jeudi 21 novembre 2024

Maison et Domaines Les Alexandrins

Une jeune maison mais des vignes centenaires. La Maison, c’est une grande demeure ancienne, en plein centre de Tain, surmontée d’une terrasse où poussent des vignes. On y déguste le vin entre professionnels. Les Domaines, ce sont les parcelles de vignes cultivées au nord de la vallée du Rhône. Dont la maison Michelas- Saint-Jemms, rachetée par les Alexandrins en décembre 2023, et où s’effectuent maintenant les visites et dégustations pour les particuliers.

L’histoire des Alexandrins, c’est une suite de rencontres et de sympathies entre gens de la vigne.  Au départ, Nicolas Jaboulet, ayant quitté la maison mère Paul Jaboulet Aîné quelques années après sa vente, s’est associé en 2009 à la famille Perrin, un grand domaine viticole d’Orange, connue pour ses Châteauneuf-du-Pape (dont le prestigieux Château de Beaucastel). Ensemble, ils ont démarré un négoce haut de gamme sur les crus de Rhône nord sous l’enseigne Maison Nicolas Perrin dont le caveau de vente était situé sur la place du Taurobole.

En 2011, les deux associés achètent un hectare et demi de vignes en Crozes-Hermitage, dont ils confient une partie des travaux agricoles à Ceptentrion’Al, (Al pour Alexandre Caso). Puis en 2015, ils acquièrent le domaine des Alexandrins, propriété d’Alexandre Caso et Guillaume Sorrel, composé d’une dizaine d’hectares en Crozes-Hermitage et Saint-Joseph. C’est alors que Maison Nicolas Perrin est renommée Maison et Domaines Les Alexandrins.  Alexandre Caso et Guillaume Sorrels’associent à ce nouveau projet. Le domaine s’agrandit encore et atteint une trentaine d’hectares de vignes, en Saint-Péray, Condrieu, Côte Rôtie.

Il est temps de s’implanter au cœur de Tain, épicentre du vin, à l’angle de la route de Larnage. La cave, les bureaux, la terrasse et sa vigne sont construits en 2018.C’est le moment que choisit Guillaume Sorrel pour reprendre son propre domaine familial, laissant Benoît Busseuil s’occuper de l’œnologie. Maison et Domaines Les Alexandrins s’organisent autour de deux gammes de vins, La Maison, qui produit des vins issus d’achats de raisin et de parcelles de jeunes vignes, et Le Domaine, avec ses parcellaires.

En 2022, les Alexandrins s’associent au domaine des Léos, à l’Isle-sur-la-Sorgue, propriété de Patrick Bruel (Le nom est un raccourci des prénoms de ses fils, Léon et Oscar), pour développer et commercialiser la production de son vin rosé. Avec le rachat des 38 hectares de la maison Michelas-Saint-Jemms en 2023, dont ses parcelles en Hermitage et Cornas, Les Alexandrins proposent maintenant une gamme complète de vins de la vallée du Rhône nord. Distribués pour moitié en France, en direction des cavistes et restaurateurs, et pour moitié à l’étranger, dans une trentaine de pays.

Parmi les produits phares de la Maison : les Crozes-Hermitage 100% Syrah, dont « les Chaflans » Un vin de pays, le Cabanon, proposé en blanc et rouge. Le rosé Léos, cuvée Augusta, mélange de grenache, bourboulenc et vermentino. Et bien d’autres crus, de la Côte rôtie au Cornas.

Pour les connaître, rendez-vous dans les chais du domaine Michelas-Saint-Jemms, route de Bellevue à Mercurol, pour déguster et acheter. (Ouvert du mardi au vendredi 10H00/12H00 et 14H00/18h00 et samedi sur RDV). Tel Caveau : 0475078670

Article publié dans le supplément Vins et Gastronomie de novembre 2024.

jeudi 14 novembre 2024

La cueillette des noix en Isère

Octobre marque le début de la récolte des noix le long de l’Isère, au pied du Vercors. Le paisible paysage des noyeraies s’anime alors du ballet des machines. Les secoueuses entourent de leurs bras hydrauliques le tronc des noyers pour les secouer délicatement. Les ramasseuses interviennent ensuite, elles aspirent les noix tombées et recrachent les feuilles. Les remorques remplies de noix peuvent alors être apportées dans les fermes des nuciculteurs, où les fruits sont lavés puis séchés dans des séchoirs ventilés.

Au pays de la noix, chaque ferme avait son séchoir. Ceux qui subsistent en Royans et Isère font partie du patrimoine bâti, souvent mis en valeur par leurs propriétaires. Le Grand Séchoir de Vinay en est un exemple réussi. Dans l’ancienne ferme transformée en espace muséographique, on peut découvrir toute l’histoire, les richesses et la culture de la noix de Grenoble, une appellation contrôlée depuis 1938, qui se décline en 3 variétés, mayette, franquette et parisienne.  

C’est après les nombreux épisodes de phylloxéra au XVIIIe siècle que les paysans dauphinois décidèrent de se tourner vers la nuciculture, un fruit à coque moins délicat déjà présent dans les vergers. L’aire géographique de l’AOC noix de Grenoble couvre actuellement 6 000 hectares, sur 259 communes réparties en trois départements : 183 en Isère, 47 dans la Drôme et 29 en Savoie, principalement le long de la vallée de l’Isère. La production annuelle de noix tourne autour des 13 000 tonnes pour plus d’un millier d’exploitants.

