Aujourd’hui, avec -12°, je n’aurai personne, elles vont rester au chaud, les mémés… Je pourrai tranquillement faire mes photos de cascades gelées et de torrents pétrifiés. Le Rahin pris par les glaces est extraordinaire. Malgré le courant, le ruisseau et les chutes sont figés en plein mouvement. Et cette fois, ma caméra frontale marche, c’est super.
Mince, elles sont toutes sur le parking de la Goutte des Saules ! Bon, je ne m’arrête pas, un tas de neige ferme la montée du Ballon de Servance, mais avec mon élan, je passe. Ça va peut-être les refroidir ? Hé non, elles contournent bravement le tas, et s’engagent derrière moi ! Sont pas froussardes, les mémés. Y en a bien une qui va rester plantée sur la route verglacée ? Pas du tout, les rails sont bien tracés dans la neige gelée. Zut, c’est moi qui n’avance plus, trop glissant. Je vais me garer, elles m’imiteront. Elles doivent avoir les pétoches. Même pas, elles se congratulent !
Pas terrible cette altitude, pas assez haut, pas assez de neige pour faire des raquettes, on va improviser une rando à pied dans la montagne. Vous allez rouspéter mesdames : on range les raquettes ! Aucune protestation, elles préfèrent ça, elles seront plus à l’aise. Allez, on y va.
Où ? Ça, je n’en sais rien, il faut voir l’état des sentiers.
Ben, ça commence mal. Tous les ruisseaux qui suintent d’habitude le long des pentes se sont transformés en langues de glace, envahissant le chemin, on ne peut pas avancer, c’est pire qu’une patinoire. C’est la Mer de Glace. Longez le bord ! Et là, traversez, à petits pas, petits pas… Après c’est facile. Elles jacassent. Inconscientes, les mémés.
Aïe, ça recommence, passage difficile. Je ne les entends plus, seraient-elles crispées ? Il ne faudrait pas qu’il y en ait une qui se casse, je vais couper des branches de sapin, et les étaler sur la glace. Voilà , marchez dessus tranquillement… Après, c’est sec.
Encore une langue de glace perpendiculaire au chemin. Infranchissable, celle-là, trop large. Vous vous laissez glisser sur les fesses, comme en toboggan, et je vous rattrape en bas. Après, on contournera à travers la forêt. Super , Eric, le canyoning glaciaire ! Le hors-piste, il y a longtemps que ça ne leur fait plus peur, aux mémés. Voilà, on remonte maintenant…
Je n’en crois pas mes oreilles : Comme c’est beau, cet univers de glace, ces cascades pétrifiées, avec un mince filet d’eau qui pulse en dessous. Ces dégradés de couleur, gris, blanc, vert laiteux… Et ce petit pont de bois, romantique. On a bien fait de venir, c’est exceptionnel. Et en plus, il fait soleil ! Quel bonheur !
Stop, impossible de continuer ! Trop de glace, trop dangereux. Cette fois, on va descendre par la forêt, jusqu’en bas, vous verrez le ruisseau complètement gelé. On pourra traverser sur la glace, Eric ? Complètement givrées, les mémés. Ça dépendra de l’épaisseur ! Allez-y doucement, la pente est forte, et en biais, c’est glissant. La mince couche de neige sur les feuilles mortes, les rochers moussus, c’est trompeur. Ça ne rate pas, en voilà une qui tombe, puis encore une autre. Et ça les fait rire ! Increvables, les mémés. Doucement, on descend doucement… Rangez vos bâtons, ils vous gênent plus qu’ils ne vous aident !
Attendez-moi en bas, je vais faire quelques photos en attendant que tout le monde y arrive. Vas-y Eric, on se débrouille !
Elles vont s’impatienter si je les fais attendre. Mais ces cascades sont exceptionnelles, vite, encore une photo par-dessus, une autre par-dessous. J’arrive ! Pas stressées, non, contentes de se reposer, elles en profitent pour se restaurer. Tu veux du biscuit au chocolat, Eric ?Du thé bien chaud ?
Des mémés de choc, je dois le reconnaître. Un groupe comme ça, il faut le conserver le plus longtemps possible…
Si je les congelais ?
p.c.c. Nicole Cordier
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