mercredi 10 mai 2023

De Vion à Tain en passant par Albon : la naissance du Dauphiné

La Tour d’Albon est un but de promenade champêtre en Drôme des collines, entre champs de colza, sous-bois fleuris et maisons de pisé. Dominant la vallée du Rhône, jouissant d’un superbe panorama à 360° de l’Ardèche au Vercors, sa position est exceptionnelle, mais son histoire tout autant. Car c’est l’ambition des comtes d’Albon qui a été à l’origine du Dauphiné.

L’histoire commence à Vion, de l’autre côté du Rhône, où une seigneurie s’installe avant l’an mil (la crypte de l’église en témoigne). La dynastie des sieurs de Vion va prendre de l’importance avec Guigues Ier, devenu en 1030 comte d’Albon par la grâce de son oncle l’archevêque de Vienne. Un titre accompagné d’un fief majeur, la partie sud du Viennois, jusqu’à l’Isère. Guigues quitte son domaine de Vion pour s’installer à Albon, c’est vraisemblablement à cette époque qu’il fait construire un premier château-fort (en bois) sur la colline. La tour carrée actuelle sera ajoutée postérieurement.

Par la suite, tous ses successeurs n’auront qu’un objectif : agrandir leurs terres et leur pouvoir. Par des mariages diplomatiques, des guerres de voisinage et surtout l’appui de la hiérarchie religieuse. Ainsi Guigues III ajoute le Grésivaudan à ses possessions. Guigues IV est le premier à porter le prénom Guigo Delphinus, en référence aux liens de sa province avec le Rhône et la mer. Guigues V se fait appeler Dauphin du Viennois dès 1142. Par le jeu successif des héritages, le Dauphiné passe dans le giron des ducs de Bourgogne, donc de l’Empire romain germanique.

Le dernier Dauphin du Viennois, Humbert II, criblé de dettes négocie en 1349 le rachat de celles-ci contre la cession du Dauphiné au roi de France Philippe de Valois. Plusieurs conditions sont émises, entre autres que le fils aîné du roi de France porte désormais le titre de Dauphin. Le traité est scellé par le mariage du futur Charles V, petit-fils de Philippe, avec Jeanne de Bourbon en 1350 à Tain, ville frontière entre Empire et Royaume. Peu de villes françaises peuvent s’enorgueillir d’avoir été le lieu d’un mariage royal, un détour s’impose pour admirer la statue représentant les deux enfants, alors âgés de 12 ans, sur le parvis de l’église de Tain.

Article publié dans le Jtt du jeudi 11 mai.


 

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