L’histoire de Kimiâ, jeune Iranienne, fille de dissidents
politiques, réfugiée à Paris, ouvre sur toutes les difficultés et les richesses
de la vie. Pendant la longue attente
d’une procréation médicale assistée dans une salle d’hôpital, Kimiâ se souvient
de son périple, fait le bilan de sa vie.
D’abord, l’aspect intime, avec l’adolescence, les rapports familiaux,
les conflits. Puis la vie adulte, la révolte, les relations hommes-femmes,
homos-hétéros. Tout cela vécu dans une famille persane, où il est difficile de
revendiquer l’indépendance et la différence. Où la tradition sert de ciment
social, plus encore quand on est exilé.
Ensuite, il y a l’énorme différence entre la France rêvée depuis
Téhéran, pays de liberté, terre promise, et la dure réalité parisienne, faite
d’indifférence, de mépris, de pauvreté, affrontée à l’arrivée. Enfin, par
bribes, Négar Djavadi nous raconte les dernières décennies de l’histoire de
l’Iran, révolution contre le shah, dictature de Khomeiny, guerre contre l’Irak.
Sans langue de bois, et avec le recul des années et de la distance.
Telle une conteuse orientale, son récit fait des tours et
des détours, passe d’un registre à un autre, n’aborde pas les problèmes de
front, mais les dévoile peu à peu. Le style est vif, caustique, l’analyse tout
en finesse et profondeur ne s’attarde pas sur les apparences et remet en cause
beaucoup de sujets. Désorientale est
un titre particulièrement bien choisi, qui illustre parfaitement la maîtrise de
la langue de l’auteur et son statut à part dans la société. On ne peut lâcher ce roman, aux accents autobiographiques,
mené de main de maître.
Négar Djavadi, née en Iran en 1969, vit à Paris. Diplômée
d’une école de cinéma, elle est à la fois réalisatrice et scénariste. Désorientale, son premier roman, a
remporté de nombreux prix. Il est disponible en format poche chez Liana Levi.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 24 mai.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 24 mai.
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