jeudi 25 avril 2024

Pailharès, village médiéval du Haut-Vivarais

Juché sur un éperon rocheux au-dessus de la vallée de la Daronne, le village de Pailharès, à 7 km de Saint-Félicien, est un havre de paix, départ de belles randonnées au milieu d’une nature préservée. L’importance passée de ce village est documentée dès le Xe siècle. C’est à travers l’observation de son patrimoine bâti qu’on peut reconstituer son histoire. Anne Schmitt, directrice de recherches en archéométrie à l’université Lyon 2, et maire de la commune, a brillamment partagé ses connaissances dans une conférence donnée à Tournon mercredi soir par les Amis du musée et du patrimoine.

Si on a retrouvé des traces de vie dès l’âge du bronze, puis sous la domination romaine, c’est à partir du Xe siècle que l’importance de Pailharès est reconnue. La Vicairie de Pailharès s’étendait alors jusqu’à Saint-Jean-de-Muzols tandis que la Seigneurie correspondante, dominée par le château de Rochebloine, s’étendait jusqu’à Nozières. Un vaste territoire, qui devint par suite une enclave du Forez en 1296, lors du mariage de la fille du seigneur local avec le comte Hugues, dauphin du Viennois. Et ce jusqu’à la Révolution.

L’église Sainte-Marie avec ses divers agrandissements et rénovations, ainsi que de nombreux détails sculptés dans les pierres des maisons, illustrent l’histoire de ce village fortifié. Son plan carré était ceinturé par trois tours et par l’église. Anne Schmitt a détaillé, d’après ses recherches, l’évolution et l’organisation des bâtiments, ainsi que celles des hameaux alentour : prieuré, moulins, commanderie, maison forte. Une vie locale riche et active s'y est développée. Au recensement de 1893, Pailharès comptait 1884 habitants, répartis entre le centre habité par les artisans et les hameaux où logeaient les cultivateurs. Alors qu’au dernier recensement de 2017, on ne compte plus que 244 habitants. Anne Schmitt a proposé de compléter sa conférence par une visite sur place le samedi 13 avril, une opportunité accueillie chaleureusement par un public très motivé.



Article publié dans le JTT du jeudi 25 avril 2024.


mercredi 17 avril 2024

Chronique littéraire : Roman fleuve, de Philibert Humm

 Une histoire complètement loufoque racontée avec le sérieux d’un pape. C’est ce contraste qui fait tout le charme de ce récit d’une descente de la Seine, à la rame, sur un canot bricolé, de Paris à l’embouchure. Et contrairement à l’annonce du titre, le récit est court et léger.

Philibert entraîne dans son aventure deux compagnons, Adrian et Waquet, tout aussi dénués de sens pratique et d’expérience que lui. Mais qui se prennent très au sérieux ! Leur navigation est digne des Pieds-Nickelés, les nombreuses péripéties sont affrontées avec amateurisme et relative bonne humeur. Mais les références géographiques ou culturelles concernant le parcours sont, elles, parfaitement maîtrisées. Un discours pontifiant sur une épopée originale et mal préparée, ce n’est pas « courant », même sur un fleuve !

Avec cette lecture dynamique et pleine d’humour, Philibert Humm a obtenu le Prix Interallié 2022. Né en 1991, journaliste et écrivain, il a déjà publié 3 romans et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin…

Son roman est désormais publié en poche  chez Folio.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 18 avril 2024.

samedi 6 avril 2024

Chronique littéraire: Fille en colère sur un banc de pierre

Cette fille en colère, c’est Aïda, dont l’enfance a été détruite par la disparition de sa petite sœur Mimi, qu’elle avait emmenée en cachette au Carnaval. Aïda, rendue responsable du drame, est devenue la bête noire de sa famille, et dès qu’elle l’a pu, elle a quitté son île pour se fondre dans l’anonymat de Palerme.

Vingt ans après, elle y revient pour les funérailles de son père. Que va-t-elle retrouver sur son île ? Que va-t-elle raconter sur elle-même, qui n’a rien fait de sa vie, bloquée dans l’incompréhension du drame ? Ses deux autres sœurs, Violetta la bourgeoise, et Gilda la chicaneuse, ne semblent guère heureuses non plus de son retour…

Dans un style à la fois tendre, incisif, humoristique, poétique, Véronique Ovaldé déroule toute la palette des émotions, des sentiments, de la culpabilité à l’amour, dans une intrigue bien tenue. Mais le dénouement ici n’est pas essentiel, c’est plutôt l’évolution des personnages qui est passionnante. Aïda trouvera-t-elle la force de sortir de la fatalité ?

Véronique Ovaldé est une écrivaine et éditrice française née en 1972. Ses romans ont tous connus un beau succès depuis l’an 2000. « Fille en colère sur un banc de pierre » est maintenant disponible en poche chez J’ai Lu.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 4 avril 2024.

mardi 2 avril 2024

Élodie Loisel, de l'Ardèche médiévale aux grands espaces canadiens

Elodie Loisel est une auteure à succès, avec à son actif une quinzaine de livres en 10 ans. Ses romans fantasy ou jeunesse, ses polars paranormaux sont des best-sellers au Québec où elle a été lancée par les maisons d’édition ADA et Glénat-Canada. Maintenant publiée aussi en France, chez PunchLine, elle poursuit une écriture internationale depuis Rochemaure en Ardèche, berceau familial. Avec pour devises : imagination, travail et chance.

Elodie, née en 1984 à Montélimar, a grandi à Rochemaure, où elle vit actuellement avec sa famille. Pas étonnant qu’elle ait apprivoisé très jeune l’atmosphère gothique, mystérieuse, du village, qui nourrit son style d’écriture. Un monde où partout se manifeste l’étrange : vieilles rues du bourg médiéval accrochées à la roche noire, le basalte, qui a donné son nom à Rochemaure. Carré magique et pénitents blancs à la chapelle Notre-Dame-des-Anges, grilles grinçantes du cimetière, ruines énigmatiques du château des Adhémar, édifié sur sa cheminée volcanique. De quoi laisser s’envoler l’imagination…

Après des études au Teil, Elodie a rejoint l’ARFIS, une école de cinéma à Lyon. Elle a ensuite collaboré pendant 10 ans à de nombreux films en tant que scénariste et assistante réalisatrice. Et un jour, une idée a germé : proposer un scénario sur une de ses passions : les légendes arthuriennes. En souvenir des vacances passées chez son grand-père breton, dont elle ne se lassait pas d’explorer la bibliothèque. Les mystères de la forêt de Brocéliande la passionnaient depuis toujours, et s’attaquer à Merlin était alors dans l’air du temps, dans la mouvance des séries Harry Potter et Kaamelott. Un scénario pouvait y trouver sa place. Mais qui dit scénario dit film, et le budget d’un film en costumes s’avérant colossal, Elodie a décidé de faire autrement. Simplement écrire son histoire sous forme de roman. C’est ainsi qu’est né « L’héritier de Merlin », dont la gestation a coïncidé avec son congé parental…

L’éditeur québécois ADA lui a fait tout de suite confiance, mais en exigeant une suite. Ainsi est née la série « Le secret des druides », des best-sellers primés au Canada et même traduits en chinois. Elodie n’a alors pas hésité à traverser l’Atlantique pour s’installer à Québec avec mari et enfants. Une décision courageuse, qui lui a permis de se faire connaître et d’écrire d’autres ouvrages intégrés au terroir canadien : « Les yeux du vide » (les crimes de Silver Creek) puis « Lola Rock », une série inspirée par les aventures d’une collégienne. Son petit plaisir secret : introduire dans chacun de ses livres un discret clin d’œil à l’Ardèche.

Retour en France au bout de deux ans, pour d’autres expériences littéraires, dystopie, thriller : « The last game » (Total combat), un livre à deux entrées, qui se lit tête bêche, suivant que l’on est un joueur ou l’autre ; Henri Heller, un polar noir ; Les MILFS au Pérou, une fantaisie hilarante sur cinq femmes débordées, et maintenant « Zoé Rock », les aventures inspirées par l’entrée en sixième de sa fille cadette.

Elodie est une femme épanouie et joyeuse, joueuse aussi, puisqu’elle a collaboré au jeu de rôle « Légende du loup-garou ». Très présente sur les réseaux sociaux, ainsi que sur les salons littéraires, elle invite son public à échanger avec elle, propose des concours, des quizz, fait tester des lectures. Son panel de livres, très accessibles, est adapté aux goûts et aux âges de chacun. Sa bonne étoile brille au-dessus de Rochemaure, elle imagine déjà le prochain ouvrage …

Article publié dans Regard Magazine de février 2024.