgi de ses influences, a convaincu les responsables culturels. Après des expositions cet été à Lalouvesc, Tournon, Saint-Antoine l’Abbaye, elle sera au Palais delphinal de Saint-Donat du 2 au 14 septembre. Et à Saint-Christophe-et-le-Laris pour le week-end du patrimoine les 20-21 septembre.

Un succès bien mérité pour ses « observations surnaturalistes » qui mêlent sciences naturelles et imaginaire, et questionnent notre rationalité. 

Pour tout savoir sur ses réalisations numériques, voir son site : fanymorand.fr

Article publié dans le JTT du jeudi 11 septembre 2025.

samedi 6 septembre 2025

L’expo de l’été au musée de la Chaussure de Romans : "L’invitation de Toros à Beyssac"

Cet été, le musée de la Chaussure de Romans-sur-Isère accueille dans sa chapelle les créations du sculpteur Toros Rast-Klan et du marqueteur d’art Pierre-Henri Beyssac. Une rencontre entre deux savoir-faire d’exception : la dinanderie et la marqueterie.

Quand Marie Toros découvre le travail de marqueterie de Pierre Henri Beyssac, elle perçoit des connexions avec l’oeuvre de son mari, le sculpteur Toros. Tous deux créent à partir d’une feuille, de métal pour l’un, de bois pour l’autre. Mais, là où Toros martèle ses feuilles de métal pour leur donner corps en volume, Pierre-Henri Beyssac découpe, assemble et compose à plat ses placages de bois. Là où Toros travaille ses surfaces pour obtenir des patines singulières, Pierre-Henri Beyssac chine et collecte des essences de bois colorés, veinés ou texturés.

C’est une anecdote plus ancienne encore qui a fortifié le lien : Quand Toros, Syrien d’origine arménienne, a émigré en France, il avait dans ses bagages une table en marqueterie, artisanat emblématique de son pays. Cette table, il a dû à grand regret s’en défaire pour se procurer du métal. Marie s’est remémoré cette histoire quand elle a rencontré Pierre-Henri au salon des métiers d’art de Romans. Meilleur ouvrier de France, installé dans le Vercors, il mêle dans ses œuvres les essences de bois des forêts locales à d’autres essences orientales, ébène, amboine, eucalyptus… pour en faire des tableaux abstraits. Une universalité dans la démarche, un affranchissement des préceptes, le choix de l’épure, le jeu de textures et de lumière, tout relie l’œuvre de Beyssac à celle de Toros.

L’exposition « L’invitation. De Toros à Pierre-Henri Beyssac » est visible au cœur de la chapelle du musée de la Chaussure jusqu’ au 21 septembre.

Article publié dans le JTT du jeudi 28 Août.