Le Dauphiné est une province dont l’histoire est pleine de péripéties. A partir de la petite seigneurie de Vion, au 11è siècle, il s’est agrandi par une suite de mariages, guerres, rachats, jusqu’à couvrir une grande partie du sud-est de la France. Il s’étendait même au-delà des Alpes, sur leur versant italien. C’est ainsi que Saint-Donat et Oulx, ville italienne du val di Susa, ont un passé dauphinois commun. Une histoire pas banale, qui a trouvé son aboutissement dans leur jumelage officiel.
A Tain, on connaît la cession du Dauphiné, province du
Saint-Empire romain germanique, au royaume de France en 1343. Mais l’histoire
ne s’arrête pas là. Le grand rival du Dauphiné était alors la principauté de
Savoie, qu’il ne faut pas confondre avec nos actuels départements savoyards. La
Savoie était un grand état en forme de croissant, qui s’étendait du Piémont
jusqu’au Lac Léman au nord et jusqu’à Nice au sud. Elle avait donc une
frontière commune avec le Dauphiné tout le long de l’arc alpin. C’était la
nation ennemie, à laquelle, par le traité d’Utrecht en 1713, la France a dû
« rendre » le val de Susa. De cette
époque datent les forts de Briançon conçus par Vauban.
La prévôté d’Oulx, en Italie, était depuis l’an mil un centre spirituel et administratif puissant, contrôlant de nombreuses abbayes du Dauphiné, dont celle de Saint-Donat. Même après le retour d’Oulx dans le giron savoyard, cette ville de langue française, carrefour commercial des Alpes, a gardé son importance intellectuelle en continuant à former dans ses écoles des instituteurs qui ensuite partaient enseigner dans tout le Dauphiné. C’est ainsi qu’un instituteur d’Oulx, Antoine Silvestre, est venu s’installer à Saint-Donat en 1792. Suivi en 1803 par Nicolas Cossul … Toute la Drôme voyait arriver en hiver des instituteurs venus des deux côtés des Alpes, qui repartaient dans leurs montagnes à la belle saison pour cultiver leurs terres.
Antoine, Nicolas, et bien d’autres Italiens francophones ont
fait souche à Saint-Donat ou ses alentours, et les liens entre la petite cité
drômoise et la celle d’Oulx ont été pérennisés par un jumelage officiel entre les
municipalités. A l’heure actuelle, ce jumelage continue de réunir les citoyens
des deux pays à travers des festivités régulières. Une belle histoire de culture
commune qui traverse les frontières et le temps.
Article publié dans le JTT du jeudi 22 décembre.
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