jeudi 26 décembre 2024

Il était une soie en Ardèche

Le département de l’Ardèche, connu pour ses paysages naturels, s’est démarqué dans l’histoire industrielle par ses soies, dont il a assuré la moitié de la production française au XIXe siècle. En 1909, 590 moulinages employaient 13 000 ouvriers, soit 45% de l’effectif national relatif à cette industrie.

La culture des vers à soie se faisait dans les magnaneries ou dans des greniers aménagés chez les habitants, une façon d’augmenter leurs ressources. Vers 1850, apogée de la sériciculture, l’Ardèche produisait jusqu’à 5 500 tonnes de cocons chaque année.

Dans les filatures, on dévidait les cocons, formant des écheveaux de soie grège ou flottes, qui arrivaient ensuite dans les moulinages pour y subir une succession de mouvements de torsions destinés à consolider le fil.  Cela permettait la fabrication ultérieure de différents types de tissus dans les tissages locaux et à Lyon, où la soie se négociait sur les marchés.

Le moulinage s’est développé en Ardèche à partir du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle. Les moulinages étaient nombreux en Vivarais (en moyenne un par commune, mais parfois plusieurs), et l’Ardèche comptait alors parmi les régions françaises les plus industrialisées. Avec 2 700 km de rivières abondantes, elle était un territoire idéal pour l’installation de ces usines proches des régions productrices de soie (Ardèche, Drôme, Vaucluse, Languedoc) et la soierie lyonnaise. La main d’oeuvre employée dans cette industrie était essentiellement féminine, celle-ci étant abondante et surtout peu exigeante.

Le travail de la soie a quitté le domaine artisanal pour passer au stade industriel au cours du XIXe siècle avec un pic de prospérité de 1820 à 1855. Mais la pébrine, maladie du ver à soie, anéantit cette prospérité en 1853, décimant les élevages. Afin de ne pas disparaître les moulinages ardéchois commencèrent à travailler des soies importées de Chine et du Bengale. Les années 1920 virent apparaître la concurrence artificielle : la rayonne puis le nylon, qui porta le coup fatal à l’industrie de la soie dans les années 1950.

Au XXIe siècle, il reste quelques moulinages, parfois transformés en musée comme l'écomusée du moulinage à Chirols (07). La visite en est passionnante. Le bâtiment allongé, construit en fond de vallée, au bord de la Fontaulière qui fournissait la force motrice, est éclairé d’étroites fenêtres régulières. Le travail s’effectuait dans une vaste salle voûtée où il fallait maintenir une température de 25°C et une humidité de 85% nécessaires au travail du fil de soie. Au premier étage habitait le moulinier, sa famille ainsi que les bureaux. Les ouvrières, qui venaient de plusieurs kilomètres, ne pouvaient regagner leur village tant les horaires étaient longs, elles avaient leurs dortoirs au grenier.

Quelques moulinages se sont adaptés aux fils artificiels. Le savoir-faire dans le domaine de la soie naturelle permet encore à quelques entreprises ardéchoises de travailler le fil, pour le secteur du luxe ou celui des textiles synthétiques haut de gamme.

Autres sites à visiter dans la Drôme : le Musée de la soie de Taulignan et la Magnanerie de Saillans.

Article publié dans le JTT et la Tribune de Montélimar le jeudi 26 décembre 2024.

jeudi 19 décembre 2024

Exposition d'hiver à Saint-Uze : Noël d’argile, les santons habillés de Provence

Saint-Uze n’est pas seulement synonyme de Revol ! La Maison de la Céramique de Saint-Uze mérite elle aussi la visite. Toute l’histoire de cette industrie en Drôme des Collines, les procédés de fabrication, les décors, les objets du quotidien y sont présentés et valorisés, dont les fameux « Bleus de Saint-Uze ». La céramique est le premier art du feu connu, des débris de cet argile cuit datent de 30 000 ans avant notre ère !

