jeudi 28 mars 2024

Les Amis de l'église Saint-Martin de Vion

La salle communale de Vion était comble mardi soir 12 mars pour assister à la naissance de cette nouvelle association. Une association nécessaire, soutenue par toute la population, depuis la fermeture l’église au culte en mai 2023 et aux visites depuis janvier 2022. Tous les participants, maire, curé et bénévoles étant d’accord, la soirée s’est déroulée de manière remarquablement efficace.

Les statuts de l’association ont été adoptés à l’unanimité, le bureau de 10 membres constitué sans problème, avec Stéphanie Morin comme présidente. La mise en valeur de l’église, sa restauration et la programmation d’événements culturels sont les objectifs. Pour cela il faudra récolter des fonds, obtenir des subventions auxquels seule une association peut prétendre. Mais, et il y a un mais, l’église étant en partie classée aux monuments historiques, tous les travaux dépendent de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Pour obtenir les autorisations, le budget et l’aval d’un architecte du patrimoine, il faut énormément de temps. La mise aux normes de l’électricité du bâtiment est la priorité, afin de réouvrir Saint-Martin au culte. Un budget de 30 000 € est nécessaire.

Il faut souligner l’importance de cette magnifique église romane qui mérite le détour. C’est un des plus anciens bâtiments religieux d’Ardèche, avec son clocher carré percé d’arcatures, un chevet massif, un chœur décoré de colonnettes supportant des chapiteaux historiés et une mystérieuse crypte où l’on découvre une vasque de pierre, peut-être vestige d’une civilisation gauloise, et un sarcophage de l’époque carolingienne. Du parvis, la vue est spectaculaire sur Vion, les vignes de Saint-Joseph et la vallée du Rhône.

Les habitants de Vion sont motivés pour faire revivre leur église. Les nombreuses animations culturelles, visites, concerts, crèche géante, qui ont marqué les esprits, ne demandent qu’à reprendre. L’espoir d’une solution enfin possible régnait parmi les participants conviés à une collation après l’AG. Pour soutenir leur projet, que vous habitiez Vion ou ailleurs, vous pouvez adhérer à l’association Les Amis de l’église Saint-Martin, dont la cotisation est fixée à 15€.

Article publié dans le JTT du jeudi 28 mars.

mercredi 27 mars 2024

Une conférence passionnante de l'océanographe François Sarano

Salle comble à la médiathèque de Guilherand-Granges jeudi soir 7 mars , pour accueillir le célèbre plongeur et océanographe valentinois. François Sarano a plaidé pour la connaissance, le respect et l’humilité par rapport au seul monde sauvage encore inexploré : l’océan. Un monde où aucun animal n’est domestiqué, où tout reste à apprendre. Un monde où le plongeur, délivré de la pesanteur, retrouve son innocence.

Les océans couvrent les trois quarts de la surface de la Terre et contiennent 97 % de l’eau de notre planète. Ils sont profonds jusqu’à 10 000 m, une zone que seuls 5 sous-marins au monde peuvent atteindre. La vie y a proliféré depuis 3 milliards d’années, alors que les hommes ne sont apparus sur terre qu’aux environs d’un million d’années. C’est dire la multiplicité et l’avance des espèces marines en matière d’adaptation et d’organisation sociale.

C’est en étudiant un clan de cachalots que François Sarano et ses équipes ont pu comprendre la richesse des relations entre eux. Avec vidéos à l’appui, le chercheur a fait partager au public ses expérimentations, ses hypothèses, ses confirmations, au bout de dix ans d’étude et d’observation de ces géants des mers (jusqu’à 20 m de long pour 20 tonnes). Les résultats sont extraordinaires. On voit les cachalots femelles allaiter leurs bébés, puis l’organisation d’une crèche sous la responsabilité d’une femelle, afin de les garder quand les mères plongent dans les abysses pour se nourrir (exclusivement de calamars géants, 450 kg/ jour). Les nourrices qui prennent la relève car les bébés cachalots doivent être allaités presque en continu. La communication entre eux par des caquètements à des fréquences diverses, les caresses demandées et données, la solidarité et la longévité du groupe. Et même l’acceptation de la présence de François Sarano, qui les observe à quelques mètres, une fois qu’elles ont compris qu’il n’était pas une menace.

François est un conférencier hors pair, à la fois savant, comédien, pédagogue, philosophe. C’est un régal de découvrir à travers ses anecdotes comment fonctionne le clan des cachalots. Le parallèle avec notre société est évident : chaque individu est unique, mais tisse des liens avec ses congénères et s’organise pour survivre au mieux. Sa connaissance, son adaptation à son milieu sont bien supérieures au nôtres. Mais des menaces pèsent sur lui, particulièrement les nuisances sonores qui perturbent leur communication. François le répète : « celui ou celle qui peut échanger avec un cachalot ou tout autre animal, ou qui essaie de le faire, saura communiquer et partager avec des hommes et des femmes d’autres cultures, d’autres religions. »
 

Article publié dans le JTT du jeudi 28 mars.

mardi 19 mars 2024

Valrhona et la mobilité douce : l’entreprise prend le large !

