mercredi 27 juin 2012

Blog Anniversaire!


Eh oui, un an déjà que j’ai ouvert ce blog, résultat d’un stage informatique où je me suis sentie pourtant complètement larguée. Abandonné six mois, ensuite, pour cause de difficultés techniques, et surtout déboussolée par la question cruciale : comment l’alimenter ?

Ranimé, quand l’opportunité de tenir une chronique littéraire dans le JTT m’a été proposée : mes critiques, une fois publiées sur le papier, et oubliées, qu’en faire ? Les partager avec d’autres lecteurs sur Internet, bien sûr. Peu à peu, j’y ai joint mes commentaires de randonnées, mes coups de cœur, mes coups de gueule… Maintenant, je ne me pose même plus la question, quand j’ai besoin de m’exprimer sur un sujet, c’est ici que je le fais. Car j’ai la fibre partageuse, le besoin de transmettre, un reste de pédagogie, peut-être ? Loin de la culture du secret, j’ai celle de la communication.

Restait un dernier problème à résoudre : les commentaires, que mes lecteurs proches avouaient ne pas arriver à poster. Enfin, c’est résolu : il faut s’affubler du qualificatif : Anonyme pour me répondre ! Guère plaisant, quand on accepte de s’exposer, mais c’est le défaut de ce logiciel.
Voilà pourquoi je n’ai que 3 commentaires pour 36 messages. Alors que les statistiques internes du site comptabilisent environ 1200 visites. Sans être sur Facebook (pour ne pas fliquer mes enfants), ni sur Twitter (Valérie T. n’a pas à s’inquiéter), j’avoue que ça m’épate.

Un mystère persiste : la localisation géographique de mes lecteurs anonymes. La France, normal, la Suisse et l’Italie, soit, mais des lecteurs de l’Alaska et l’Estonie, diable, diable…
Y aurait-il des espions dans la blogosphère ?

vendredi 22 juin 2012

Chronique littéraire : Katiba, de Jean-Christophe Rufin


J'ai été captivée et  effrayée par ce thriller passionnant, qui, sous forme de fiction,  dévoile l’ampleur de la nébuleuse terroriste au Maghreb, et son implication dans la politique mondiale. Les personnages, l’intrigue sont crédibles, le rythme est palpitant, le piège se met inéluctablement en place. On redoute le bruit de la déflagration !

Une Katiba, c’est un camp de combattants islamistes. Fluctuant à la fois géographiquement et humainement. Le roman résume parfaitement la complexité  de ces camps en perpétuel changement. Beaucoup de personnages, exécutants ou manipulateurs. Les principaux : Jasmine, fonctionnaire au Quai d’Orsay, passeuse occasionnelle de drogue, Kader, chef terroriste affairiste indépendant, qui préparent un attentat à Paris. Tous deux ambivalents à l’égard de l’islam, marqués par des violences passées. Et puis les intégristes, chefs rebelles ennemis, idéologues, kamikazes. Les opposants mauritaniens. Enfin jouant les clans les uns contre les autres, les services secrets américains, algériens, les militaires, les ONG. Et au milieu de cette poudrière, Dimitri, le bel urgentiste amoureux, trop sensible et impulsif pour bien jouer son rôle d’espion.

JCR mène son roman de main de maître : chapitres courts, nombreux rebondissements, action haletante Le monde terroriste est décrit avec réalisme, on découvre comment AQMI utilise la technologie moderne pour faciliter déplacements et attaques. Le désert n’est plus un obstacle, mais un allié : on y  échange les infos  sans danger, à partir  d’ordinateurs, de téléphones puissants. Le GPS permet aux véhicules des rendez-vous en des lieux secrets et mouvants. Tout disparait, ensuite, sans laisser de traces. Et quelque part, en occident, l’attentat est programmé.

Jean-Christophe Rufin, né à Bourges en 1954 est médecin humanitaire, historien, diplomate. Prix Goncourt pour Rouge Brésil en 2001. Académicien depuis 2008. C’est un homme de terrain, qui utilise sa connaissance de la politique et des problèmes liés au terrorisme, pour construire un roman d’espionnage parfaitement convainquant.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 21 juin 2012.

mardi 19 juin 2012

Les Timbrés, suite et fin


Eh oui, j’ai fait partie des finalistes du championnat d’orthographe : 500 retenus sur 25 000 candidats, pas mal, non ?
C’est mon seul titre de gloire, car à ce niveau, je rends mon tablier. Entourée de vrais pros, qui ont révisé toutes les conjugaisons, maitrisent la grammaire, reconnaissent les faux amis et les exceptions, je me sens dépassée. Heureusement, l’important c’est de participer. Et de se faire plaisir.

