Un titre parfaitement évocateur. Car la Méditerranée est un mur pour tous les migrants qui souhaitent la traverser vers l’Europe et une vie meilleure. Dans ce récit à trois voix, trois femmes vaillantes, venues d’horizons différents, se trouvent embarquées sur le même chalutier délabré, en pleine tempête. Pleines d’espoir d’atteindre Lampedusa, terre promise, malgré les conditions du voyage.
Les passeurs, que ce soit au Sahara, au Soudan, en Ethiopie,
sont des voleurs qui traitent les candidats à l’émigration comme du bétail,
mais les passeurs Lybiens sont les pires, des tortionnaires sadiques qui les
utilisent comme esclaves. Des hommes pervers et cruels, qui appliquent les
mêmes méthodes que leurs ancêtres, marchands d’esclaves au 19ème
siècle. A Tripoli, les candidats au départ doivent tout accepter, s’ils veulent
monter un jour sur un bateau.
Louis-Philippe Dalembert brosse un portrait extrêmement
réaliste et saisissant de la situation. Dans un style parfaitement maitrisé, il
dévoile ce scandale que les Européens essaient d’ignorer. Il parvient même à
donner de la légèreté au texte par le caractère volontaire et positif des
héroïnes, des femmes qui tiennent grâce à leur solidarité et leur énergie. Un
récit puissant et utile.
Louis-Philippe Dalembert est né à Port-au-Prince (Haïti) en
1962. Ecrivain, journaliste, il vit entre Berlin, Paris, Rome et Haïti. C’est
dans cette multiculture qu’il puise sa créativité.
Mur Méditerranée est disponible en poche chez Points.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 24 décembre 2020.
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