Outre la consommation des fruits eux-mêmes, les noix se déclinent en de nombreux produits dérivés : vin de noix, huile de noix, gourmandises aux noix, brou de noix. Rien ne se perd : Le bois de noyer est apprécié en ébénisterie, les feuilles servent en pharmacologie, les coques au compost. Difficile d’énumérer les bienfaits liés à une consommation régulière de noix, oméga 3, magnésium, vitamines… Mais surtout manger des noix fortifie le cerveau, si semblable au cerneau, dont il ne diffère que par une lettre ! Alors n’hésitez pas : cassez la noix !

Le Grand Séchoir De Vinay, musée de la Noix, est ouvert tous les jours sauf lundi.

Tél : 0476 36 36 10.

Article publié dans le JTT du jeudi 21 novembre 2024.

vendredi 8 novembre 2024

Chronique littéraire : Chien 51, de Laurent Gaudé

Laurent Gaudé propose ici une dystopie policière. Une dystopie aux accents réalistes, qui fait peur, tant elle semble possible et proche. Le contexte socio-économique : la Grèce, ayant fait faillite, a été rachetée par la société Gold Tex et transformée en une dictature cynique, hiérarchisée en trois zones.

Le personnage principal, Zem, a connu la Grèce d’antan, il a participé aux révoltes contre Gold Tex, et il est maintenant relégué dans la zone 3, la plus sordide, celle des bidonvilles et des pluies acides. Il est ce qu’on appelle un « chien », un policier de base dans un bourbier de violence. Quand on découvre un cadavre éventré dans sa zone, il est obligé de collaborer avec Salia, une inspectrice de la zone 2, la zone intermédiaire, protégée des pluies par un dôme de verre. Salia le méprise, mais l’enquête, qui les amène à suspecter un personnage important de la zone 1, la zone hyperprotégée, les conduit peu à peu à s’apprécier. Les hautes sphères sont intouchables, si on s’y attaque on en paie le prix.

Tout ce monde nous est déjà familier, ultralibéralisme, société à plusieurs vitesses, contrôles policiers par des drones, dérèglement climatique … L’intelligence, l’empathie ne peuvent rien contre cet univers connecté où la seule échappatoire réside dans les paradis artificiels, qui permettent de retrouver la Grèce éternelle, celle de Delphes et Athènes.

Laurent Gaudé, né en 1972 à Paris, est un écrivain qui a été récompensé par de nombreux prix, dont le Goncourt en 2004. Auteur de romans, nouvelles, pièces de théâtre, poésie, il change ici complètement de registre pour nous faire réfléchir à l’avenir. Un avenir que nous prépare Elon Musk !

Chien 51 est disponible en poche chez Babel (Actes Sud).

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 21 novembre 2024.

vendredi 1 novembre 2024

The Art of the Brick à Lyon

L’art des briques, c’est celui qui consiste à réaliser en Lego des sculptures classiques ou imaginaires. Dans le cadre somptueux du Grand Hôtel-Dieu de Lyon, l’exposition de ces œuvres émerveille les foules, comme elle l’a déjà fait pour 10 millions de visiteurs à travers le monde.

L’artiste Nathan Sawaya est né en 1972 aux USA. Après des études de droit, et un travail dans une société juridique, il se fait embaucher en 2004 par The Lego Group. Six mois après, il démissionne, il a trouvé sa vocation : reproduire en Lego des œuvres d’art, personnages ou emblèmes mondialement connus, avec des milliers de briques à chaque fois. Sa première exposition est prête en 2009. Depuis il expose à travers le monde ses œuvres en diversifiant les thèmes.

A Lyon, avec plus de 1 million de briques LEGO, l’artiste a réalisé pas moins de 70 œuvres qui passionnent les enfants comme les adultes. On peut admirer des reproductions à l’échelle de sculptures classiques, David de Michel-Ange, Victoire de Samothrace, des copies de tableaux célèbres, la Joconde, Lascaux. Mais aussi des innovations, quand l’artiste fait sortir des personnages en relief des tableaux, comme dans Le Baiser de Klimt. Ou d’étranges créatures surréalistes. Sans oublier le Tyrannosaurus Rex de 6 mètres

L’exposition propose aussi une zone de jeu et de construction destinée aux visiteurs qui veulent laisser libre cours à leur créativité. Bref, une exposition qui casse les briques !

Exposition visible à Lyon du 12/09 au 30/11/2024 de 10h à 20h, sauf mardi.

Réservation obligatoire par internet : https://theartofthebrickexpo.com/lyon/

Article publié dans le JTT du jeudi 31 octobre 2024.

jeudi 24 octobre 2024

De la politique à la littérature: Mireille Clapot et le Liban

Mireille Clapot, députée de la Drôme de 2017 à mai 2024, n’a pas simplement adhéré à l’étiquette En Marche, c’est une vraie marcheuse au sens premier du terme. Après avoir fréquenté les chemins de nombreux pays, elle a randonné à l’été 2022 à travers le Liban. Et comme l’écriture est une de ses passions, elle en a tiré la substance d’un nouveau roman : « Le dompteur du Loup-sentier au Liban », où elle trace un portrait réaliste de ce pays, à travers les aventures d’un groupe de jeunes randonneurs.