D’abord, il y a le petit séjour à Paris, bien humide, mais qu’importe. Le quartier Latin, avec ses innombrables librairies et cinémas, j’adore. Les terrasses bondées, les musiciens de rue, imperturbables, les Vieux Campeurs à tous les coins, toute une vie culturelle et décontractée. La découverte du quartier Mouffetard, et du marché Saint Médard (mon Dieu qu’il a plu !), les brasseries littéraires, le Procope, et son « menu des philosophes ».

Enfin le lieu de l’épreuve : le grand amphi de la Sorbonne, mythique, avec ses gradins en bois, sièges en velours, fresques peintes et statues colossales des grands hommes. Richelieu, Homère, Voltaire … Le test de connaissances, en 30 questions, de Frédéric Gersal, gentilé et acronyme, vous saisissez ? Et la fameuse dictée, concoctée et présentée par Eric-Emmanuel Schmitt. Il s’est fait plaisir, lui aussi, avec une accumulation de pièges : Valse de participes passés, avec qui les accorder ? pluriels déroutants, vocabulaire mystérieux : sycophantes et thuriféraires, le summum étant les mirobolants myrobolans. C’est extravagant, irritant, et donc jubilatoire…

Une pause rafraichissante dans le majestueux péristyle de la Sorbonne, puis la correction. Pour moi : une dizaine de fautes. La proclamation du palmarès. Ma petite voisine est championne cadette, bravo !  Prix spécial à un junior aveugle, qui a composé grâce à un ordinateur à reconnaissance vocale. Et parmi les adultes, un sans-faute ! Mais comment a-t-il fait ?

jeudi 14 juin 2012

Le Creux du Vent et les Gorges de l'Arrose


(Les puristes rectifieront l’orthographe)

Vous avez déjà vu Eric stressé ? Non ? Ben nous, oui.
Il faut dire que ce n’était pas gagné, lundi : mauvaise nuit, long trajet sous la pluie, accueil frisquet à la Ferme Robert, météo décourageante. Un chemin escarpé dangereux, boueux, entre racines et pierres glissantes, pour monter à l’assaut des falaises, et, après tant d’efforts, arrivés au sommet, à 1465m, un épais brouillard. Pas de vue. Mais d’autres surprises: un extraordinaire foisonnement de fleurs, renoncules, anémones, gentianes, orchis, myosotis… Les formes fantomatiques des hêtres dans la prairie. Les murets de pierre, véritables œuvres d’art, avec leurs ouvertures calibrées. Et partout les trilles optimistes des oiseaux.
Pique-nique à l’abri. Ironie : le refuge s’appelle le Soliat, c’est-à-dire soleil !

Prendre son temps, manger au sec, tandis que les capes s’égouttent, faire contre mauvaise fortune bon cœur, on est très forts pour cela. Nous plaisantons sur le poster du site, pris un jour de grande visibilité, apprécions le refuge rustique, avec son grand feu dans l’âtre, la réserve de bois bien rangé, les saucisses qui sèchent, pendues au milieu des cloches, les bouteilles de fée verte  en vente libre, et les œufs de poules heureuses !
On entend des vaches, mais on ne les voit pas, tant mieux, car elles sont laides, génétiquement modifiées, des gros réservoirs à lait, sans cornes.

En sortant, un vent violent nous saisit, la luminosité change. Les nuages se bousculent, tourbillonnent, le ciel vire du noir au gris, et soudain, le voile se déchire, et le cirque rocheux apparait dans toute sa beauté. Un arrondi parfait, des falaises calcaires vertigineuses, une forêt touffue en contrebas. Le spectacle est magnifique. Tout l’horizon se dégage, les villages, les crêtes voisines, verdure à l'infini, le soleil apparaît, on peut même apercevoir le lac de l’autre côté. Et les bouquetins gambadent autour de nous. Comme Eric !
Tonnerre, grêle, les éléments jouent avec nous. Puis de nouveau soleil et douceur, les gentianes bleues  se déploient, éclatantes.

Le soir, honneur aux spécialités locales : absinthe, vin de Neuchâtel, fondue au vacherin fribourgeois et gruyère, röstis et saucisses maison, cornets à la crème, présentés sur leur support de bois… Ambiance chaleureuse, l’aubergiste nous fait visiter sa collection de cloches, et l’exposition sur le patrimoine naturel. Les douches sont chaudes, les chambres proprettes. Idyllique ? Pas tout-à-fait, il paraît que certains ronflent!

Deuxième matin pluvieux. On s’en fiche, dans les gorges, les nuages ne nous gêneront pas. Et d’abord, une petite distraction : le trajet en train jusqu’à Boudry, où nous commençons à remonter l’Areuse en furie. Plus nous nous enfonçons dans la faille, plus le décor est spectaculaire, les eaux tumultueuses ont creusé un étroit défilé, le sentier passe d’une rive à l’autre, entre les falaises, par des passerelles aériennes, les cascades succèdent aux chutes d’eau, aux marmites bouillonnantes. Un grondement assourdissant domine tout.  Un nuage de gouttelettes projetées se mêle à la brume, nous sommes vaporisés d’ions négatifs. Sourires extatiques, nous nous émerveillons devant ce chaos de pierres sculptées, d’eaux rugissantes, où pousse une végétation de création du monde. Un dégradé de verts, défi à l’équilibre, fougères, mousses, noisetiers, résineux, égayés de géraniums et pélargoniums sauvages, tapissent les rives, envahissent les rochers, grimpent à l’assaut des falaises.

Pique-nique sur des troncs d'arbres, le soleil se montre parcimonieux, juste le temps de voir un héron et …des girafes. Débriefing copieux, enfin, au café de Noiraigue : noires eaux, on l’avait compris.

Entre Soliat et Noiraigue, une nature somptueuse et indomptée, modelée par des forces telluriques. Et nous, petits humains avides de sensations inédites, avons eu la chance de profiter de ce décor grandiose.
Merci, Eric !

dimanche 10 juin 2012

Jardiner Bio


Deux conférences proposées par la Communauté de Communes Sud Territoire, et me voilà transformée, convaincue, apôtre du bio !

La première fut menée avec passion par Josiane Goepfert, célèbre fondatrice du « Potager d’une curieuse ». En l’occurrence, la curieuse c’était moi. Qu’allait-elle nous apprendre pour « lutter naturellement contre les maladies » ?
Dès le début, j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une philosophie, plutôt que d’une simple transmission de recettes anciennes. Il faut sauver les plantes malades, certes, mais sans polluer notre environnement par des produits chimiques, et surtout essayer d’être autonome par rapport aux magasins qui multiplient les traitements. Josiane a donné de nombreux moyens gratuits et efficaces, pour soigner ou stimuler les réactions défensives des plantes, favoriser leur croissance, éloigner les insectes et parasites. J’ai retenu le purin de consoude, la macération de feuilles de rhubarbe, l’extrait de pissenlit, la décoction de prêles…
Mais ce qui m’a vraiment étonnée, c’est l’emprise exercée par le marché agro alimentaire sur le consommateur. Un exemple significatif : le purin d’ortie, largement utilisé par les jardiniers, mais dont il était interdit, sous peine de poursuites judiciaires, de divulguer la composition jusqu’en … 2011 ! On trouve maintenant les recettes sur Internet. La préparation est élémentaire, mais il faut aérer le purin en le remuant chaque matin pendant un mois…

Deuxième voix, hier, celle de Xavier Renaud, de la Fédération Régionale de lutte Et de Défense contre les Organismes Nuisibles. Son thème : Un jardin sans pesticides. Qui n’utilise pas des granulés contre les limaces ? Des vaporisateurs contre les insectes ? Des désherbants dans les allées ? Xavier revient sur les dangers de pollution du sol, la nocivité pour le corps humain. Et pourquoi jardiner, si c’est pour obtenir des plantes traitées chimiquement ? Là encore, toute une philosophie, et pour la satisfaire, le bon sens et l’huile de coude. Préférer la binette au désherbant, l’eau chaude de cuisson jetée sur les dalles au chalumeau toxique, utiliser la bière contre les limaces, la combinaison de plantes répulsives contre les insectes, la couverture du sol par paillage ou plantes vivaces pour éviter le liseron… Pas de résultats immédiats, mais durables.
J’apprends le mot adventices : plantes invasives indésirables (mauvaises herbes). J’apprends aussi que les perce-oreilles et gendarmes, malgré leur prolifération, ne sont pas nuisibles. Et que si je persiste à utiliser mes granulés bleus anti limaces, 4 ou 5 par mètre carré, c’est suffisant.