Valrhona va renouer avec l’héritage historique du transport sur les canaux, fleuves et océans, en misant sur deux modes de transports innovants pour réduire ses émissions de carbone.

Première innovation : Un bateau électrique, mis au point par la start-up franco-suisse Fly-Box, pourra bientôt livrer les clients de Valrhona en utilisant les réseaux fluviaux. Ressemblant à un catamaran, cette plateforme électrique de 8 m de long, transportera rapidement des charges inférieures à une tonne en volant au-dessus de l’eau « sans bruit, sans vagues, sans émissions ».

Deuxième projet : Valrhona envisage d’utiliser des plateformes de plus grande taille (18m), toujours conçues par Fly-Box, mais propulsées avec de l’hydrogène vert. Ces dernières pourront remonter le Rhône pour acheminer des containers de plusieurs dizaines de tonnes de fèves de cacao depuis le port de Fos-sur-Mer jusqu’à la chocolaterie de Tain-l’Hermitage. Et réciproquement, pour transporter les produits finis destinés à l’étranger, de Tain jusqu’au port. Ces opérations nécessitent environ 600 camions. L’objectif plus lointain est même de caboter le long des côtes méditerranéennes pour approvisionner directement les clients jusqu’à Barcelone ou Gênes.

Dans un troisième temps, la livraison de chocolat en ville pour les ateliers des chocolatiers, les restaurants ou les hôtels sera mise au point en utilisant le réseau de voies navigables françaises. Celles-ci, largement inutilisées, permettent de joindre le Rhône à la Seine ou au Rhin. Vu leur taille, les bateaux Fly-Box peuvent passer partout. Et une fois arrivés sur le quai des centres villes, la livraison s’achèverait par vélos-cargos électriques.

Valrhona voit encore plus loin. L’entreprise est depuis novembre 2023 sociétaire de Windcoop, la première coopérative citoyenne et militante de transport de marchandises à la voile. Avec la société productrice de vanille Norohy, elle a engagé un investissement de 300 000 €, qui permettra la construction d'un voilier-cargo destiné à acheminer, dès 2026, 100% du cacao Valrhona et de la vanille Norohy de Madagascar jusqu'au port de Marseille.

La diminution de l’empreinte carbone fait depuis longtemps partie des enjeux stratégiques de la Maison Valrhona. Depuis 2019 Valrhona est ainsi passée aux biocarburants comme le colza pour alimenter sa flotte de camions, permettant d’économiser 143 tonnes de CO2 en 2022. Elle a mis au point une consommation de cartons réduite de 30 %. Dans les agglomérations françaises, Valrhona a également choisi de mettre en place la livraison des derniers kilomètres à vélo ou en véhicule électrique (3,2 tonnes de CO2 économisées en 2022). A Tain, les employés de Valrhona circulent déjà d’un site à l’autre en vélo électrique.

Contacté, Thomas Maurisset, Directeur des Opérations Valrhona, annonce quelques dates :  Présentation de la plate-forme Fly-Box à l’Ocean Week de Monaco en mars, à la Viva Tech de Paris en mai, et test sur le fleuve … en juin ! Une échéance qui excite la curiosité des habitants de la vallée du Rhône. L’arrivée de ces bateaux électriques innovants sur le Rhône sera une belle façon de renouer avec l’origine étymologique du nom Valrhona.

Article publié dans le JTT du jeudi 14 mars.


vendredi 15 mars 2024

Hippolyte Cupillard, la passion du film d’animation

Le pôle de l’image animée de la Cartoucherie à Bourg-lès-Valence rassemble une quinzaine de structures et studios de cinéma, dont Folimage spécialiste des films d’animation, Foliascope dédié au stop-motion et La Poudrière, une école qui forme aux différents métiers du cinéma d’animation. Avec environ 700 emplois, la Cartoucherie représente à la fois une économie locale et une notoriété internationale. Elle a participé à la réalisation de films primés comme récemment « Interdit aux chiens et aux Italiens » et « Léo, la fabuleuse histoire de Léonard de Vinci ».