Actuellement, le petit musée de Saint-Uze propose pour la fin d’année une exposition temporaire sur le thème : Noël d’argile, les santons « habillés » de Provence. Un étage est envahi par des dizaines de personnages créés dans deux ateliers d’Aubagne : di Landro, entre 2003 et 2024 et Peirano, entre 1981 et 2000. En dehors des sujets de la Nativité, tous les petits métiers de la tradition provençale sont présentés en saynètes dans un décor de rocaille et d’oliviers, entourés de leurs animaux, poules, moutons, chevaux... Bergers, ramasseuses de lavande, poissonnières, paysans, gitanes, joueurs de boule ou de tambour, marchands de légumes et de fruits, dans des attitudes familières, sont saisissants de réalisme.

Les santons « habillés » ne sont pas entièrement en argile. Seul le buste, les bras et les jambes sont en terre, le reste est en mousse et le tout articulé par du fil de fer. Les étapes de leur fabrication sont détaillées dans une vidéo, des moules, pinceaux et différentes pièces de tissu permettent de comprendre leur élaboration. Car ce sont les vêtements et accessoires qui font le santon.

La qualité de la finition, le souci du détail sont impressionnants. Les couturières utilisent des tissus provençaux et recopient des modèles traditionnels du 19e siècle. Pour habiller un seul personnage féminin, elles superposent culotte, jupon, cotillon, caraco, châle et coiffe, avan décembre t d’ajouter le chapeau et les accessoires, panier, faucille, bouquet, etc... Le savoir-faire des santonniers de Provence est une pratique inscrite à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2021.

La première crèche connue, représentant la Nativité, fut créée dans une église à Marseille, en 1775. Mais après la Révolution française qui a entraîné la fermeture des églises et la suppression de la messe de minuit, de petits personnages, les « santoun » ou « petits saints », ont été créés en Provence pour qu’une crèche de Noël puisse être installée dans l’intimité du foyer. Une tradition que de nombreuses familles observent encore dans le sud de la France.

La boutique du musée propose d’ailleurs à la vente des santons classiques, tout en argile, de la maison Fouque.

Exposition visible du 21 octobre au 3 janvier, du lundi au vendredi de 14 à 18h à la Maison de la Céramique à Saint-Uze. Tél 04 75 03 98 01

Article publié dans la Tribune de Montélimar et le JTT du jeudi 19 décembre 2024.

lundi 16 décembre 2024

Chronique littéraire : L'île haute, de Valentine Goby

Une ode à la montagne, côté Chamonix, à travers les yeux d’un jeune garçon exfiltré en 1943.

Vadim est Parisien, asthmatique et juif. Ses parents, pour le sauver des rafles en 1943, l’envoient sous prétexte médical dans une ferme isolée de la vallée de Vallorcine. Pour le jeune citadin, la montagne est un univers totalement inconnu, qu’il découvre peu à peu au fil des saisons. Du grand cocon blanc de l’hiver aux couleurs éclatantes du printemps, des moissons de l’été aux douceurs automnale, Vadim s’adapte difficilement, mais il est sensible à la beauté de la montagne, à la simplicité des montagnards. Peu à peu il s’y sent bien, se découvre, se sent fort. Son initiation à la vie rejoint celle de son intégration à la montagne.

Valentine Goby a passionné son auditoire lorsqu’elle a présenté son roman à la bibliothèque de Tournon en septembre. Son amour pour la montagne, principal personnage du roman, date de l’enfance. Elle aussi s’est passionnée pour la vallée de Chamonix. Dans son récit, elle a mêlé fiction et réel, comme elle a alterné pendant son écriture les confinements dus au Covid et les séjours à Vallorcine. Un livre lumineux au style poétique, émaillé de références à la faune, la flore, le patois et les traditions locales, qui donne envie de randonner en vallée ou sur les sommets.