Car non seulement il faut protéger notre sol, nos plantes, notre santé, mais aussi respecter la chaîne alimentaire, la vie animale en général. Ne pas tuer les pucerons, qui alimentent les coccinelles, qui nourrissent les oiseaux, hérissons, etc… Avoir une vision globale.
Jardiner bio, c’est un exercice respectueux. Responsable. J’ajouterais presque moral.

Bon, la partie théorique, je maîtrise. Je crois que je vais laisser la partie pratique à mon mari !

samedi 9 juin 2012

Chronique Littéraire: Les années douces, de Hiromi Kawakami


Un titre éloquent, pour un instant de douceur. Aujourd’hui, je rends hommage à nos amis Japonais et à leur art de vivre.
Hiromi Kawakami est une romancière née à Tokyo en 1958. Bien connue dans son pays, depuis sa première nouvelle, Kamisama, publiée en 1994, elle a emporté le prix Tanizaki pour Les Années Douces, en 2000.

C’est la chronique douce-amère de la relation entre deux personnes : Tsukiko, célibataire trentenaire, et son ancien prof de littérature, qu’elle appelle « le Maître ». Ils ont l’habitude de se retrouver dans un bar, et de boire du saké au-delà du raisonnable. Tout en dégustant avec gourmandise les spécialités culinaires de la maison. Deux personnages aussi peu expansifs l’un que l’autre, que leurs réticences n’empêchent pas de se sentir bien ensemble. Et peut-être plus ? Mais il est difficile de se résoudre à l’amour, quand on s’est créé une carapace.  Aimer, un homme plus âgé, une femme plus jeune, est un pari pour chacun. Ne pas aimer est un échec. Il faut savoir prendre son temps.

A travers les tableaux de leurs rencontres, autour des cerisiers en fleurs, du marché, ou de la cueillette des champignons, c’est le portrait d’un Japon éternel et zen qui apparaît.
Le style est simple, mais descriptif, l’ambiance résolument hors du temps. L’étrangeté de la vie quotidienne japonaise n’empêche pas la proximité avec les réactions des personnages. Dont l’économie de mots, la réserve, les atermoiements nous touchent infiniment.
Un précieux moment de douceur, et d’exotisme, à déguster à petites doses.


Chronique publiée dans le JTT du jeudi 7 juin.

vendredi 8 juin 2012

Les Petites Fugues


Participer à la préparation des Petites Fugues, c’est une épreuve harassante :

Il faut se lever à l’aube, parcourir plus de cent kilomètres, avant d’atteindre les faubourgs de Besançon. Ensuite se frayer un chemin dans les déviations inhérentes au chantier du Tram. Trouver une place de parking pas trop loin. Grimper en courant les escaliers jusqu’au CDDP, situé près de la Citadelle. Tout ça avant 9h.
Le marathon littéraire peut commencer : étudier succinctement  mais sérieusement 22 auteurs, leur biographie, les thématiques de leur œuvre, lire des extraits de leur dernier ouvrage, analyser l’écriture. Afin de faire un choix approprié pour notre bibliothèque.
Après 17H, reprendre le chemin du retour. La voiture, les embouteillages, puis l’autoroute. Sous des trombes d’eau. Et le lendemain, recommencer.

Mais participer à la préparation des Petites Fugues, c’est aussi  stimulant et plaisant :
Pascaline, la responsable du CRL a fait un travail remarquable en amont. Plusieurs ouvrages étudiés pour chaque auteur, des extraits judicieux imprimés pour tous, une parole ferme, un vocabulaire soutenu. C’est un plaisir de l’écouter, elle est passionnée par ses lectures, et passionnante. Je note certains de ses jolis mots, incandescence, jubilation, aporie, doxa…

Et à midi, la petite pause permet de flâner dans les rues, de revoir les quartiers où j’ai vécu, étudiante, il y a combien d’années déjà ? Quarante ans ! La rue du Palais, près de Saint Jean, la place Jean Gigoux, à la porte Rivotte.  Les quais du Doux, le palais Granvelle superbement rénové en Musée du Temps, la Porte Noire toute blanche, la Place du Marché, maintenant vouée à une Révolution paisible, la place Pasteur piétonne. Victor Hugo, entouré d’oiseaux moqueurs et de tilleuls odorants. Je retrouve deux copines pour de brefs échanges. Et vite, vite, je remonte vers la Citadelle de Vauban, à travers ruelles et escaliers. Les vieilles pierres et les pavés jouent avec le soleil. Besançon dévoile sa belle harmonie.

Les Petites Fugues, une aventure littéraire, mais aussi buissonnière.