De nombreux riverains ont profité du
soleil et des vacances, pour visiter les deux péniches amarrées
vendredi et samedi, quai Defer à Tain. Banderoles, drapeaux,
affiches sérigraphiées, chapiteau, impossible d'ignorer qu'il se
passait quelque chose à bord. Mais quoi ? Une promotion du transport
fluvial à l'échelle régionale. L'expérimentation d'une pratique
écologique, à la fois dans l'air du temps et dans la continuité de
la tradition marinière.
Sur la péniche Alizarine, le capitaine
Raphaël et son matelot Cécile accueillaient les curieux, ravis de
franchir la passerelle. A côté, sur la Tourmente, capitaine Sam et
matelot Denis faisaient de même. Dans leurs cales, un stock de
marchandises régionales en transit, vins et conserves d'Ardèche,
miel et riz de Camargue, huile et confitures, potirons, transportés
de Sète à Paris pour l'une, de Sète à Bordeaux pour l'autre, soit
1500 km par fleuves, rivières et canaux. Pas question, pour ces
péniches des années 1930, bien restaurées, de vitesse performante
: il faut compter 21 jours pour faire le trajet de Sète à Paris,
avec une escale chaque soir, pour charger ou décharger les produits,
informer le public, faire de la publicité, contacter les
producteurs.
Au bout du voyage, la participation à
la COP 21 à Paris, la fameuse conférence internationale sur le
climat. Les Voies Navigables de France organisent l'accueil de
l'Alizarine, espèrent la présence de la ministre de l’Écologie,
pour soutenir ce projet de ligne régulière fluviale empruntant la
plus ancienne "route des vins". Un potage avec les potirons
transportés sera concoté par Cécile, porteuse du message : si on
ne peut pas changer le climat, changeons nos pratiques!
En France, le transport fluvial
bénéficie du meilleur réseau d'Europe, mais il a été abandonné
au profit du transport routier. Pourtant il faut une colonne de
camions pour transporter autant de frêt qu'une seule péniche (les
plus gros gabarits transportent jusqu'à l'équivalent de 200
camions). En Allemagne, le transport fluvial est incessant, on compte
un bateau de commerce sur le Rhin toutes les 5 secondes, contre un
toutes les 5 heures sur le Rhône.
A l'heure des économies d'énergie,
des routes embouteillées, des accidents multiples, un transport qui
réduit la consommation d'énergie, ce n'est pas une idée ... barge
!
En savoir plus : http://bateau-alizarine.fr/
Article publié dans le JTT.
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