J'ai été captivée et
effrayée par ce thriller passionnant, qui, sous forme de fiction, dévoile l’ampleur de la nébuleuse terroriste
au Maghreb, et son implication dans la politique mondiale. Les personnages, l’intrigue
sont crédibles, le rythme est palpitant, le piège se met inéluctablement en
place. On redoute le bruit de la déflagration !
Une Katiba, c’est un camp de combattants islamistes. Fluctuant
à la fois géographiquement et humainement. Le roman résume parfaitement la
complexité de ces camps en perpétuel
changement. Beaucoup de personnages, exécutants ou manipulateurs. Les
principaux : Jasmine, fonctionnaire au Quai d’Orsay, passeuse
occasionnelle de drogue, Kader, chef terroriste affairiste indépendant, qui
préparent un attentat à Paris. Tous deux ambivalents à l’égard de l’islam,
marqués par des violences passées. Et puis les intégristes, chefs rebelles ennemis,
idéologues, kamikazes. Les opposants mauritaniens. Enfin jouant les clans les
uns contre les autres, les services secrets américains, algériens, les militaires,
les ONG. Et au milieu de cette poudrière, Dimitri, le bel urgentiste amoureux,
trop sensible et impulsif pour bien jouer son rôle d’espion.
JCR mène son roman de main de maître : chapitres
courts, nombreux rebondissements, action haletante Le monde terroriste est
décrit avec réalisme, on découvre comment AQMI utilise la technologie moderne
pour faciliter déplacements et attaques. Le désert n’est plus un obstacle, mais
un allié : on y échange les
infos sans danger, à partir d’ordinateurs, de téléphones puissants. Le
GPS permet aux véhicules des rendez-vous en des lieux secrets et mouvants. Tout
disparait, ensuite, sans laisser de traces. Et quelque part, en occident,
l’attentat est programmé.
Jean-Christophe Rufin, né à Bourges en 1954 est médecin
humanitaire, historien, diplomate. Prix Goncourt pour Rouge Brésil en 2001. Académicien
depuis 2008. C’est un homme de terrain, qui utilise sa connaissance de la
politique et des problèmes liés au terrorisme, pour construire un roman
d’espionnage parfaitement convainquant.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 21 juin 2012.
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