Le Liban vit actuellement une tragédie meurtrière, comme il en a connu tant d’autres au fil de son histoire. Les 18 communautés qui le composent n’arrivent pas à s’entendre, chacune se bat pour conserver ses privilèges. L’état est inexistant, les hommes politiques corrompus. A défaut d’électricité il faut acheter des générateurs. A défaut d’eau potable, il faut acheter des bouteilles. La crise économique a fait exploser le chômage, le clivage entre riches et pauvres est énorme, la vie quotidienne extrêmement difficile pour ceux qui n’ont pas d’argent. Pourtant les Libanais aiment profondément leur pays.  « Si vous avez compris le Liban, c’est qu’on vous l’a mal expliqué », plaisante Mireille Clapot.

Tout cela constitue le décor du récit, qui est aussi un roman d’aventures, de dépaysement, et d’initiation. Michel, guide de montagne, accompagne une petite troupe de cinq ados en crise dans un trek de deux semaines à travers les montagnes du Liban. L’objectif est d’apprendre à vivre ensemble, malgré des origines différentes. Comment une « princesse » de Beyrouth, une jeune chiite voilée, un réfugié syrien, un musicien homo, et une chrétienne en surpoids vont-ils se confronter, s’apprivoiser, se supporter ? C’est tout l’enjeu du livre. Les embûches du sentier ne les ménagent pas, balisage disparu, saccage de la montagne, méfiance des villageois, fatigue, faim, soif… Les tiraillements internes sont inévitables. Un apprentissage de la tolérance, avec l’espoir que les jeunes générations libanaises arriveront un jour à vivre ensemble.

Mireille Clapot, après deux mandats de députée de la Drôme, a perdu son siège à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale en mai dernier. Mais ses engagements humanitaires, ses actions en faveur de la mobilité douce et de l’accès au numérique sont maintenant relayés par Arche Agglo. C’est l’important.  Pour le reste, si vous comprenez la politique actuelle, c’est qu’on vous l’a mal expliquée !

« Le dompteur du Loup-sentier au Liban » est disponible aux Editions des Impliqués.

Article publié dans le JTT du jeudi 24 octobre 2024.

samedi 19 octobre 2024

La Mofette de Neyrac, une étonnante curiosité géologique

Qu’est-ce qu’une mofette ? c’est une fissure d'origine volcanique d’où émanent certains types de gaz, souvent toxiques, principalement du dioxyde de carbone. Elle s'oppose aux fumerolles par l'absence de soufre. Les exhalations pestilentielles dégagées expliquent son nom, le même que celui de la mofette, animal connu pour sa puanteur.

A Neyrac-les-Bains, petite station thermale du pays des volcans d’Ardèche, se trouve une des trois seules mofettes d’Europe. Soigneusement grillagée, on peut y pénétrer avec un guide, et comprendre sa dangerosité grâce à l’installation réalisée par le plasticien Bruno Nury : une roue entraînée par des vasques d’eau portant des bougies qui s’éteignent dès qu’elles s’approchent du sol. La mofette a d’ailleurs été appelée le chemin de la mort pendant très longtemps. On y trouvait des animaux morts, les habitants y apportaient même en été leurs matelas pour se débarrasser des puces !

Le nom de Neyrac fait référence à la présence d'eau, il provient probablement du nom du dieu gaulois Nérios, divinité personnifiant la source thermale (latinisé en Nerius). Les thermes furent créés dès l'Antiquité. En 121 av. J.-C. les Romains furent les premiers à bénéficier des eaux pour soigner les maladies de peau et les rhumatismes, puis les thermes connurent un nouvel essor au Moyen Âge pour guérir les lépreux. Ensuite, jusqu’à la Révolution, Neyrac n’est plus visité que pour sa mofette de gaz carbonique et les visiteurs se contentent simplement de boire son eau.

Le déclin se poursuit jusqu’en 1983, quand la municipalité de Meyras décide de réhabiliter la station thermale. Le limon thermal de la station, d'origine volcanique, d'une teinte ocre rouille, associé à une argile très pure devient le fleuron du traitement thermal. Neyrac est en effet dominé par le volcan du Souilhol, et construit sur le site comblé du Maar Doris, son cratère d'explosion. Ce type de maar se crée lorsqu'un magma (lave) très chaud 1200 C° rencontre l'eau contenue dans le sous-sol à plusieurs centaines de mètres de profondeur.

De nos jours, les nombreux curistes qui profitent du limon thermal à Neyrac ne savent guère qu’ils passent sur un volcan endormi (et pas éteint !). Pourtant la Mofette est là pour le rappeler. Et même les baigneurs, au niveau de l’Office de tourisme, peuvent observer le phénomène dans l’Ardèche où quelques remontées de gaz carbonique sous forme de bulles éclatent à la surface de l’eau.

« On a vu souvent
Rejaillir le feu
De l'ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux. » chantait Jacques Brel…


Article publié dans la Tribune de Montélimar le jeudi 31 octobre 2024.

vendredi 11 octobre 2024

Chronique littéraire : Humus, de Gaspard Koenig

Un roman innovant, dont le principal sujet est le ver de terre, ses bienfaits, son utilisation. Il y a quand même deux protagonistes humains, Arthur et Kevin, qui se rencontrent pendant leurs études d’agronomie. Au départ, tout les oppose, leur milieu, leurs idées, mais tous deux se passionnent pour l’enrichissement que les vers de terre peuvent apporter aux sols appauvris par les produits chimiques. Ils deviennent d'inséparables complices.

