mardi 28 août 2018

Julie Bradley, la dame aux chapeaux

Après avoir exposé ses créations originales dans différents salons d'artisanat et d'art de la région, Julie Bradley a décidé cet été de rencontrer un autre public en présentant ses modèles sur le marché de Tain. Casquettes et chapeaux, bandeaux et foulards, son stand coloré attire les regards de tous les passants le samedi matin. Il faut dire que la qualité et le chic sont au rendez-vous, les couvre-chefs tous différents sont des pièces uniques. Pour l'été, ils sont confectionnés en paille, lin ou coton, dans un patchwork de tissus ethniques, classiques ou vintage.

Julie Bradley est Québécoise, son nom le laisse deviner, mais elle a perdu son accent rocailleux, depuis une vingtaine d'années qu'elle habite à Tain. Venue en France pour étudier dans une école de stylisme, elle s'est spécialisée en chapellerie, a travaillé chez une modiste parisienne avant de s’installer dans la vallée du Rhône. Les chapeaux, les chiffons, sont un monde dans lequel elle a toujours évolué. Dès l'enfance, les chapeaux de sa mère la fascinaient, elle cherchait à les imiter, à fabriquer des accessoires. Aujourd'hui, elle poursuit cette activité créatrice, volontairement maintenue à un niveau artisanal.

Julie répond aussi aux commandes particulières, elle peut assortir un chapeau à une tenue, masquer une perte de cheveux, dompter une coiffure ébouriffée ... Quand la bise sera venue, elle proposera écharpes et bonnets, cagoules et châles. Des cadeaux douillets, chics ou décontractés, pour hommes, femmes et enfants.

Rendez-vous sur le marché de Tain le samedi matin.
Contact :  Julie Bradley, modiste
06 81 39 00 91


Article publié dans le JTT du jeudi 23 août.

jeudi 23 août 2018

La riviera ligure


C’est la région côtière qui prolonge la Côte d’Azur en Italie, depuis San Remo jusqu’à La Spezia. En plus de la simple villégiature, elle offre une riche palette d’activités. Et moins de luxe, une plus grande authenticité que la riviera française.
Bien sûr, on y longe la mer infiniment bleue sur des autoroutes aériennes ponctuées de tunnels, parmi les cyprès, pins parasols, palmiers, lauriers exubérants. Mais la végétation méditerranéenne n’est pas que décorative, elle affirme sa vocation agricole. Ainsi, dans les collines au-dessus d’Imperia, on compte plus de 100 000 oliviers, qui produisent une huile d’olive renommée, à partir des petites olives très parfumées de la variété taggiasca. Le superbe musée Carli permet de connaître le circuit de l’olive, et commercialise ses produits à travers boutique et restaurant.
A l’embouchure des torrents piémontais, on trouve les jardins d’agrumes, citronniers, orangers, mandariniers (qui produisent entre autres le Chinotto, un composant du Campari), les vignes, les serres, abritant toutes sortes de fleurs et légumes, salades, tomates, aubergines. La Ligurie est une terre gastronomique, ses restaurants multiplient des produits frais et bio, parfaitement dans la mouvance du Slow Food.

Finalborgo, Albissola, Alberga, petites villes médiévales, ont gardé tout leur charme, à l’abri des remparts et y ajoutent les plaisirs de la plage. Les ports historiques de Savona et La Spezia ont été rénovés pour attirer le tourisme en plus de leur vocation marchande. Portofino est un bijou qui attire la jet-set, mais c’est surtout Gênes, la capitale, qui mérite le détour. Une ville dont la richesse remonte à sa puissance maritime et financière, du 13ème siècle au 16ème siècle. Dans les étroites ruelles, une suite de merveilleux palais Renaissance, qui ont motivé l’inscription de la ville au Patrimoine de l’Unesco. Le port est l’un des plus grands et des plus actifs de Méditerranée, ce qui est logique pour la ville natale de Christophe Colomb. C’est d’ailleurs à l’occasion du 500ème anniversaire de la découverte de l’Amérique qu’un autre enfant du pays, l’architecte Renzo Piano, a totalement rénové le Porto Antico pour en faire un lieu convivial et festif où il fait bon flâner. Reprenant les éléments emblématiques de la vie portuaire : grues, voiles, haubans, il a créé une zone piétonne articulée entre les anciens entrepôts et ses constructions aériennes au bord de la mer. Promenade, restaurants, boutiques, un immense aquarium, un Musée de la Mer. Et le Bigo, un ascenseur panoramique, permet de s’élever à 40 m au-dessus du port pour bénéficier d’une vue superbe sur Gênes et sa baie.