« L’île haute » est disponible en poche dans la collection Babel chez Actes Sud.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 12/12/24.

jeudi 12 décembre 2024

Jacques et Chirac, une comédie caustique au théâtre de Tournon

C’est dans une salle comble que trois comédiens ont évoqué avec un humour décapant la vie et la personnalité de Jacques Chirac. Une personnalité complexe et donc un personnage de théâtre extraordinaire, dans une comédie virevoltante très iconoclaste.

A la manière des Guignols, en intercalant jeux de téléréalité et images TV, Marc Pistolesi, Charlotte Zotto et Régis Vlachos ont interprété plusieurs saynètes, brocardant les dossiers noirs de la république, le fric et l’Afrique, les élections et les femmes, les trahisons et les fausses promesses. De quoi rire, mais aussi de découvrir les dessous cachés de la politique des 50 dernières années !

Il faut saluer la performance des comédiens, interprétant dans un rythme effréné plus de vingt personnages, la mère de Chirac, Marcel Dassault, Bernadette et Claude, côté intimes. Et Giscard, Mitterrand, Sarkozy, Pasqua…  ces hommes qui l’ont utilisé, servi, avant de le trahir. Jacques Chirac s’adapte, il se moque de tout, jusqu’au bout, quand il vote Hollande pour embêter Bernadette.

Une comédie tonique, burlesque, le portrait d’un monde politique grinçant, mais sérieusement documenté, en partie d’après le livre « Noir Chirac ». Et une belle ovation du public pour la performance des comédiens.



 Article publié dans le JTT du jeudi 12/12/24.

dimanche 8 décembre 2024

Une cathédrale en chocolat géante pour célébrer Notre-Dame

La maison Valrhona a réalisé une reproduction en chocolat monumentale de Notre-Dame. Cette sculpture en chocolat a été installée au Terminal 1 de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, où elle sera exposée au public du 8 décembre au 15 janvier.

Mesurant 2,20 m de long, 1,50 m de large et 1,40 m de haut, pesant 80 kg, cette réplique de Notre-Dame est un véritable exploit. Conçue en collaboration avec l’architecte Philippe Velu, elle reproduit avec une grande précision les détails complexes de la cathédrale, grâce à la numérisation des plans et aux découpes de chocolat par jet d’eau réalisées par la société Hydroprocess. Les sculptures, comme les gargouilles et la rosace, ont été façonnées à la main par les chefs pâtissiers de l’École Valrhona Thierry Bridron et Baptiste Moreau, témoignant d’un savoir-faire unique.

Ce chef-d'œuvre qui va faire sensation chez les touristes du monde entier a nécessité près de 1500 heures de travail, de la conception au montage. Il a même fallu abaisser la température du Terminal pour en permettre la conservation.

Un hommage à Notre-Dame qui témoigne de l’engagement de la Maison Valrhona à tisser des liens entre gastronomie, art et patrimoine culturel. Et une image de marque qui fera le tour du monde.

jeudi 5 décembre 2024

Un vent d'Italie souffle à Tournon

Les cours d’italien de l’UPVH font voyager dans la tête toute l’année. Mais en novembre, c’est au cinéma Lux de Valence que les participants se déplacent, pour assister au festival du film italien. Cette année était la 12e édition de Festività : Tutti al cinema !  Les films présentés en VO, mais sous-titrés, ne sont pas encore distribués en France. C’est l’occasion de baigner dans la langue italienne et de s’ouvrir à un cinéma innovant.

Une fois par semaine, Elena Felici, Bergamasque de naissance et professeur d’italien à Tournon et Valence, dispense des cours adaptés au niveau de chacun : débutant, confirmé ou conversation. Découvrir avec elle la culture, la société, l’actualité de l’Italie, à travers documents et vidéos, permet de se préparer à de beaux voyages culturels, d’apprécier la Dolce vita, et aussi de partager pizza ou panettone…

On peut encore s’inscrire aux cours qui ont lieu le jeudi à 9h et 10h30, et le mardi à18h30. Pour les modalités, contacter l’UP au 07 71 05 07 72 ou contact@upvh.fr


Article publié dans le JTT du jeudi 5 décembre 2024.