Difficile d’intégrer la Poudrière, cette formation professionnalisante, où les promotions comptent en général une dizaine d’étudiants venus du monde entier, Chine, Inde, Russie, Italie … Hippolyte Cupillard a eu la chance d’y être admis, et de finaliser ainsi ses études de réalisateur en 2018. Après une formation initiale aux Beaux-Arts de Besançon, suivie d’un Erasmus à la célèbre école d’art et design La Cambre de Bruxelles, ce passionné de cinéma dès le plus jeune âge (ses parents étaient férus de ciné-club) a pu côtoyer à La Poudrière tous les métiers nécessaires à la création d’un court-métrage d’animation. Le vivier cinématographique de La Cartoucherie lui a aussi permis de rencontrer des partenaires de travail et de se constituer un réseau. Car fabriquer un film d’animation nécessite du temps, de l’argent et de nombreuses techniques spécifiques. A partir d’une idée, viennent d’abord le dessin et le scénario. Puis il faut mettre en mouvement les images, choisir musique et bruitage, enregistrer, monter le tout, couper. Pour tout cela, trouver des financements et des distributeurs.

Hippolyte a eu de la chance, son film de fin d’études, L’île d’Irène a été programmé dans les festivals de courts métrages d’animation, ce qui lui a permis de se faire connaître dans le milieu. Son second film, La séance, un hommage au cinéma se relevant du Covid, a été programmé dans les salles du Navire à Valence et du centre Pompidou à Paris. S’il continue de travailler à ses propres créations, Hippolyte collabore régulièrement avec d’autres réalisateurs comme animateur 2D ou dessinateur. Ainsi pour le film « J’ai perdu mon corps » de Jérémie Clapin, primé au festival de Cannes 2019 et à celui d’Annecy.

Le bouche-à-oreille fonctionne, même s’il fait appel au crowdfunding pour financer le court métrage actuellement en gestation, Gemini, dont le thème est : « Est-il possible de rêver jusqu’à oublier sa propre réalité ? Est-il possible de s’enfoncer si profondément dans son monde intérieur que l’on se libère de sa propre souffrance au travail ? ». Vaste question, loin des scénarii populaires. Mais Hippolyte ne cherche pas la notoriété, et en cela le cinéma d’animation se distingue vraiment du cinéma en prises réelles. La création, tellement plus épanouissante, est son objectif. Or Valence offre une intense activité de production visuelle. La Poudrière explose de talents, les conditions idéales pour rendre Hippolyte heureux.

Article publié dans Regard Magazine de mars 2024.

mercredi 13 mars 2024

Dans son atelier, l'âme de Toros est toujours vivante

Alors qu’on a fêté l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, penchons-nous sur un autre célèbre expatrié d’origine arménienne, Toros, qui a marqué de son art toute la région, et en particulier édifié le monument en hommage à Missak, à Valence. 
Toros, né en 1934 à Alep de parents rescapés du génocide arménien, a développé une oeuvre sculptée foisonnante dès son arrivée en France en 1967, à Valence puis Romans. Les commandes monumentales qui décorent les villes de notre région témoignent de son succès. Des œuvres tantôt figuratives, tantôt cubistes, tantôt épurées jusqu’à l’abstraction.  A Tain : Cérès et son raisin sur le cœur, la Femme à la cabosse devant la Cité du chocolat, le Taureau place du Taurobole. A Romans, le Penseur, la Femme en bleu, le Joueur de flûte ; à Valence, le Rendez-vous, la Mère et l’enfant, l’Enfant au cartable vide à Bourg-lès-Valence… Et dans plusieurs autres agglomérations, Marseille, Aix, Vienne, Saint-Etienne, des allégories en mémoire du génocide arménien. Une carrière développée aussi avec succès à l’international.
Depuis son décès en 2020, Marie, son épouse, fait vivre son œuvre en organisant des expositions, comme celle qui a eu lieu à Aix-en-Provence au Musée des Tapisseries, d’octobre à décembre 2023. Mais surtout, elle ouvre son atelier de Romans à la visite. Les nombreuses œuvres originales exposées, autour des thèmes de la nature, de la femme, des animaux, sont superbes. Les photos affichées de Toros rappellent à tous qu’ici, il a dessiné, puis découpé, martelé, soudé, façonné, coulé, poncé et poli le métal, cuivre ou bronze.






Les visiteurs, particuliers, groupes, se montrent passionnés par le travail de Toros. Notamment les scolaires, encadrés par leurs enseignants de Romans. Lors des séances d’art plastique organisées à l’atelier, ils posent des questions pertinentes et interprètent les œuvres avec beaucoup de sensibilité.  L’enfance de Toros les interpelle, lui qui a arrêté l’école à 10 ans, pour gagner sa vie en travaillant le métal comme soudeur, ferronnier, dinandier. L’usage de ses innombrables outils, la beauté des motifs animaliers, le message de tolérance et de paix, sont évocateurs pour les enfants. Et dans l’atelier de Toros, parmi les œuvres de l’artiste, les travaux scolaires réalisés ne déparent pas.

Marie organise aussi des spectacles musicaux ou littéraires gratuits tout au long de l’année dans l’atelier. Un lieu magique, toujours habité par l’âme de Toros.

