vendredi 26 juin 2020

Chronique littéraire : Les cerfs-volants, de Romain Gary

Une formidable histoire d’amour entre un jeune paysan normand, Ludo, et une aristocrate polonaise, Lila. Amour contrarié par l’origine sociale, et surtout par l’histoire, celle de la deuxième guerre mondiale, mais amour sublimé par l’imagination et l’espoir.

Les cerfs-volants du roman permettent de prendre de la hauteur par rapport à toutes les difficultés de la vie. A l’image de leur fabricant, Ambroise, oncle de Ludo, militant pacifiste et passionné d’histoire, qui fait flotter Jaurès ou Jeanne d’Arc, une étoile jaune ou la croix de Lorraine, à la barbe des Nazis. C’est sa résistance à lui. Les cerfs-volants, comme la gastronomie française, autre forme de résistance à l’ennemi, sont les symboles d’un imaginaire à développer pour ne pas sombrer dans la triste réalité de l’occupation, et garder l’espoir d’un dénouement heureux. Intrigue passionnante, personnages à la psychologie originale, documentation riche sur l’époque, éloge de l’irrationnel, de l’amour, de la mémoire, tout cela écrit dans un style fluide impeccable, font de ce roman un chef-d’œuvre intemporel.

Romain Gary, né en 1914 dans l'empire russe et mort en 1980 à Paris, a connu une vie aventureuse. Après sa scolarité à Nice, il devient journaliste et aviateur. Il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1940. Résistant puis diplomate, il est aussi romancier, scénariste et réalisateur, il est également connu pour la mystification littéraire qui le conduisit, dans les années 1970, à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d'Émile Ajar. Il est ainsi le seul romancier à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises sous deux noms différents.

Le roman « Les cerfs-volants » est disponible en poche chez Folio.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 18 juin.

 


jeudi 18 juin 2020

L' Arc-en-Ciel se met au vert

C’est sous les ombrages du parc du Chayla, à Tain, que les activités gymniques de l’Arc-en-Ciel, club senior local, ont repris mardi et vendredi. 

Pascale Duval, l’éducatrice sportive, après avoir maintenu le contact avec ses élèves pendant tout le confinement grâce à des vidéos postées sur les réseaux sociaux, a eu l’idée d’utiliser ce lieu de plein air, afin de remotiver ses troupes tout en respectant les mesures sanitaires (les gymnases ne sont pas réouverts au public).

Avec un cours de gymnastique tonique le mardi de 8 h 30 à 9 h 30, et deux cours de stretching le vendredi de 9 h à 10 h puis de 10 h à 11 h, les adhérents ont pu se dérouiller les muscles, profiter d’une convivialité retrouvée et remercier Pascale pour son investissement, tout cela dans une ambiance parfumée par les tilleuls en fleurs. Que du bonheur…

Les cours de gym et stretching de l’Arc-en-Ciel se poursuivront ainsi jusque fin juin, la reprise de l’aquagym est elle reportée en septembre. Renseignements : 07 71 27 36 62.

Article publié dans le JTT du jeudi 18 juin.

dimanche 14 juin 2020

Strasbourg, capitale européenne


La France étant maintenant ouverte aux voyageurs, pourquoi ne pas aller découvrir les beautés de l’Alsace ? Une destination « exotique », par ses traditions, sa cuisine, ses clochers pointus, ses cigognes. Et un grand point commun avec la vallée du Rhône : la vallée du Rhin et ses vignobles en terrasse.

Strasbourg, capitale de l’Alsace, cultive un riche patrimoine, entre cathédrale, maisons à colombage, canaux et musées. Mais une autre facette très contemporaine attire les visiteurs : le quartier des institutions européennes. Situé près de l’Orangerie, le Parlement européen, achevé en 1998, est un immense ensemble architectural, dont la façade vitrée de 13 000 m² symbolise la transparence démocratique de l’Union. C’est un endroit passionnant à visiter. Le symbole d’une ville qui a su garder son rayonnement à travers les siècles. Plus de deux millions de visiteurs de tous les pays l’ont déjà visité.
 
La visite, sur réservation, est très codifiée : Après les barrières de sécurité, il faut justifier son identité puis attendre l’accréditation. Un fonctionnaire accueille alors les groupes et les conduit dans les différents bâtiments. C’est un vrai labyrinthe, où on reconnait des espaces vus à la télévision : l’entrée sous la haie de drapeaux, le quartier de la presse, l’escalier d’honneur à double volée, le tapis rouge où passent les personnalités. La tour, haute de 60 mètres, abrite 1 133 bureaux sur dix-sept niveaux : son sommet semble inachevé, car il évoque un projet européen en perpétuelle construction. L’arc central du bâtiment accueille des espaces de travail, de communication, de détente. Il est coiffé d’un dôme sous lequel se trouve un hémicycle monumental, le plus vaste d’Europe, plus de 800 places, destiné à abriter les sessions mensuelles des députés de l’Union européenne. Quand ils ne sont pas en session plénière, on peut le visiter, sinon les commissions s’y réunissent. Détail ironique : les débats se déroulent en anglais, alors que les députés britanniques ont quitté les lieux avec le Brexit. Mais tous les pupitres sont équipés de casques qui traduisent simultanément les discours en 24 langues.

