Après trente ans debout dans ma cuisine, entre four et
évier, ou dans une salle de classe, au mobilier rudimentaire, je passe des
heures avachie devant mon ordi. A rêvasser ? Non, à travailler. Les
lectures, les articles, ça se prépare.
Est-ce l’âge, ou la position ? J’ai mal au dos. Une
solution pratique et rapide : m’équiper d’un fauteuil de professionnelle,
pour avoir une bonne position. Un vrai fauteuil de bureau, à la place de la
vieille chaise des Puces héritée des enfants. Mais oui, JP, je sais qu’elle est
bien rembourrée.
On m’a indiqué un magasin spécialisé dans le mobilier de
bureau haut de gamme. Parce que je le vaux bien. Difficile à trouver, discret, en
deuxième ligne à l‘entrée de Belfort. Une exposition impressionnante de chaises, fauteuils, bureaux, déco. Je regarde,
aucun prix. Je teste, je m’assois partout. Certains fauteuils sont grandioses,
prévus pour des big boss à l’ego surdimensionné, d’autres pourvus de multiples réglages,
ma hantise. D’autres encore ont des coloris acidulés, ou des gadgets sur
lesquels je m’interroge. Enfin j’en trouve un qui me plait. Sobre, sans
réglage, peu encombrant, maintenant parfaitement mon dos. C’est lui. Je le
veux.
J’interroge une vendeuse, elle va chercher les tarifs.
Celui-là ? C’est un très beau modèle. Un fauteuil dessiné par Charles
Eames, commercialisé par Vitra. Vous connaissez Vitra ?
Euh… Oui, j’ai visité leur nouveau musée à Weil am Rhein :
superbe.
Ehh, le modèle que vous regardez ? plus de 2000€… TTC.
Aïe ! Vous ne vous trompez pas d’un 0 ? Il est
tout simple, ce fauteuil !
Non, c’est un modèle original. En aluminium et résille,
répertorié EA 108. Fabriqué depuis 1958. Indémodable et top qualité. Garanti 30
ans par Vitra.
Et en période de soldes, on peut descendre jusqu’à
combien ?
Attendez, je vais demander à ma patronne.
Après beaucoup de palabres, la patronne accepte de descendre
jusqu’à 1600. Je rentre à la maison dépitée. Dire que j’avais rencontré l’oiseau
rare. Je retrouve ma chaise à 10€, moche, affaissée, vieille. Stop ! Je ne
veux pas m’identifier à elle.
Un fauteuil de qualité, je le vaux bien.
Si j’essayais les annonces du Bon Coin ? Clic, clac. En
Franche-Comté, rien. En France ? Des fauteuils Eames de toutes sortes,
entre 1000 et 2000€. Je fais défiler, éberluée. Soudain, bingo : Le modèle
du magasin, proposé par Frédéric, à Paris, au prix de 700€. J’envoie un mail.
Retour photo. Impeccable, comme neuf, aucune égratignure.
Je commence à rêver. Puis à raisonner. Ma nouvelle carrière
ne m’a rapporté que 2 x 15€ ce mois-ci. Un fauteuil luxueux, c’est hors de
proportion.
Oui, mais depuis des années, je fonctionne avec les restes
des enfants… Ce fauteuil, je le vaux bien !
Autre problème : le transport depuis Paris. Comment
faire, et à quel prix ? Nombreux échanges de mails avec le vendeur. Devant
les coûts de transport, je laisse tomber. Mais le poisson est ferré, Frédéric
ne lâche pas. Il revient à la
charge. Et propose au final de faire la moitié du chemin en
voiture. Je craque.
C’était dimanche. On s’est retrouvés au péage de Pouilly en
Auxois. JP a transporté l’objet, en marmonnant : Je peux te trouver le même
pour 20€ à Emmaüs, moi !
A la maison, j’ai installé mon fauteuil amoureusement. Les
tiroirs du bureau étaient trop bas. J’ai déménagé celui de JN à la place. Changer de
bureau, un jour, à réfléchir…
On s’est assis à tour de rôle. Plusieurs fois. C’est
effectivement souple et ferme dans le dos. Et d’une beauté simplissime.
J’ai allumé l’ordi. Regardé les modèles et prix du Bon Coin pour
confirmation. Rassurée. J’ai fait le bon choix.
Est-ce que la créativité augmente, quand on s'assoit sur un fauteuil de créateur ?
salut Nicole !
RépondreSupprimerça y est : me voilà !
J'ai tout lu ou relu :bravo ! Celui que je préfère reste le trek glaciaire !
Joëlle