Pas question de cinéma ici, malgré une suite de péripéties digne
d’un grand film, mais de psychanalyse. Le roman alterne la progression
des séances chez un psy parisien, une rare immersion dans cette thérapie
mystérieuse, avec la relation du parcours de Donya, jeune étudiante iranienne
obligée de fuir son pays.
Une enfance brisée, une adolescence dans l’Iran déchiré où
sévissent la terreur, la violence, la répression sous le régime des mollahs. Un
viol collectif par ces gardiens de l’ordre moral. La fuite à Istanbul, à vingt ans, où il faut
survivre, entre danse orientale, job dans une clinique et études. L’obligation
de se rendre en Bulgarie pour renouveler le permis de séjour, tous les trois
mois, dans des conditions apocalyptiques. Jusqu’à l’arrivée comme réfugiée à
Paris, pour recommencer une autre vie, apprendre une nouvelle langue, de
nouveaux codes.
Donya survit difficilement, elle est détruite
intérieurement, aussi, dès qu’elle manie correctement le français, elle
entreprend une psychanalyse. Mais la psychanalyse ne règle rien, la vie
personnelle désastreuse du psychanalyste en illustre les limites. Quant au monde
occidental, ce paradis idéalisé, quelle déception ! Des gens libres qui ne
savent pas en profiter. Personne n’écoute la douleur de Donya.
Finalement, l’écriture se révèle la vraie thérapie. En abandonnant
le persan, langue de son enfance et de son malheur, pour le français, elle pourra
enfin exprimer sa révolte.
Chahdortt Djavann s’est largement inspirée de son propre parcours
pour écrire "Je ne suis pas celle que
je suis", puis "La dernière séance".
Arrivée en France en 1993, elle a mis toute son énergie à assimiler au plus
vite la langue française, multipliant les petits boulots pour payer ses études
de littérature et psychologie. Critique de l’intégrisme musulman, elle a écrit
de nombreux articles, romans et essais exprimant sa révolte, et sa lutte pour
l'émancipation des femmes, dont le très remarqué "Bas les voiles !"
"Je ne suis pas celle
que je suis" et "La dernière séance"
sont disponibles en Livre de poche.
Chronique publiée dans le JTT.
Chronique publiée dans le JTT.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire