Tous les fanas de randonnée ont « Martel » en tête. Un sentier mythique, une rando superbe, qui permet d’apprécier pleinement le Grand Canyon du Verdon, site classé au patrimoine de l’Unesco. Ce canyon a été entièrement parcouru pour la première fois en 1905 par Alfred-Edouard Martel, explorateur, hydrologue, accompagné de Isidore Blanc, instituteur au village voisin de Rougon. Le sentier Blanc-Martel, aménagé ensuite dans les années 1920 par le Touring club de France, est balisé et sécurisé. Entièrement rééquipé en 2013, il bénéficie d’un système de navettes permettant de rejoindre le parking du départ.
Cette randonnée exige de l’endurance et une bonne forme
physique, il faut compter environ 7 h de marche entre le départ du chalet de la
Maline et l’arrivée au point Sublime. Être conscient qu’il n’y a pas d’autre
issue que les deux extrémités, donc si on commence, il faut aller jusqu’au bout
et ne pas craindre le vertige. Enchaîner montées et descentes, affronter les
escarpements rocheux, les pierriers, les volées d’escaliers, les passages
aériens, les passerelles … traverser tunnels et grottes.
Dès le chalet de la Maline, on pénètre dans un monde de
falaises sauvages. La pente est raide, la vue est spectaculaire, les eaux
turquoise du Verdon apparaissent tout au fond des gorges. Il faut se concentrer
à chaque pas pour ne pas glisser dans les éboulis et autres pierriers. La
végétation éparse se densifie au fur et à mesure de la descente. Buis, arbrisseaux
rabougris, chênes kermès, chênes verts, laissent peu à peu la place à des
chênes majestueux dont les racines épousent la roche.
En bas, près du Verdon, un sentier presque plat permet de
reprendre son souffle. On peut prêter attention aux oiseaux qui gazouillent,
aux vautours qui tournoient là-haut au-dessus des falaises. Reconnaître quelques
fleurs, violettes, primevères, anémones, hépatiques, iris, où virevoltent des
papillons jaunes. S’enivrer des odeurs de thym. Admirer la couleur turquoise du
Verdon, ses marmites, ses rapides, ses goulets. Et profiter de sa fraîcheur !
Puis une remontée bien raide précède une nouvelle descente vertigineuse, par une série d’escaliers métalliques de plus de 150 marches. Encore une autre montée, qui conduit au couloir Samson et ses tunnels, vestiges d’installations hydrauliques abandonnées. La canalisation du Verdon, afin d’irriguer Aix et la Provence, a été un chantier titanesque sans cesse réorganisé, jusqu’à la construction de l’actuel canal de Provence. Certains tunnels sont fermés, ils servent de zone de protection pour les chauves-souris. Tout le canyon est d’ailleurs un parc naturel classé.
L’arrivée au Point Sublime, terme du sentier est forcément … sublime. Le regard embrasse tout le Grand canyon du Verdon, merveille naturelle creusée par l’opiniâtreté d’un torrent de montagne à travers les masses rocheuses des Préalpes. Exemple suivi par les hommes, qui, depuis la Préhistoire, ont façonné par leur travail cette terre si belle mais difficile à vivre. Une nature sauvage, entre influences alpine et méditerranéenne, refuge pour la flore et la faune. Que seule la randonnée permet d’apprécier à sa juste valeur.
Article publié dans le JTT du jeudi 16 mars.
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