Après avoir obtenu leur diplôme d’ingénieur agro, ils se tournent vers deux voies opposées. Arthur, le fils de bourgeois, reprend la ferme abandonnée de son grand-père pour y vivre de permaculture. Et Kevin, fils d’ouvriers, se lance dans une entreprise de vermicompostage. Chacun doit surmonter de nombreuses difficultés pour réaliser son projet. Le temps passant, ils se radicalisent dans deux postures opposées, le traditionnel contre l’industriel. Leurs projets, leur amitié y survivront-ils ?

A travers ces deux itinéraires, Gaspard Koenig décrit une société agricole perdue entre deux excès. Il nous introduit dans les coulisses des milieux politico-mondains des décideurs ou dans celui des militants écolo-anarchistes. Tout peut changer, basculer, sauf l’obstination des vers de terre continuant à enrichir la terre de leurs déjections.

Gaspard Koenig, philosophe, essayiste, romancier, connaît ces milieux et s’amuse à les caricaturer tout en partageant une solide documentation avec le lecteur. Né à Neuilly en 1982, il a déjà été prof, plume de Christine Lagarde, acteur, il a aussi fondé un parti politique. Un homme qui ne manque pas d’idées neuves et en fournit la preuve dans ce roman subversif.

Humus est disponible en poche chez J’ai Lu.

hronique publiée dans le JTT du jeudi 24 octobre 2024.

jeudi 3 octobre 2024

Soirée olympique au Détour des Mots

Jeudi 26 septembre, l’équipe de la librairie tournonnaise proposait une lecture théâtralisée du livre « les Olympes », réalisé sous la direction de Carole Trébor. Un ouvrage qui présente huit portraits de femmes fortes, d’athlètes qui ont lutté pour pouvoir pratiquer leur sport au même titre que les hommes. En natation, judo, tennis, marathon, football… ces femmes ont osé affronter les tabous de leur époque. Carole Trébor a voulu leur rendre hommage en cette année olympique.

Les deux comédiennes de la troupe Carrelage Collectif, Juliette de Ribaucourt et Sarah Bretin, ont mis en scène deux de ces destins, Gertrude Ederle et Rena Kanokogi, avec une gouaille réjouissante, alternant stricte lecture et pitreries judicieuses. Le public ravi par la prestation originale et loufoque a applaudi chaleureusement.

Après un échange avec Carole Trébor et Jo Witeck, deux des autrices des portraits, une séance de dédicaces a clôturé cette soirée jubilatoire consacrée aux « guerrières » qui ont ouvert la voie du sport aux autres femmes.

Le livre « Les Olympes » est édité chez Albin Michel et disponible en librairie au prix de 15.90€.

Article publié dans le Jtt du jeudi 3 octobre.

mardi 1 octobre 2024

Bravo aux Amis du patrimoine larnaggio

Les journées du patrimoine ont connu un grand succès à Larnage. Dès 15h samedi 21 et dimanche 22 septembre, une petite foule attendait devant la mairie, pour suivre une randonnée exceptionnelle, sous la conduite d’un bénévole, Yves.

D’abord direction le château médiéval de Larnage, admirablement situé au milieu des vignes de Crozes-Hermitage. Edifié au 12e siècle, sur un socle granitique, rénové au 16e siècle, il fut en partie détruit lors des guerres de religion, puis abandonné et pillé. Sa situation dominante même a été occultée par des collines de résidus des carrières. Mais ses deux tours reliées par d’imposantes murailles en imposent encore. Et le cadre est exceptionnel !

C’est surtout l’histoire des carrières des Terres Blanches qui motivait le public. Ces carrières de kaolin ont été exploitées depuis l’époque romaine, d’abord pour produire des tuiles et des briques. La présence de nombreux potiers a aussi été attestée par la découverte de multiples tessons au Moyen-âge. Puis des usines de produits réfractaires se sont installées au 19e siècle. Actuellement l’entreprise Panyol de Tain en est toujours exploitante.

Depuis le début de l’année 2021, les adhérents de l’association des Amis du patrimoine Larnaggio, ont entrepris d’aménager et mettre en valeur le site des anciens bassins de délavage et de séchage des carrières de kaolin. Il a fallu débroussailler, retirer des volumes de terre, reconstruire les entrepôts, collecter des objets et documents. Grâce à quoi, Patrick a pu expliquer in situ le travail d’exploitation du kaolin, qui a fait la richesse de Larnage, bien avant les abricots et la vigne !

Merci aux bénévoles du Patrimoine Larnaggio qui ont accompagné les visites lors de ce week-end. Mais surtout bravo à tous les amis de l’association, pour leur investissement régulier, leur travail colossal, qui a permis de mettre en valeur et faire connaître cette histoire industrielle fondatrice du village. Car le nom de la commune, Larnage, provient du latin arenaticum qui signifie « sable ».

Article publié dans le JTT du jeudi 17 octobre.

jeudi 26 septembre 2024

L'Accueil Muzolais en Provence

C’est dans deux bus Palisse que 93 adhérents de l’Accueil Muzolais sont partis lundi 16 septembre pour un séjour rando de 3 jours en Provence. Comme chaque année, plusieurs groupes de niveau étaient prévus, depuis les simples touristes jusqu’aux marcheurs confirmés. L’hébergement était assuré le soir dans un village de vacances de La Londe-les-Maures.

Le parc naturel de la Sainte-Baume est un lieu impressionnant, avec sa profonde forêt de pins, hêtres et chênes, dominée par l’impressionnante falaise blanche, au sommet de laquelle les randonneurs ont pique-niqué au soleil. Côté spirituel, la découverte de la chapelle du Pilon, la grotte et le sanctuaire dédiés à Marie-Madeleine a marqué le premier jour.

La traversée en bateau pour la visite de l’île de Porquerolles était au menu du deuxième jour. Plages bordées de pins, d’arbousiers et de bruyères ou falaises abruptes, à découvrir à pied ou à vélo, selon les goûts de chacun. Un bel orage a précipité tout le monde au port en fin d’après-midi.

Et le troisième jour a été consacré au sentier du littoral, à partir de La Croix-Valmer. Un sentier escarpé entre rochers roses, criques invitant à la baignade, forêt de mimosas et d’eucalyptus. De quoi s’enivrer des paysages et des senteurs méditerranéennes, avant le retour à Saint-Jean-de-Muzols, fatigués et contents. Merci aux organisateurs de ces belles randonnées qui allient sport et tourisme !

Article publié dans le Jtt du jeudi 3 octobre.

mercredi 18 septembre 2024

Les mariniers du Rhône

De tous temps, le Rhône a servi de voie commerciale et de passage malgré son débit irrégulier et tempétueux. Depuis les radeaux de bois et pirogues jusqu’aux péniches actuelles, il a été le lieu de nombreuses innovations techniques pour faciliter la navigation. L’âge d’or de la batellerie se situe entre 1800 et 1900, le transport était alors organisé en convois de barques, commandés par la barque capitane.

Ces trains de bateaux utilisaient la force du courant, à la descente, elles étaient dirigées par les mariniers à l’aide de grandes perches graduées, les harpies. Il fallait alors 10 jours pour aller de Lyon à Beaucaire, et 35 pour remonter, halés par des chevaux. Lyon et Beaucaire étaient le siège de grandes foires saisonnières, qui duraient une vingtaine de jours, et permettaient les échanges commerciaux. Les marchandises étaient réparties sur les différentes barques à fond plat, chacune pouvant charger jusqu’à 50 tonnes de matériaux de construction, céréales, tissus, vins, huile…, mais à la descente, il fallait aussi loger les chevaux. Au retour, ce sont eux qui tiraient le train de barques depuis le chemin de halage. Un chemin pas toujours facile, il fallait parfois dételer et utiliser des mules ou des hommes !

Le musée des mariniers et de la batellerie de Serrières retrace l’aventure de ces grands équipages, qu’on ne retrouve sur aucun autre fleuve. Une copie du fameux tableau de Dubuisson, réalisé en 1843, illustre parfaitement la remontée sur le chemin de halage, à la force des chevaux. Le musée présente aussi la vie des habitants du bord du Rhône. Serrières était alors une étape incontournable le long du Rhône, un comptoir où vivaient de nombreuses familles de mariniers, qui se relayaient sur les barques.

Plus tard, vers 1850-1870, la traction par un « toueur » a remplacé les chevaux. C’était un genre de remorqueur qui tractait les barques grâce à un câble installé entre deux points fixes éloignés de 15 km. L'enroulement d'un câble à bord lui permettant de tracter des barges lourdement chargées. Un autre lui succédait plus loin. On peut encore voir à Valence le toueur « Ardèche » construit en 1896, échoué et envasé dans le port de l’Epervière. Puis, avec l’avènement de la machine à vapeur, sont apparus les premiers bateaux et remorqueurs à moteurs à charbon. En 1895, le remorqueur « Pilat » mesurant 60 m de long tirait à lui seul deux barges chargées de 800 à 1000 tonnes de matériel.

Dans le petit musée des mariniers, installé dans l’église Saint-Sornin (14e siècle) on trouve des maquettes de bateaux, des objets de navigation, registres, lanternes, harpies et surtout de belles croix de mariniers. Ces croix protectrices de l’équipage, sculptées en bois par le patron du bateau, étaient dressées en tête des barques. Elles représentaient le cycle de la passion du Christ, auxquelles on ajoutait la représentation de la barque à protéger. Ces croix sont de véritables chefs d’œuvres d’art populaire, témoignant d’une grande finesse dans les détails, les couleurs.

Hélas tous ces objets ne sont guère mis en valeur, entassés, mélangés à d’autres témoignages de la vie traditionnelle locale. Il faudrait imaginer une vraie scénographie uniquement autour du patrimoine marinier pour mieux le faire connaître. Car Serrières est l’endroit idéal pour raconter l’histoire de la batellerie sur le Rhône.

Le musée des Mariniers du Rhône est ouvert du 1er juin jusqu’aux Journées du Patrimoine. Hors saison, s’adresser en mairie. 04.75.33.62.82

 Article publié dans le JTT du jeudi 19 septembre 2024.


dimanche 8 septembre 2024

Le musée Hébert à Grenoble

C’est une maison d’artiste, entourée d’un jardin remarquable, avec vue sur la Chartreuse, qui en plus de son fonds propre, propose des expositions d’art contemporain. Située en périphérie, à La Tronche, la maison est celle du peintre Ernest Hébert (1817-1908), portraitiste renommé, figure de l’académisme, longtemps directeur de la Villa Médicis à Rome.

Mais ce sont deux expositions temporaires originales qui font actuellement venir les curieux. La première, "Monumentales", se découvre dans le jardin, où l’artiste Lilian Bourgeois a posé ses sculptures. Des objets de notre quotidien, bottes, banc, portemanteau, caddie, à échelle XXL qui font paraître l’humain tout petit à côté. Changement d’échelle, changement de statut, provoquent sourires et questions.

La deuxième exposition, "Chic", à l’intérieur du musée est consacrée aux portraits du photographe Denis Rouvre, clin d’œil aux portraits de notables peints cent cinquante ans plus tôt par Ernest Hébert. Les clichés réalisés par Denis Rouvre mettent en valeur la communauté Emmaüs. Des vêtements de seconde main, arrangés avec talent, portés par des modèles SDF coiffés et maquillés, donnent une incroyable prestance aux gens de la rue ... Le résultat est bluffant et interroge sur le pouvoir subversif du vêtement, de l’apparence.

Au musée Hébert, une autre artiste plus discrète, l’épouse d’Ernest, Gabrielle (1853-1934), s’est, elle aussi, exprimée à travers la photographie. Ses clichés de la vie quotidienne en Italie, ses cadrages esthétiques, sa technique, témoignent d’une grande maîtrise. C’est aussi Gabrielle qui a créé le musée après le décès de son époux, rénovant les pièces et le jardin selon leur goût commun pour l’Italie. A elle aussi on doit rendre hommage.

Le musée Hébert est une pépite à découvrir, et il est gratuit ! De nombreuses activités sont prévues lors du week-end du patrimoine, les 21-22 septembre.

Musée Hébert
38700 La Tronche 04 76 42 97 35

Article publié dans le JTT du jeudi 12 septembre 2024.

dimanche 1 septembre 2024

Chronique littéraire : L'heure des femmes, de Adèle Bréau

Adèle Bréau est la petite-fille de Ménie Grégoire. En mêlant fiction, souvenirs et biographie, elle retrace la vie exceptionnelle de cette pionnière qui a libéré la parole des femmes, dans les années 70, et rappelle l’influence de ses émissions à la radio. En tricotant la vie de Ménie avec celle de quelques-unes de ses fidèles auditrices, elle nous plonge dans la société corsetée de l’époque.

La très populaire station de radio RTL ayant décidé de renouveler ses programmes, elle engage Ménie Grégoire en 1967 pour animer une émission destinée au public féminin. Ménie, à 50 ans, n’entend cependant pas se laisser dicter ses choix, elle sait de quoi les auditrices ont besoin : De parler d’éducation des enfants, de vie conjugale, de violences, de problèmes sexuels même, un sujet tabou à l’époque. Et c’est un succès absolu. Des millions de femmes écoutent son émission chaque jour, lui écrivent, interviennent à l’antenne. D’autres harcèlent Ménie, l’insultent comme une femme de mauvaise vie, parce qu’elle ose aborder tous les sujets sans honte.

Ménie Grégoire a connu une autre vie avant l’antenne de RTL. Elle est née et a vécu toute sa vie dans la haute bourgeoise, a fait un grand mariage et trois filles. Puis s’est autorisée à écrire quelques articles sur l’émancipation des femmes, leur travail et la contraception. Ce sont eux qui l’ont fait remarquer du directeur de RTL. C’est ainsi que commence l’émission « Allô Ménie », qui sera diffusée tous les après-midis jusqu’en 1982. Une véritable bouffée d’oxygène pour les femmes qui n’avaient alors aucun droit, et surtout pas celui de s’exprimer.

Ménie a fait évoluer la société, en étant à l’origine de tous les combats féministes. Son influence a bouleversé les rapports entre hommes et femmes. Mais pour les femmes, rien n’est jamais acquis, il faut s’en souvenir encore aujourd’hui.

Adèle Bréau est née en 1978. Blogueuse, journalise, romancière, elle est depuis 2014 la directrice du site internet Terrafemina, la référence actu des femmes. Son roman est disponible au Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 29 août 2024.

mardi 27 août 2024

L'Université populaire partage savoirs et savoir-faire

Depuis sa création en 2011, l’Université Populaire Vivarais-Hermitage n’a cessé d’agrandir son offre culturelle en direction de tous les publics.

A côté de la vingtaine de conférences proposées sur des sujets fondamentaux comme la laïcité, le racisme, le handicap ou actuels comme le mouvement hip-hop ou l’Intelligence artificielle, elle propose des visites d’entreprises locales (élevage en basse-cour, fours Panyol, fabrique de pâtes bio, de kaolin…). Mais ce sont surtout ses ateliers (modules) en plusieurs séances qui sont appréciés, ils permettent de se familiariser avec des pratiques concrètes, comme le tournage sur bois, la cuisine, la taille des rosiers ou la réparation de vélos… Et aussi de s’initier à l’aquarelle, l’informatique, le code de la route. Mention spéciale pour les cours de langue, anglais, italien, espagnol, qui rassemblent chaque semaine des amateurs de voyage. Quant au nouveau module « histoires de vie », il collecte les expériences de personnes venues d’autres pays. Un module exceptionnellement gratuit et ouvert à tous, sans inscription.

Robert Gsell fut le premier président de l’UPVH. Ancien directeur de Maison Familiale et Rurale, il a su convaincre à la fois les milieux enseignant et agricole de l’importance d’ouvrir un lieu où se dispensent toutes sortes de connaissances, qui soit convivial et favorise le lien social, si rare dans notre société. S’appuyant sur le modèle d’autres universités populaires, il a présenté dès la première année un programme alliant les arts, les sciences, le patrimoine et les langues, la vie quotidienne et la santé, les nouvelles technologies et la citoyenneté. Une ligne de conduite toujours suivie aujourd’hui.

