samedi 1 avril 2023

Les guerres civiles et de religion dans le Vivarais entre 1559 et 1629

C’est le titre de la conférence que Aloïs Debaud, enseignant et historien, a proposé mercredi soir à Tournon. Une tranche de 70 années mouvementées de l’histoire du pays, et creuset d'autres crises postérieures, malgré la volonté de Henri IV.

Pourquoi parler de guerres civiles plutôt que de guerres de religion ? parce que c’est par là que tout a commencé. La France en général, le Vivarais plus que tout, ont alors connu une période d’extrême pauvreté. Mauvaises récoltes, famines, troupes de pillards désœuvrés après les campagnes d’Italie, vandalisant et égorgeant les paysans, bandits rançonnant les routes… Plus rien ne fonctionnait, pas même le pouvoir royal après le décès du roi Henri II en 1559. Des successeurs falots, des nobles se déchirant à la cour, parti des Guise contre celui des Condé, tous incapables de lever des impôts pour assurer la sécurité du royaume, religieux accumulant les richesses, nouvelle classe de bourgeois ne trouvant pas sa place, la contestation contre les pouvoirs politique, économique, religieux se développait dans tous les esprits. Le terreau idéal pour adopter les nouvelles idées issues de la Réforme.  C’est donc ainsi que les guerres de religion ont commencé, la querelle théologique entre catholiques et protestants paraissant secondaire à côté des dénonciations entre voisins, querelles de famille, vengeances personnelles, opportunisme et simple vandalisme …

Le Vivarais fut particulièrement marqué par ces exactions. Aubenas, Privas, Annonay se rallièrent aux idées protestantes, les églises et leurs richesses furent pillées. A partir de 1560, d’autres villes furent prises, reprises, re reprises … par des hordes catholiques ou protestantes. Un des chefs protestants de sinistre mémoire est François de Beaumont, le cruel baron des Adrets, un ancien militaire des guerres d’Italie, qui en moins de deux ans mit à sac Lyon, Vienne, Grenoble, Romans, Valence, jusqu’à Avignon et s’en revint en multipliant les massacres, dont Tournon en 1562, avant de se fâcher avec Condé et retourner au catholicisme !

Le comte de Tournon, Just II, qui perdit la vie en faisant le siège de Saint-Agrève en 1563, puis sa femme Claude de la Tour-Turenne essayèrent de faire cohabiter les deux partis dans leur fief. On espérait la paix, mais les exactions continuèrent, Annonay fut prise et reprise 6 fois avant de connaître une pacification relative en 1577. En 1589, l’avènement de Henri IV puis en 1598 la promulgation de l’Edit de Nantes qui accordait le droit de choisir sa religion, apaisèrent les esprits. Mais Henri IV fut assassiné en 1610 et les troubles reprirent. Privas, bastion du protestantisme durant 70 ans, fut assiégée puis rasée en 1629, juste avant la signature de la paix d’Alès la même année. La fin de l’époque présentée par Aloïs Debaud, mais pas la fin des problèmes.

Un public nombreux a écouté cette leçon d’histoire organisée à la salle Brassens par les Amis du Musée et du Patrimoine de Tournon. Beaucoup de questions ont été posées, car les guerres de religion ont fortement marqué le Vivarais. Il faut souhaiter qu’une autre conférence éclaire la suite de cette période troublée, avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, suivie par la reprise des persécutions et l’exode de nombreux protestants vers l’étranger.

Article publié dans le Jtt du jeudi 30 mars.

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