Ce roman social brosse un portrait sans concession du monde
actuel, celui d’une jeunesse dans l’impossibilité de trouver un avenir entre
l’Afrique à feu et à sang et l’Europe en désagrégation.
Lakhdar, jeune Marocain de Tanger est plutôt content de son
sort. Il a deux passions : les romans policiers français, et forniquer
avec sa cousine. Tout bascule quand Lakhdar est découvert avec elle. Battu à
mort, et renié par sa famille, commence pour lui une vie d’errance, ballotté au
gré des rencontres, des petits arrangements pour survivre.
La littérature le sauve, il trouve un job dans une librairie
coranique, puis recopie des données sur Internet, où il fait la connaissance de
Judit, étudiante à Barcelone. Mais la situation est précaire, dangereuse. La violence
des Barbus l’oblige à fuir en Europe, d’un esclavage à l’autre, sur le bateau, dans
une entreprise de Pompes funèbres, jusqu’à Barcelone, Rue des Voleurs, à la
recherche de Judit.
L’écriture de Mathias Enard, dense et fiévreuse, rend
admirablement la complexité, la confusion de ces villes cosmopolites où règne
l’urgence de vivre : Tanger, plaque tournante entre Maroc et Espagne, et
Barcelone, terre d’accueil et de démesure. La population des bas-fonds, les
classes laborieuses, leurs attentes, leurs dérives, le sentiment de ratage, de
fin du monde imminente, où les islamistes ratissent large. Le propos est adouci par de belles citations de littérature arabe qui soulignent la dimension humaine commune aux deux rives de la Méditerranée.
Né en 1972, Mathias Enard a étudié l’arabe et le persan, et
fait de nombreux séjours au Moyen-Orient et au Maghreb. Il vit actuellement à
Barcelone.
Rue des voleurs
est maintenant disponible en poche chez Actes Sud, collection Babel.
Chronique publiée dans le JTT.
Chronique publiée dans le JTT.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire