Angkor, du Xème au XIIIème siècle,
recouvrait 1000 kilomètres carrés, capitale du royaume khmer elle
comptabilisait 750 000 habitants. Toute la zone était irriguée, et donc
nourrie, grâce à des travaux hydrauliques colossaux et une gestion des eaux parfaitement
maîtrisée. Les aléas climatiques, les guerres, le changement de religion, ont
eu raison de cette merveilleuse cité qui fut progressivement abandonnée, puis
reprise par la jungle.
Jusqu ’à sa « redécouverte » en 1860 par Henri
Mouhot, un explorateur Montbéliardais. Ses carnets ont mis Angkor à la mode en
Europe, comme Bonaparte avait initié l’égyptomanie quelques décennies plus tôt.
Aujourd’hui, une centaine de
temples subsistent dans une jungle de 900 km2, sillonnée par un réseau de
pistes. Angkor Vat, le temple majeur du site est un des mieux conservés. Le
terme temple est impropre pour cette
cité de pierre aux bâtiments somptueux imbriqués les uns dans les autres. Une
magnifique voie pavée passe au dessus d’une douve, et pénètre dans une muraille
de 3.5 km de long. Architecture de grès et de latérite, les blocs ne sont pas
assemblés par un mortier, mais par une taille ajustée. Les différents niveaux
s’étagent en terrasses successives, reliées par des escaliers, jusqu’au centre,
où on accède au sanctuaire dominé par les cinq célèbres tours. Le temple est
aujourd’hui encore un lieu saint, mais dédié à Bouddha, alors qu’à l’origine
c’était un lieu de culte hindouiste, dédié à Vishnou. Le Cambodge est passé en
douceur d’une religion à une autre, dans une forme de syncrétisme paisible.
Deux autres sites spectaculaires,
à une vingtaine de kilomètres, attirent les touristes. D’abord Angkor Tom, la
ville royale fortifiée. Un carré de 3 km de côté, entouré d'une douve et d'une muraille percée par quatre portes. Un
alignement d’une cinquantaine de dieux d’un côté, de démons de l’autre, tenant
le serpent sacré, le naga borde l’entrée principale. A l’intérieur, plusieurs palais, temples, dont le
fameux Bayon bâti par Jayavarman
VII. Ce fantastique monument, avec ses 54 tours à quatre visages,
fut dédié par le souverain à Bouddha
dont il diffusa la
doctrine. Partout , on se sent regardé avec bienveillance.
Ta Prohm est le temple dissimulé
sous les fromagers géants, où végétal et minéral se livrent une lutte sans
merci. C’est hallucinant. Les racines des arbres, vieux de 300 ans environ, se
sont insérées entre les pierres des temples, ont poussé sur les ruines. Cette
double architecture grandiose donne l’impression de se trouver face au chaos,
dans un autre monde, après l’apocalypse.
Angkor est un site exceptionnel,
où chaque temple a sa personnalité. Les dizaines de kilomètres entre les monuments,
à travers la jungle, sont l’occasion d’apercevoir entre les arbres, d’autres
temples, d’autres ruines, que personne ne visite. Les archéologues de l’école française
d’Extrême-Orient ont encore de belles restaurations en perspective !
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