vendredi 8 novembre 2024

Chronique littéraire : Chien 51, de Laurent Gaudé

Laurent Gaudé propose ici une dystopie policière. Une dystopie aux accents réalistes, qui fait peur, tant elle semble possible et proche. Le contexte socio-économique : la Grèce, ayant fait faillite, a été rachetée par la société Gold Tex et transformée en une dictature cynique, hiérarchisée en trois zones.

Le personnage principal, Zem, a connu la Grèce d’antan, il a participé aux révoltes contre Gold Tex, et il est maintenant relégué dans la zone 3, la plus sordide, celle des bidonvilles et des pluies acides. Il est ce qu’on appelle un « chien », un policier de base dans un bourbier de violence. Quand on découvre un cadavre éventré dans sa zone, il est obligé de collaborer avec Salia, une inspectrice de la zone 2, la zone intermédiaire, protégée des pluies par un dôme de verre. Salia le méprise, mais l’enquête, qui les amène à suspecter un personnage important de la zone 1, la zone hyperprotégée, les conduit peu à peu à s’apprécier. Les hautes sphères sont intouchables, si on s’y attaque on en paie le prix.

Tout ce monde nous est déjà familier, ultralibéralisme, société à plusieurs vitesses, contrôles policiers par des drones, dérèglement climatique … L’intelligence, l’empathie ne peuvent rien contre cet univers connecté où la seule échappatoire réside dans les paradis artificiels, qui permettent de retrouver la Grèce éternelle, celle de Delphes et Athènes.

Laurent Gaudé, né en 1972 à Paris, est un écrivain qui a été récompensé par de nombreux prix, dont le Goncourt en 2004. Auteur de romans, nouvelles, pièces de théâtre, poésie, il change ici complètement de registre pour nous faire réfléchir à l’avenir. Un avenir que nous prépare Elon Musk !

Chien 51 est disponible en poche chez Babel (Actes Sud).

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 21 novembre 2024.

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