Cette fresque flamboyante n’est pas un roman, mais une succession de plusieurs romans. Naturaliste (le bon sauvage), éducatif (la vie de saltimbanque), érotique (l’amour torride avec Emma), récit de guerre (la boucherie de 1914-18), exotique (la survie dans la jungle en Amérique du sud). Chaque partie correspond à une tranche de vie du héros, un garçon muet, qui n’a ni nom, ni famille, mais une faculté d’adaptation peu commune.
Le style se diversifie suivant les étapes, mais reste
toujours riche, travaillé, exprimé par une belle langue littéraire. Les
situations se succèdent, s’enchaînent par des rebondissements étonnants. Des
références musicales, poétiques, politiques, sociales, savantes alternent avec
des listes, morts à la guerre, catégories botaniques. Le tout est soutenu par
l’humour, la distance critique, la remise en question des valeurs, des morales,
et parfois la colère. Marcus Malte voit grand, et ne s’essouffle pas. Son verbe
est puissant, ses digressions érudites, il balaie à travers son histoire tout
le début du vingtième siècle ... Et agrémente même son propos de clins d’œil, à
Cendrars, à Hitler…
Bref, un ouvrage pas facile à lire, déstabilisant,
mais étourdissant de passion, de réalisme et de poésie. La vie d’un homme peu
ordinaire dans un siècle déchaîné. Vertigineux et inclassable.
Marcus Malte est né en 1967 à La Seyne-sur-Mer. Il est l’auteur de plusieurs romans noirs, nouvelles, ainsi que de recueils pour la jeunesse. « Le Garçon » a obtenu le Prix Femina 2016. Il est disponible en poche chez Folio.
Chronique publiée dans le Jtt du jeudi 23 mars.
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