Cléo Janin a vingt ans, elle suit une formation de pâtissière en alternance, entre les stages chez son patron, Gilles Saint-Sorny à Tournon, et les cours au CFA de Davézieux. Une vocation qui a mûri peu à peu, depuis son envie d’ouvrir une librairie-salon de thé dans son adolescence, afin de jouer sur ses deux passions, gourmande et littéraire. Pas facile pourtant d’imposer cette orientation : après son bac, obtenu avec la mention TB, certains professeurs l’auraient volontiers engagée vers de longues études théoriques. Mais Cléo était déterminée et elle avait l’appui inconditionnel de ses parents pourtant hors du sérail.
Cléo est évidemment une des meilleures apprenties en
pâtisserie, choisie pour participer à de nombreux concours et formations. Petit
choux ou ganache, bûches de Noël ou gâteaux d’anniversaire, elle apprend vite
et aborde toutes les facettes du métier en ajoutant sa touche personnelle. Mais
là où l’histoire devient exceptionnelle, c’est qu’elle a converti son père à la
boulangerie !
Comment cela ? Emmanuel était cadre dans une grosse
entreprise tournonnaise. Beaucoup de stress, de responsabilités, de
déplacements, qu’un changement de direction et le Covid ont encore accentués,
le conduisant au burn-out. A la quarantaine, désireux de changer complètement de
vie, et plutôt habile de ses mains, il a commencé à se renseigner sur une
reconversion. Et le hasard a voulu que l’apprenti en boulangerie où travaillait
Cléo démissionne, il était allergique à la farine. Impossible de trouver un
remplaçant. C’est alors que Gilles, son patron lui a demandé : ton père, il ne voudrait
pas devenir boulanger ? Bingo. Emmanuel a accepté d’essayer, par curiosité
et pour mieux connaître le milieu dans lequel sa fille évoluait. A son tour, il
s’est passionné pour ce métier créatif et manuel, où chacun est autonome, bien
loin de la pression des grandes entreprises.
Voilà donc Cléo en apprentissage à Tournon, tandis que Emmanuel est en apprentissage à la boulangerie-école l’AURA à Chabeuil … Ils se croisent parfois dans les formations ou les salons professionnels, mais ce qu’ils ambitionnent, quand ils auront terminé leur cursus, c’est de créer ensemble dans la région leur propre boulangerie-pâtisserie. Peut-être même qu’on y vendra aussi des livres ?
Article publié dans le Jtt du jeudi 13 juillet.
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