La fabrication de crèches est une activité traditionnelle de
la ville, qui se perpétue depuis plusieurs siècles. C’est dans une église de
Naples qu’on a trouvé la première représentation de la Nativité en 1205. Cette
idée s’est répandue dans toutes les églises. Des personnages alors strictement
religieux furent sculptés dans le marbre ou le bois, en terre cuite, en liège,
habillés de tissu ou de papier et exposés aux fidèles pendant la période de
Noël.
Mais vers la fin du XVIIe siècle, la mise en scène de la
crèche commença à intégrer des sujets profanes, avec les personnages de la vie
quotidienne. Au XVIIIe siècle, réaliser une crèche devint le passe-temps favori
des aristocrates et des bourgeois de Naples, qui rivalisaient de créativité.
Des artistes fameux furent invités à collaborer. Les crèches pouvaient alors
occuper des salles entières, on en trouvait en porcelaine, en ivoire, en
argent… Ces représentations de la Nativité devinrent populaires, les familles
créèrent leur propre crèche chez eux ou dans leur quartier. Ainsi dans la
région de Naples, on trouve des crèches permanentes décorant les rues, les
cours d’immeubles, les fontaines.
Le musée de la Chartreuse San Martino de Naples conserve la
plus importante collection publique de crèches, avec des centaines de
personnages. Les rois mages sont accompagnés de ribambelles de musiciens, de
gardes, d’animaux exotiques… les anges descendent du ciel en nuées… En plus des
figures religieuses, les métiers, la nourriture, les animaux y sont représentés
avec une grande précision dans une mise en scène théâtrale.
Les Napolitains sont pieux, mais ils ont aussi l’esprit rebelle et fantaisiste. Les stars actuelles ne sont pas oubliées dans les crèches. Le personnage actuellement le plus vendu dans la rue San Gregorio est Maradona, l’idole des foules, celui qui a porté l’équipe napolitaine au firmament. Il fait figure de saint à Naples !
Article publié dans le JTT du jeudi 6 janvier 2022.
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