Un livre éblouissant, sur un sujet austère : une
transplantation cardiaque.
Maylis de Kerangal réussit ici un tour de force littéraire
et une prouesse documentaire. Tout est parfaitement maîtrisé, l’intrigue,
soutenue du début à la fin, les nombreux personnages, fouillés, charnels,
l’ambiance dense à chaque étape, les détails millimétrés de la procédure
médicale. Le travail de la langue est extraordinaire, entre vocabulaire
technique, lyrisme poétique, images visionnaires, explosions d’émotion.
Ce récit extrêmement riche apprend beaucoup de choses sur la
transplantation d’organes, cette aventure du XXIe siècle, et sur la perfection
logistique dont dépend sa réussite. Mais c’est aussi un coup de poing en plein cœur. Car ici le
cœur n’est pas seulement l’organe vital, mais le lieu des sentiments, de la vie
métaphysique. Du grand art.
Le titre est emprunté à une réplique de
Tchekhov dans Platonov : « Enterrer les morts et réparer les vivants », qui résume
exactement la dualité du livre.
Maylis de Kerangal, romancière née à Toulon en 1967, a
obtenu de nombreux prix pour ce roman.
Réparer les vivants
est maintenant disponible en poche chez Folio.Chronique publiée dans le JTT du jeudi 11 juin 2015.
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