Salle comble à la médiathèque de Guilherand-Granges jeudi soir 7 mars , pour accueillir le célèbre plongeur et océanographe valentinois. François Sarano a plaidé pour la connaissance, le respect et l’humilité par rapport au seul monde sauvage encore inexploré : l’océan. Un monde où aucun animal n’est domestiqué, où tout reste à apprendre. Un monde où le plongeur, délivré de la pesanteur, retrouve son innocence.
Les océans couvrent les
trois quarts de la surface de la Terre et contiennent 97 % de l’eau de notre planète. Ils
sont profonds jusqu’à 10 000 m, une zone que
seuls 5 sous-marins au monde peuvent atteindre. La vie y a proliféré depuis 3
milliards d’années, alors que les hommes ne sont apparus sur terre qu’aux
environs d’un million d’années. C’est dire la multiplicité et l’avance des
espèces marines en matière d’adaptation et d’organisation sociale.
C’est en étudiant un
clan de cachalots que François Sarano et ses équipes ont pu comprendre la
richesse des relations entre eux. Avec vidéos à l’appui, le chercheur a fait
partager au public ses expérimentations, ses hypothèses, ses confirmations, au
bout de dix ans d’étude et d’observation de ces géants des mers (jusqu’à 20 m
de long pour 20 tonnes). Les résultats sont extraordinaires. On voit les
cachalots femelles allaiter leurs bébés, puis l’organisation d’une crèche sous
la responsabilité d’une femelle, afin de les garder quand les mères plongent
dans les abysses pour se nourrir (exclusivement de calamars géants, 450 kg/
jour). Les nourrices qui prennent la relève car les bébés cachalots doivent
être allaités presque en continu. La communication entre eux par des caquètements
à des fréquences diverses, les caresses demandées et données, la solidarité et
la longévité du groupe. Et même l’acceptation de la présence de François
Sarano, qui les observe à quelques mètres, une fois qu’elles ont compris qu’il n’était
pas une menace.
François est un
conférencier hors pair, à la fois savant, comédien, pédagogue, philosophe.
C’est un régal de découvrir à travers ses anecdotes comment fonctionne le clan
des cachalots. Le parallèle avec notre société est évident : chaque
individu est unique, mais tisse des liens avec ses congénères et s’organise
pour survivre au mieux. Sa connaissance, son adaptation à son milieu sont bien
supérieures au nôtres. Mais des menaces pèsent sur lui, particulièrement les
nuisances sonores qui perturbent leur communication. François le répète : « celui ou celle qui peut échanger avec un
cachalot ou tout autre animal, ou qui essaie de le faire, saura communiquer et
partager avec des hommes et des femmes d’autres cultures, d’autres
religions. »
Article publié dans le JTT du jeudi 28 mars.
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