Une exposition inédite de photos de mode réalisées par le photographe Thierry Orban dans les années 1990 a pris place depuis le 4 mai dans l’église Sainte-Foy de Mirmande.
Les clichés magnifiques pris lors de défilés de mode chez
Dior, Lacroix, Saint-Laurent, avec les mannequins vedettes, Claudia, Carla,
Naomi… sont parfaitement mis en valeur sur les austères murs de pierre de l’église.
Ce qui faisait la particularité de Thierry ? La mise en scène du détail,
qui sublimait le modèle. Mais plus encore que ces témoignages d’éphémère
beauté, c’est la personnalité de Thierry Orban et sa démarche caritative qui
méritent le détour. Car le grand reporter au palmarès éblouissant est
maintenant rattrapé par la maladie d’Alzheimer. Et cette exposition se
terminera le 2 juin par la vente aux enchères des œuvres présentées, au profit
de la fondation France Alzheimer Drôme.
Thierry Orban a parcouru le monde entier, couvert tous ses
bouleversements, guerre en Irak, Rwanda, chute du mur de Berlin, tremblements
de terre et autres révolutions. Employé par la célèbre agence Sygma dès sa
sortie de la prestigieuse école Louis Lumière, il a ainsi été envoyé dans 96
pays à travers le monde. Un métier où il fallait être toujours prêt à partir
n’importe où, dès réception d’un appel de l’agence. Thierry avait en permanence
3 valises prêtes, une pour les pays chauds, une pour les pays froids, la
troisième pour les pays tempérés. Sur place, après avoir pris contact avec le
« fixeur » (le guide-interprète), il allait au plus près des
événements, choisissait soigneusement ses prises de vues, car à l’époque il n’y
avait que 36 poses sur une pellicule ! Avant de les envoyer par avion à
l’agence, car il fallait être le plus rapide, pour avoir la primeure pour les
différents magazines, Paris Match, l’Express, Newsweek… Couvrir les défilés de
mode, les concerts de Madonna, les portraits de personnalités, comme Mitterrand,
Chirac, la Reine Elizabeth… était nettement plus confortable.
Tout cela, on l’apprend dans une vidéo présentée à l’exposition.
Un film émouvant où Thierry raconte son parcours, sa carrière, avec beaucoup
d’anecdotes savoureuses, mais aussi sa confrontation lucide avec la maladie.
Une réalité difficile à admettre. Si l’exposition des photos de Thierry attire
les amateurs de beautés spectaculaires, visionner la rencontre avec l’homme
blessé est un grand moment d’humanité et d’humilité.
En ce mois de mai, Mirmande est un enchantement. Il faut se perdre dans les ruelles escarpées, fleuries de roses et d’iris. Grimper les calades jusqu’à l’église Sainte-Foy et savourer le panorama ouvert sur la campagne drômoise depuis le parvis. Avant de se plonger dans l’univers d’un grand photographe, dont la vie est un roman.
Article publié dans le JTT du jeudi 23 mai 2024
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