Environ 450 adhérents et une cinquantaine de bénévoles font aujourd’hui vivre cette association qui s’autofinance presque entièrement grâce aux cotisations (10€) et aux entrées aux conférences (3€ ou 6€). Il faut être adhérent pour participer aux modules, mais ce n’est pas nécessaire pour assister aux conférences. Le but de l’association est de rendre toutes les formes de cultures accessibles à tous. Alors n’hésitez pas, ne restez pas « down », soyez « up » !

Le programme complet sera accessible dès le 1 août dans sa version papier ou en consultant le site internet upvh.fr. Inscriptions en ligne, par téléphone au 0771050772 ou à la MMPT de Tournon à partir du 1 septembre.

Article publié dans le JTT du jeudi 22 août.


mardi 20 août 2024

Trois dames parmi mille roses à Grignan

=Grignan est un village botanique, un des plus beaux de France. Son château de pierre blonde est souvent représenté dominant le village dans un océan de lavande. Mais une autre floraison sublime ses ruelles médiévales pendant toute la belle saison : les innombrables rosiers qui partent à l’assaut des vieux murs, des façades, dans une abondance de couleurs, de formes et d’odeurs. C’est l’œuvre de l’association Pierres et Roses anciennes qui, depuis 1991, entretient une collection exceptionnelle de 500 rosiers botaniques, tous naturels ou hybrides créés avant 1914.

Parmi eux, trois rosiers particuliers rendent hommage aux trois dames emblématiques de Grignan.

La rose « Madame de Sévigné » est le symbole de l’association. L’illustre épistolière est la star de Grignan, le festival de la Correspondance l’honore chaque été en juillet depuis 1996, année du tricentenaire de sa mort. Cette année-là, une rose spéciale a été réimplantée en son honneur : Bourbon à grandes fleurs rose vif, très parfumée, sa floraison s’étale de juin à octobre, et rappelle par son éclat celui de la marquise, femme indépendante, volontaire, moqueuse, dont le bel esprit a traversé les siècles.

Françoise de Grignan, la fille de la marquise, fut la principale destinataire des lettres de sa mère. Elle a transformé le château de son mari, comte de Grignan, en un véritable petit Versailles, qui sert maintenant de scène théâtrale lors des Fêtes nocturnes d’été. Réputée pour sa beauté, ses dépenses, son inconstance, le rosier qui lui est dédié est un buisson de type églantine aux couleurs changeantes, variant du jaune au rouge clair.

Quant à Pauline de Simiane, fille de Madame de Grignan, dont le château est aujourd’hui l’Hôtel de ville de Valréas, elle a connu une vie semée d’épreuves.  Mais c’est à elle qu’on doit la première publication des lettres de Madame de Sévigné, sa grand-mère. Une décision qui mérite bien qu’une rose porte son nom. Une rose discrète qui fleurit en bouquets de grandes fleurs aux pétales doubles et à la couleur rose clair. 

Dans les rues de Grignan, les rosiers s’épanouissent, s’entrelacent, embellissant les vieux bâtiments, amplifiant le charme du village. Un charme soigneusement entretenu par les bénévoles de l’association Pierres et Roses anciennes, qui organise aussi des visites commentées, des rencontres, des animations autour de ces fleurs qui toutes ont une histoire. La promenade à Grignan est un enchantement estival.

Article publié dans le Jtt du jeudi 15 août.

jeudi 15 août 2024

L’hôtel de Clérieu, témoin de l’histoire de Romans

A voir la belle façade classique de l’hôtel de Clérieu place aux Herbes, on pourrait croire qu’il n’est pas contemporain de sa voisine la collégiale romane Saint-Barnard. Erreur ! Les multiples remaniements du bâtiment, au fil des siècles et des propriétaires, ne doivent pas faire oublier qu’il a été édifié dès la création de Romans pour s’imposer contre le pouvoir de l’Eglise.

Romans est née aux alentours de l’an mil. Avant, c’était la campagne, dans laquelle l’évêque de Vienne Barnard décida de faire édifier un monastère et sa collégiale pour s’y retirer en 838. La position géographique était optimale, dans un environnement riche en eau, bois, élevages. On pouvait même y traverser l’Isère par un gué à certaines saisons, ce qui facilitait le commerce. L’abbaye devint maitresse du territoire, et peu à peu autour d’elle marchands et artisans s’installèrent. Mais les relations de pouvoir étaient conflictuelles entre les moines et le seigneur local. Celui-ci, pour affirmer sa puissance, fit construire en face de la collégiale Saint-Barnard, une maison-forte imposante. Dominée par une tour romane de 17m de haut, actuellement incluse dans l’actuel l’hôtel de Clérieu, on y battait monnaie.

Malgré de nombreux pillages et guerres, l’abbaye gagna en puissance, les moines furent remplacés par les chanoines, et la ville de Romans se développa autour d’un florissant commerce de laine. En 1049, fut construit le premier pont en pierre sur l’Isère, pour faciliter le trafic et percevoir un péage. D’où la naissance de la ville de Bourg-de-Péage. Pour protéger la ville les chanoines firent alors construire des remparts, dont subsiste la tour Jacquemart édifiée en 1179. Au XIIIe siècle, la ville se développa hors des remparts. Son importance était telle qu’en 1349 c’est par le traité de Romans que fut signé le rattachement du Dauphiné au royaume de France, symbolisé par le mariage de Jeanne de Bourbon avec le dauphin Charles célébré à Tain. A la fin du XIVe siècle, à leur tour mégissiers et tanneurs s’installèrent au bord de la Presle. Un deuxième rempart fut construit pendant la guerre de Cent ans.

