Les souvenirs sont encore présents.
Le rouge omniprésent. Briques rouges, façades rouges, arcades rouges, une extraordinaire cohérence architecturale, une totale harmonie. Cœur de ville médiéval, palais, églises, places, rues, partout l’atmosphère italienne, douce et élégante, déclinée en un dégradé de rouges. Depuis la terrasse de San Petronio, un autre univers rouge, celui des toits, cheminées, clochetons et campaniles, encore du rouge à l’infini. Au soleil couchant, les couleurs changent, variant du rouge foncé au rose, puis à l’orangé. Embrasement de rouges.
L’opulence est visible. Nombreux palais aux cours intérieures décorées de palmiers et fontaines. Eglises rivalisant de richesses, dorures, marbres, fresques, statues. San Stefano, San Domenico, San Pietro, Santa Maria delle Vità… Voitures rutilantes. Bijouteries scintillantes. Enseignes de luxe, les grands noms de la couture italienne cohabitent avec Vuitton, Kenzo et Hermès. Passants vêtus élégamment, à l’italienne, somptueuse fourrure et sac griffé pour les dames, manteau de cachemire et chapeau de feutre pour les hommes, bottes cirées et lunettes noires pour tous. Même les chiens portent un mantelet ! Les 40 km d’arcades rouges, de tous styles, en pierre, en briques, en marbre, en béton, avec ou sans chapiteau, facilitent le shopping et invitent à la passegiatta. Plaisir des yeux, de la conversation, à l’abri des intempéries et du trafic automobile. Les arcades sortent même de la ville, grimpent à l’assaut de la colline de San Luca, sur plusieurs kilomètres, étonnantes, extravagantes, mais jamais écrasantes. La vie protégée jusqu’au ciel.
La bonne chère s’expose. Plaisir des sens, les vitrines débordent de victuailles. Odeur entêtante de caffè. Incontournables producteurs de tortellini, risotto, prosciutto, parmigiano, les références locales, mais aussi profusion de vins, pâtisseries, fruits et légumes, poissons. Marchés et boutiques. Traiteurs d’où s’échappent des fumets odorants de pizze, foccaccie, piadine, lasagne, gnocchi al ragù. Bars proposant des apéritifs dinatoires, restaurants illuminés par de somptueux lustres vénitiens. Slow food et fast food. La nourriture promue en art de vivre.
Bologne la docte. Riches librairies sur plusieurs étages. Expos temporaires et musées universitaires, théâtres, concerts, musiciens amateurs à chaque coin de rue. Des étudiants partout, une jeunesse en doudoune et bonnet de laine, sourire aux lèvres ou cigarette au bec, qui se déverse dans la via Zambino , sous les arcades, en direction de l’Alma Mater Studiorum, la plus vieille université du monde. Le palais Poggi, l’Archiginnasio, le Palazzo Communale, glorieux témoins du passé, à la fois musées et salles de cours. On y étudie tout, et même l’histoire de la gastronomie !
Bien sûr, il y a aussi les indigents, mendiants sur les trottoirs ou vendeurs à la sauvette, Chinois sur le marché, bonnes sœurs demandant la charité à l’entrée des églises. La grève des bus. Le tremblement de terre. Les tracas quotidiens. Mais l’impression dominante reste l’harmonie entre les différentes couches de la société. Les telefonini se font discrets, les vélos l’emportent sur les scooters, on peut traverser les rues en dehors des passages réservés, même les voitures de police ne font pas hurler leurs sirènes. Loin de Roma ! No stress. Même pour l’étrangère que je suis, il est facile de se repérer, torre pendente et Piazza Maggiore en ligne de mire.
Bologna, belle ville, riche, paisible, et fraternelle, dépositaire d’un passé rouge communiste mais aussi rouge du sang des attentats perpétrés par les Brigatisti. Ancrée dans la réalité, respectueuse de ses habitants, ouverte sur l’avenir. Protégée par ses arcades, par son histoire. Dans une harmonie de rouges. Ici, plus qu’ailleurs, le rouge, c’est la vie.
Bologne, la rouge, la grasse, la docte… 26-27-28 / 01/ 2012
Bologne, la rouge, la grasse, la docte… 26-27-28 / 01/ 2012
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