Prochain rendez-vous public et gratuit à l’atelier de Toros : une balade littéraire à l’occasion du Printemps des poètes le 17 mars à 15h. Le thème du Printemps des poètes cette année est « La grâce ». Une notion qui résonne parfaitement avec l’œuvre de Toros.


Deux autres concerts sont prévus les 2 juin et 23 juin à 17H.
Contact 06 22 57 91 07 r.toros@wanadoo.fr
Atelier Toros : 16 avenue Jean Moulin à Romans.

Article publié dans le JTT du jeudi 17 mars 2024 et dans Regard Magazine de juin 2024.

jeudi 7 mars 2024

Les lumières sauvages de Peaugres


Un monde enchanté, une heure de déambulation nocturne parmi les animaux exotiques, lion, panda, crocodile, ceux de nos forêts et de nos lacs, et même les dinosaures et autres mammouths. Tous mis en scène dans des attitudes naturelles. Mention spéciale à la présentation féérique des contes et légendes, on se croirait dans une dessin animé grandeur nature, la magie est au rendez-vous, les enfants adorent, les adultes se laissent charmer.

A voir au Safari de Peaugres (Ardèche), tous les soirs jusqu’au 30 mars. Entrée : 19.90€.

Article publié dans le JTT du jeudi 7 mars 2024.

Toutes les vies de Thierry Roudil, de la police à la scène

Quel personnage étonnant que Thierry, son cœur d’artichaut, les femmes de sa vie, ses réussites, ses galères, ses problèmes de santé, sa bonne étoile et surtout son étonnante faculté de rebondir après les épreuves. De la police judiciaire au stand-up, du café à l’Appart-Café, de la programmation d’humoristes à l’organisation du Festival du Quai, Thierry est incontournable dans le monde du spectacle à Valence.

 De la police à la scène

Thierry Roudil, né à Bourg-de-Péage, a passé son enfance dans le café maternel. Plus tard, entré dans la police, inspecteur à la brigade des stups à Lyon en 1993, il se laisse déborder par ses enquêtes, ses déceptions amoureuses, dérape et finit par être révoqué au bout de 15 années de bons et loyaux services. Dépression. Mais en 1999, une opportunité se présente :  un ancien café est en vente à Bourg-lès-Valence, il l’achète et le retape, devient le roi de la nuit valentinoise, malgré une addiction à l’alcool. L’Appart-Café est né, il se lance dans la programmation de spectacles d’humour. Et pour ses 50 ans, en 2013, il met au point un spectacle cocasse sur ses déboires sentimentaux. C’est alors qu’une maladie génétique le rattrape, et, en attente d’une greffe de rein, il arrête tout. Rencontre en 2018 avec la femme de sa vie, qui lui donne la force de se battre. Même le Covid qui le laisse temporairement paralysé de ses bras et de ses jambes ne l’arrêtera plus ...

 A contresens

C’est le titre du nouveau one man show de Thierry, dans lequel il évoque avec franchise et humour ses différentes vies, à la fois folles et vraies. Son parcours à contresens. Le spectacle inauguré en 2022 lui a permis de participer au Festival d’Avignon en 2023.  Il s’y est constitué un réseau dans le domaine de l’humour, et de nombreux engagements ont été conclus, on le programme d’abord dans les salles de café-concert, puis sur les scènes de théâtres, à Lyon, Agen, Sète… et Valence ! Thierry cumule maintenant trois vies : responsable d’une salle de spectacle de 60 places, programmateur d’humoristes renommés et artiste lui-même !

Le Festival du Quai

L’Appart-Café, rue Thannaron sur les quais de Bourg-lès-Valence, est voisin d’une école de musique, d’une école de danse, et proche du théâtre du Rhône. Il n’en fallait pas plus pour que Thierry propose à ses voisins de créer un Festival … du Quai. La première édition, en 2016, dure 3 jours. Depuis le festival s’est étoffé, les salles de l’Agora de Guilherand-Granges, du CEP de Saint-Péray, du Comedy Palace et du Théâtre de la ville de Valence, du restaurant La Parenthèse, ont rejoint l’Appart-Café. Le Festival est consacré à l’humour sous toutes ses formes, il se déroule sur 15 jours dans toutes ces salles, attirant plus de 1000 spectateurs. Du 15 au 29 mars cette année, avec de nombreux spectacles gratuits.

Programme détaillé sur www.appartcafe.fr 

Article publié dans Regard Magazine de mars 2024.

vendredi 1 mars 2024

La bibliothèque Tiraboschi de Bergame

Elle m'a accueillie le 22 février, dans une grandiose architecture signée Mario Botta. Les Bergamasques ont apprécié la présentation de mon livre en italien.

Quel plaisir de pouvoir ainsi "ramener" mon grand-père chez lui !