mercredi 27 mars 2024

Une conférence passionnante de l'océanographe François Sarano

Salle comble à la médiathèque de Guilherand-Granges jeudi soir 7 mars , pour accueillir le célèbre plongeur et océanographe valentinois. François Sarano a plaidé pour la connaissance, le respect et l’humilité par rapport au seul monde sauvage encore inexploré : l’océan. Un monde où aucun animal n’est domestiqué, où tout reste à apprendre. Un monde où le plongeur, délivré de la pesanteur, retrouve son innocence.

Les océans couvrent les trois quarts de la surface de la Terre et contiennent 97 % de l’eau de notre planète. Ils sont profonds jusqu’à 10 000 m, une zone que seuls 5 sous-marins au monde peuvent atteindre. La vie y a proliféré depuis 3 milliards d’années, alors que les hommes ne sont apparus sur terre qu’aux environs d’un million d’années. C’est dire la multiplicité et l’avance des espèces marines en matière d’adaptation et d’organisation sociale.

C’est en étudiant un clan de cachalots que François Sarano et ses équipes ont pu comprendre la richesse des relations entre eux. Avec vidéos à l’appui, le chercheur a fait partager au public ses expérimentations, ses hypothèses, ses confirmations, au bout de dix ans d’étude et d’observation de ces géants des mers (jusqu’à 20 m de long pour 20 tonnes). Les résultats sont extraordinaires. On voit les cachalots femelles allaiter leurs bébés, puis l’organisation d’une crèche sous la responsabilité d’une femelle, afin de les garder quand les mères plongent dans les abysses pour se nourrir (exclusivement de calamars géants, 450 kg/ jour). Les nourrices qui prennent la relève car les bébés cachalots doivent être allaités presque en continu. La communication entre eux par des caquètements à des fréquences diverses, les caresses demandées et données, la solidarité et la longévité du groupe. Et même l’acceptation de la présence de François Sarano, qui les observe à quelques mètres, une fois qu’elles ont compris qu’il n’était pas une menace.

François est un conférencier hors pair, à la fois savant, comédien, pédagogue, philosophe. C’est un régal de découvrir à travers ses anecdotes comment fonctionne le clan des cachalots. Le parallèle avec notre société est évident : chaque individu est unique, mais tisse des liens avec ses congénères et s’organise pour survivre au mieux. Sa connaissance, son adaptation à son milieu sont bien supérieures au nôtres. Mais des menaces pèsent sur lui, particulièrement les nuisances sonores qui perturbent leur communication. François le répète : « celui ou celle qui peut échanger avec un cachalot ou tout autre animal, ou qui essaie de le faire, saura communiquer et partager avec des hommes et des femmes d’autres cultures, d’autres religions. »
 

Article publié dans le JTT du jeudi 28 mars.

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