La Tour d’Albon est un but de promenade champêtre en Drôme
des collines, entre champs de colza, sous-bois fleuris et maisons de pisé. Dominant la vallée du Rhône, jouissant d’un superbe panorama à
360° de l’Ardèche au Vercors, sa position est exceptionnelle, mais son histoire
tout autant. Car c’est l’ambition des comtes d’Albon qui a été à l’origine du Dauphiné.
L’histoire commence à Vion, de l’autre côté du Rhône, où une
seigneurie s’installe avant l’an mil (la crypte de l’église en témoigne). La dynastie
des sieurs de Vion va prendre de l’importance avec Guigues Ier, devenu en 1030
comte d’Albon par la grâce de son oncle l’archevêque de Vienne. Un titre accompagné
d’un fief majeur, la partie sud du Viennois, jusqu’à l’Isère. Guigues quitte
son domaine de Vion pour s’installer à Albon, c’est vraisemblablement à cette
époque qu’il fait construire un premier château-fort (en bois) sur la colline. La
tour carrée actuelle sera ajoutée postérieurement.
Par la suite, tous ses successeurs n’auront qu’un objectif :
agrandir leurs terres et leur pouvoir. Par des mariages diplomatiques, des
guerres de voisinage et surtout l’appui de la hiérarchie religieuse. Ainsi Guigues
III ajoute le Grésivaudan à ses possessions. Guigues IV est le premier à porter
le prénom Guigo Delphinus, en référence aux liens de sa province avec le Rhône
et la mer. Guigues V se fait appeler Dauphin du Viennois dès 1142. Par le jeu successif
des héritages, le Dauphiné passe dans le giron des ducs de Bourgogne, donc de l’Empire
romain germanique.
Le dernier Dauphin du Viennois, Humbert II, criblé de dettes
négocie en 1349 le rachat de celles-ci contre la cession du Dauphiné au roi de France
Philippe de Valois. Plusieurs conditions sont émises, entre autres que le fils
aîné du roi de France porte désormais le titre de Dauphin. Le traité est scellé
par le mariage du futur Charles V, petit-fils de Philippe, avec Jeanne de
Bourbon en 1350 à Tain, ville frontière entre Empire et Royaume. Peu de villes
françaises peuvent s’enorgueillir d’avoir été le lieu d’un mariage royal, un
détour s’impose pour admirer la statue représentant les deux enfants, alors âgés
de 12 ans, sur le parvis de l’église de Tain.
Article publié dans le Jtt du jeudi 11 mai.
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