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La culture des vers à soie se faisait dans les magnaneries ou
dans des greniers aménagés chez les habitants, une façon d’augmenter leurs
ressources. Vers 1850, apogée de la sériciculture, l’Ardèche produisait jusqu’à
5 500 tonnes de cocons chaque année.
Dans les filatures, on dévidait les cocons,
formant des écheveaux de soie grège ou flottes, qui arrivaient ensuite
dans les moulinages pour y subir une succession de mouvements
de torsions destinés à consolider le fil. Cela permettait la fabrication ultérieure de
différents types de tissus dans les tissages locaux et à Lyon,
où la soie se négociait sur les marchés.
Le moulinage s’est développé en Ardèche à partir du XVIIe et
surtout du XVIIIe siècle. Les moulinages étaient nombreux en Vivarais (en
moyenne un par commune, mais parfois plusieurs), et l’Ardèche comptait alors parmi
les régions françaises les plus industrialisées. Avec 2 700 km de rivières
abondantes, elle était un territoire idéal pour l’installation de ces usines proches
des régions productrices de soie (Ardèche, Drôme, Vaucluse, Languedoc) et la
soierie lyonnaise. La main d’oeuvre employée dans cette industrie était
essentiellement féminine, celle-ci étant abondante et surtout peu exigeante.
Le travail de la soie a quitté le domaine artisanal pour
passer au stade industriel au cours du XIXe siècle avec un pic de prospérité de
1820 à 1855. Mais la pébrine, maladie du ver à soie, anéantit cette prospérité
en 1853, décimant les élevages. Afin de ne pas disparaître les moulinages
ardéchois commencèrent à travailler des soies importées de Chine et du Bengale.
Les années 1920 virent apparaître la concurrence artificielle : la rayonne
puis le nylon, qui porta le coup fatal à l’industrie de la soie dans les années
1950.
Au XXIe siècle, il reste quelques moulinages,
parfois transformés en musée comme l'écomusée du moulinage à Chirols
(07). La visite en est passionnante. Le bâtiment allongé, construit en fond de vallée,
au bord de la Fontaulière qui fournissait la force motrice, est éclairé
d’étroites fenêtres régulières. Le travail s’effectuait dans une vaste salle voûtée
où il fallait maintenir une température de 25°C et une humidité de 85%
nécessaires au travail du fil de soie. Au premier étage habitait le moulinier, sa
famille ainsi que les bureaux. Les ouvrières, qui venaient de plusieurs
kilomètres, ne pouvaient regagner leur village tant les horaires étaient longs,
elles avaient leurs dortoirs au grenier.
Quelques moulinages se sont adaptés aux fils artificiels. Le savoir-faire dans le domaine de la soie naturelle permet encore à quelques entreprises ardéchoises de travailler le fil, pour le secteur du luxe ou celui des textiles synthétiques haut de gamme.
Autres sites à visiter dans la Drôme : le Musée de la
soie de Taulignan et la Magnanerie de Saillans.
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