A quelques encablures de cette vie trépidante, la nature s’affiche : Les Cinque Terre attirent les randonneurs de tous les pays. Cinq villages distants de quelques kilomètres, alignés sur un promontoire rocheux dominant la mer, où l’on vivait jadis de la pêche, des citrons et de la vigne. Ce site naturel, accessible seulement à pied, en train ou par bateau, est lui aussi inscrit au Patrimoine mondial. Beaucoup de visiteurs, subjugués par le décor spectaculaire, empruntent les chemins escarpés entre vignes et maquis, entre ciel et mer, avant de rejoindre les petits ports aux façades colorées pour y déguster la farinata (tarte aux pois chiches), accompagnée d’un caffè ou d’un gelato. La dolce vita, tout près de chez nous…

Article publié dans le JTT du jeudi 16 août.

vendredi 17 août 2018

Gilbert Cochet, un Ardéchois autour du monde


Gilbert Cochet, naturaliste né à Lyon en 1954, vient de publier un nouveau manifeste aux éditions Actes Sud : Ré-ensauvageons la France, en collaboration avec Stéphane Durand.
La vie sauvage, c'est son milieu naturel. Gilbert Cochet vit à Saint-Romain-de-Lerps lorsqu’il ne court pas le monde. Ce naturaliste bien connu dans la région, puisqu'il a enseigné durant des années les Sciences de la Vie et de la Terre au lycée du Sacré-Cœur de Tournon, ne se cantonne pas à arpenter l'Ardèche buissonnière. Il a la chance de parcourir toute la planète, à l'occasion de collaborations multiples, comme avec Jacques Perrin pour son film « Les Saisons », Nicolas Hulot pour « Ushuaia » ou encore pour le magazine « Des Racines et des Ailes ».

Conseiller scientifique pour ces documentaires, il a en charge le respect des espèces filmées, dans leur évolution, leur comportement, leurs lieux de vie. Le plus grand défi, pour le film « Les Saisons » a été non seulement d'approcher le peuple des forêts le plus près possible, bisons et loups, rennes et ours, lynx et chouettes, mais surtout de reconstituer son histoire dans ces territoires européens que nous partageons depuis la dernière ère glaciaire.

Rien n'échappe à la passion du naturaliste, ni la faune, ni la flore, ni la géologie. Gilbert est fidèle au petit garçon qui jouait dans la rivière avec les tritons, les crapauds. Une vocation précoce qui a pu se développer quand il a reçu ses premières jumelles, après l'obtention du brevet. Dès lors, il a suivi la voie naturaliste, d’instituteur initiant ses élèves à l’observation, puis professeur agrégé de SVT, jusqu'au Museum national d'Histoire naturelle à Paris, dont il est attaché et correspondant, spécialiste de malacologie (sciences des mollusques d'eau douce). Ce qui lui vaut entre autres de participer aux commissions d'études ministérielles et européennes. Entre les cours dispensés à la faculté de sciences et à l'ENS de Lyon, à l'université de Suze-la -Rousse ...  et les voyages, des Carpates à la Norvège, de l’Amazonie à l’Indonésie, Gilbert Cochet a contribué à la rédaction de nombreux documents : Le fleuve Rhône, Les gorges et les monts de l’Ardèche, Atlas des oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes

Son dernier livre est un plaidoyer pour une nature sauvage et libre, cosigné avec Stéphane Durand, le scénariste du film « les Saisons ». Mais c'est surtout avec son épouse Béatrice, agrégée de sciences naturelles comme lui et pilote d'hélicoptère de surcroît, que Gilbert fait équipe.  Ensemble ils projettent d'écrire et publier d’autres livres, plus photographiques ceux-là, sur la vie sauvage et la nécessité de sa protection. Si la préservation de la nature en France a largement bénéficié de la loi de 1976, d'autres pays ont besoin d'être sensibilisés. Et pour cela  il faut les initier à la contemplation du milieu naturel.

Gilbert et Béatrice Cochet participent à des projets internationaux : ainsi, l'accueil cet été dans le Diois de chamans venus de Colombie, pour échanger les connaissances sur les plantes. Un compte-rendu sera présenté lors des rencontres Festiwild. Un festival qui mérite le détour, dans le cadre magnifique de l'abbaye Sainte-Croix dans la Drôme. Parrainé par Jacques Perrin, il célèbre l'alliance de l'homme avec la nature sauvage et invite artistes, penseurs, scientifiques, naturalistes à exprimer leurs liens profonds à la Nature.