Le Parlement Européen représente la plus grande assemblée parlementaire élue au suffrage universel direct au monde. Sa visite est un excellent moyen de découvrir le travail de cette institution, ainsi que son impact en Europe et à travers le monde. Un impact qui a bien besoin d’être réinventé dans la cacophonie actuelle. A l’heure du Covid, le Parlement européen, privé de sessions parlementaires et de visites du public, a mis une partie de ses locaux à disposition de l’agence de santé pour devenir un centre de diagnostic du coronavirus. La réouverture aux touristes est attendue impatiemment.

Article publié dans le JTT.




lundi 8 juin 2020

Chronique littéraire : Les mains de Louis Braille, de Hélène Jousse

Constance, une scénariste de films, est subjuguée par le destin de Louis Braille. L’enfant né en 1809, devient aveugle par accident à l’âge de trois ans. Il grandit dans une famille bienveillante, qui l’envoie ensuite à Paris à l’âge de dix ans à l’Institut des Jeunes aveugles, afin d’apprendre à vivre avec son handicap. Mais le projet se transforme en terrible épreuve dans un internat sordide, géré par un directeur sadique. Malgré toutes les difficultés, Louis, par son génie et sa ténacité, mettra au point à l’âge de seize ans une méthode qui permettra enfin à tous les aveugles de pouvoir lire et écrire.

L’art de Hélène Jousse, c’est de mêler l’histoire dramatique de Louis, la plongée dans son monde obscur, sa foi lumineuse dans le progrès, avec la vie quotidienne de Constance, qui écrit un scénario de film sur lui. Une femme délicate et mélancolique, qui veut éviter le spectaculaire, le démagogique et doit s’affirmer contre son producteur. Heureusement, elle est épaulée par un personnage particulièrement farfelu, Aurélien, dans ses recherches, sa vision du film et même sa vie.

Un premier roman très réussi, écrit par une sculptrice qui a su donner vie à un personnage extraordinaire et méconnu. Chacun a entendu parler de la méthode Braille, mais peu savent quelle détermination il a fallu à son inventeur pour la mettre au point.  Louis Braille, un siècle après sa mort, a été enterré au Panthéon, parmi les grands hommes à qui la Patrie est reconnaissante.

Ce récit est disponible en poche chez J’ai Lu.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 4 juin.

jeudi 4 juin 2020

Saint-Paul-Trois-Châteaux, au coeur de la Drôme provençale

A 92 km de Tain, en un peu plus d’une heure de voiture, le dépaysement est total, Saint-Paul-Trois-Châteaux cultive une douceur provençale, à l’ombre de ses vieilles pierres.

Ne cherchez pas de châteaux, il n’y en a pas ! Le nom de la ville et de la région provient de la population gauloise qui l’habitait, les Tricastini, ce terme a été ensuite mal traduit au Moyen-Age. Ne pensez pas à Saint Paul, apôtre du Christ, ici il s’agit d’un autre Saint Paul, qui fut au 4è siècle évêque de la ville. Ne cherchez pas non plus d’évêché à Saint-Paul, pourtant, la ville est construite autour d’une superbe cathédrale de style roman provençal…

L’intérêt de Saint-Paul-Trois-Châteaux se découvre à pied, c’est un plaisir des yeux. Places ombragées de tilleuls, fontaines fleuries, petites ruelles à arcades, hôtels particuliers de pierre blanche, somptueuse cathédrale, les murs témoignent de la riche histoire de la cité. Occupée dès le néolithique, gauloise puis romaine, fief chrétien important au Moyen-âge, refuge de communautés juives, détruite en partie lors des guerres de religion, puis reconstruite, elle s’est épanouie au XVIIIe siècle, comme en témoignent les élégants hôtels particuliers construits avec la pierre extraite des carrières locales.


La position privilégiée de la cité, proche du Rhône et du Ventoux, entre collines et garrigues, a toujours attiré les hommes. On peut profiter d’un panorama à 360° sur la ville et ses alentours en grimpant jusqu’à la Chapelle Sainte-Juste, au sommet d’une falaise calcaire entourée de cèdres. Si maintenant les habitants travaillent plutôt à la centrale de Tricastin, la production d’olives, de vin AOC, de lavande, ainsi que le tourisme, les marchés, sont très développés. L’environnement et l’écologie sont des priorités locales.

De nombreuses festivités culturelles et sportives se succèdent à Saint-Paul au fil de l’année : salon du livre, marché de la truffe, concerts, spectacles, randonnées … hélas tous mis en attente en cette période de Covid19. La réouverture des terrasses, attendue avec impatience, permettra bientôt de profiter pleinement de l’ambiance méditerranéenne.


Article publié dans le JTT du jeudi 4 juin.