Le commerce de la laine et des peaux étant de plus en plus lucratif, les riches marchands de Romans firent construire des hôtels particuliers en style gothique flamboyant. Parmi eux, Romanet Boffin en 1516 conçut le Chemin de croix des Récollets, réplique de celui de Jérusalem alors inaccessible car occupé par les Turcs. Plus tard, les guerres de religion impactèrent fortement Romans, le Carnaval de 1580 fut le prétexte à une tuerie sanglante. Puis peu à peu l’industrie du drap fut remplacée par celle de la soie. De nombreux couvents s’installèrent en ville. La tannerie prit son essor, un âge d’or qui dura jusqu’au XXe siècle.

L’hôtel de Clérieu, place aux Herbes, résume l’histoire de Romans, avec sa tour romane, sa cour gothique, sa belle façade classique reflétant l’opulence du XVIIIe siècle. Son adresse, rue des Trois carreaux, rappelle qu’au Moyen-Age s’y tenaient trois marchés : celui des herbes, le marché traditionnel et celui des poissons au bord de l’Isère. Un bord de l’Isère totalement remodelé, dominé par l’imposante collégiale Saint-Barnard, où il fait bon flâner, côté Romans comme côté Bourg-de-Péage.

Article publié dans le Jtt du jeudi 15 août

mercredi 7 août 2024

L'île d'Elbe, un paradis italien en Méditerranée

L’isola d’Elba est la troisième grande île italienne ; avec environ 220 km2, elle vient loin après la Sicile et la Sardaigne. Mais c’est un petit paradis de nature, au relief très varié, prisé par les amateurs de plages et de randonnées.

Il faut environ une heure de ferry depuis le port de Piombino, sur la côte toscane, pour atteindre sa capitale, Portoferraio. Une jolie ville de 12 000 habitants, qu’on aperçoit de loin, depuis la mer, dominée par une forteresse médiévale. Comme son nom l’indique, la ville a connu la richesse grâce à l’extraction du minerai de fer, et ce dès l’âge étrusque. Cette richesse a valu à l’île d’être envahie successivement par les Romains, les Ostrogoths, les Lombards, les Sarrasins, les Pisans … jusqu’à son annexion par Florence en 1548. C’est alors que le grand-duc Côme de Médicis ordonna la construction de la forteresse. Napolitains puis Français s’en emparèrent ensuite, avant qu’elle redevienne toscane et italienne.


La curiosité du touriste français arrivant sur l’île, c’est le passage de Napoléon. C’est ici qu’il a débarqué le 4 mai 1814. Le traité de Fontainebleau (11 avril 1814) avait érigé l’île en principauté, pour l’offrir à Napoléon, déchu et exilé après sa défaite. Napoléon a surtout profité de son séjour sur l’île pour préparer son retour. Il y resta 300 jours seulement, jusqu’au 26 février 1815.  L’influence de Napoléon a néanmoins été déterminante dans le développement de l’île, il en améliora toute la gestion, construisant des routes, réorganisant l’administration, la vie urbaine, l’extraction de minerai et les cultures. Et le drapeau en témoigne : il est orné de 3 abeilles impériales.

La Palazzina dei Mulini, résidence officielle de Napoléon, domine la ville. Une simple maison bourgeoise classique, jaune aux volets verts, dont l’exiguïté ne permet pas d’accueillir beaucoup de touristes en même temps. La visite est rapide et sommaire, quelques salles d’apparat, le bureau et la bibliothèque de Napoléon, son austère lit de camp, un buste, les appartements de sa sœur Pauline, soit une enfilade de pièces plus ou moins meublées. Le jardin en terrasse est superbe, il offre une vue splendide sur la mer, le port et le phare. Toilettes à l’abandon, pas de boutique, le tout est assez décevant ! Il faut aller à sa résidence de campagne, la Villa San Martino, à quelques kilomètres, parfaitement restaurée par un mécène russe, pour trouver un vrai musée.

Ce qui fait vivre l’île, et ses 32 000 habitants, ce n’est donc pas le tourisme napoléonien, mais les plages de rêve et la nature propice à toutes sortes de randonnées. Longue de 29 km et large de 18 km, avec des côtes découpées et un relief marqué, dominé par le Monte Capanna de 1019 m, l’île d’Elbe présente une grande variété de paysages : forêts de chênes, eucalyptus,  hêtres, châtaigniers, pins, culture en terrasses, vignobles et vergers, mais aussi maquis et criques de galets ou de sable fin nichées au pied de falaises abruptes. Chaque tournant réserve des vues époustouflantes sur la mer, aux eaux transparentes. Le sous-sol de l’île est extrêmement varié, ce qui en fait aussi le paradis des géologues.

Entre Portoferraio, ses rues escarpées, aux maisons colorées où le linge sèche aux fenêtres, Marina di Campo et sa sublime plage de sable, ou le charmant petit port de Porto Azurro, quelques villages aux maisons de pierre parsèment la campagne. Hébergement assuré pour les amateurs de plage ou de plongée. Quant aux randonneurs et cyclistes, partis découvrir la montagne, les petits ermitages cachés ou les anciennes mines, des refuges les accueillent. L’île d’Elbe est un parc naturel enchanteur, un paradis pour ses visiteurs… en majorité Italiens !

Article publié dans le Jtt du jeudi 8 août.