Festiwild aura lieu à Sainte-Croix le dernier week-end de septembre.
Renseignements : http://festiwild.org/

A lire : Gilbert Cochet et Stéphane Durand : Ré-ensauvageons la France, Actes Sud


Article publié dans le JTT du jeudi 16 aoüt.

samedi 11 août 2018

Les Iles Eoliennes, paradis des amateurs de vulcanologie

Stromboli. Qui n’a pas rêvé de ce bloc de rochers noirs, que la blonde Ingrid Bergman essayait de fuir, dans le film de Rossellini sorti en 1950 ? Eh bien, à Stromboli, la vie n’a guère changé malgré l’afflux des touristes. Une beauté âpre à couper le souffle. Pas de route, juste des sentiers et des bateaux, pour aller d’un lieu à l’autre. Les touristes grimpent en colonnes bien encadrées sur les flancs du volcan, toujours actif, pour assister aux éruptions nocturnes. Puis repartent en bateau, après avoir dévalisé les magasins de souvenirs et les cafés. L’île retrouve alors son calme, sa vie traditionnelle, indifférente à l'éventualité d’une éruption subite.
Stromboli fait partie de l’archipel des Eoliennes, sept îles volcaniques, situées à quelques kilomètres au nord de la Sicile. Le paradis des vulcanologues qui peuvent varier les plaisirs : monter aux sommets, admirer les cratères, la lave en fusion, les émanations de gaz sulfureux, ramasser des éclats d’obsidienne, de pierre ponce, de kaolin. Et dégringoler ensuite parmi les genêts et bougainvillées jusqu’aux petits villages blancs, pour profiter des joies de la mer.

La plus grande des îles, c’est Lipari. Un lieu de vacances idéal, avec sa citadelle, son musée, son joli port. Une petite Italie en miniature, où la vie s’arrête entre les passages des ferrys et hydroglisseurs qui apportent toutes les ressources du continent, marchandises, touristes, travailleurs, jusqu’à l’eau potable. Le matin, les triporteurs s’installent aux carrefours pour vendre du poisson ou des fruits frais. Le soir, touristes et habitants se retrouvent pour la rituelle passeggiata entre la rue piétonne et le port. La dolce vita.
Vulcano est une immense soufrière, l’escalade de son Gran Cratere est facile, si l’on n’est pas sensible aux émanations. Salina est une réserve naturelle, couverte de câpriers et de vignes qui produisent le vin de Malvoisie. Panarea se la joue jet-set, ses fonds sous-marins sont superbes. Les minuscules Alicudi et Filicudi sont des ilots simplement formés d’un cône volcanique sur lequel quelques maisons abritent une dizaine d’habitants.
Depuis Lipari, les bateaux desservent régulièrement toutes les îles, chacune ayant son originalité. Mais partout des sentiers, des falaises, des grottes, des plages de sable noir, galets, ou rochers, permettent de pêcher et chasser crabes, oursins et coquillages. Et de profiter de la baignade. Pour rejoindre l’archipel, il faut d’abord aller en Sicile, puis gagner le port de Milazzo, enfin prendre le bateau. Malgré ce trajet compliqué, en été, les îles sont surbookées. C’est au printemps ou en automne qu’il faut savourer ce petit paradis de mer, de feu et de fleurs, où l’on vit hors du temps. Ciel azur, mer infiniment bleue, rochers noirs, brise garantie, car les îles éoliennes sont le domaine d’Eole, dieu des vents. Les quatre éléments sont réunis pour combler toutes les attentes des visiteurs.

Article publié dans le JTT du jeudi 9 août.

jeudi 2 août 2018

Chronique littéraire : Les huit montagnes, de Paolo Cognetti


Un roman d’amitié entre deux enfants, Pietro, le Milanais solitaire, et Bruno, le gamin d’un hameau d’altitude. Chaque été, ils se retrouvent pour explorer la montagne, au-dessus de Grana, dans le Val d’Aoste. Quelquefois le père de Pietro les emmène en randonnée tout en haut, vers les glaciers, à la limite du vertige.
Un roman d’amour pour la montagne : sentiers escarpés, torrents, alpages, forêts sombres, puis rochers et glaciers étincelants. Le poids des saisons, des traditions, les difficultés et contradictions du monde montagnard comme du monde urbain.
Un roman de formation, avec les parcours divergents de deux personnages épris de liberté, qui vivent une amitié à éclipses sur une quarantaine d’années. 
Un roman de filiation, où la vie se répète, la mort ramène à l’essentiel, les fils comprennent alors le cheminement obscur des pères, acceptent leur empreinte invisible. 
Le résultat est magnifique : un récit fort et sensible, empli de poésie et de nature, avec un ancrage réaliste et contemporain.

Paolo Cognetti, né à Milan en 1978, est un auteur italien prometteur, qui vient d’obtenir pour ce roman le prix Strega, équivalent de notre Goncourt en Italie, ainsi que le prix Médicis étranger chez nous. Il a également écrit « Le garçon sauvage », autre ode à la montagne et la liberté, ses deux passions.
Ses deux romans sont disponibles en Livre de poche et en 10/18.


Chronique publiée dans le JTT du jeudi 26 juillet.