Dans la montagne ardéchoise, entre Le Cheylard et Saint-Martin-de-Valamas, un précieux savoir-faire se perpétue : la création de bijoux classiques, fantaisie ou haute couture. Deux sites de visite sont ouverts au public, pour faire découvrir ce patrimoine qui anime encore l’économie du territoire : La Maison du bijou et l’Atelier du bijou.
La Maison du bijou, contigüe à l’office du tourisme du
Cheylard, retrace l’histoire de cette industrie, née de la volonté d’un homme,
Charles Murat, en 1868. La présence de l’eau, qui fait tourner les machines, et
celle d’une main-d’œuvre locale minutieuse et volontaire, ont décidé ce bijoutier parisien à développer sa production de bijoux en Ardèche, pour passer
de la pièce unique à la petite série.
La Maison du bijou expose une belle
collection de ses créations au fil du temps : bracelets, colliers,
médailles, broches, pendentifs Art déco, Art Nouveau, contemporains, en or,
argent, laiton, zamac. Les bijoux n’étant pas réservés aux dames, la
collection pour hommes regorge de superbes étuis à cigarettes, pommeaux de
cannes, briquets, boucles de ceintures, boutons de manchette… Dans cet espace
muséal ouvert par le Conseil général en 2010, on pouvait, jusqu’au Covid,
participer à des activités ludiques, comme créer son propre bijou sur des
logiciels développés par les élèves du lycée Amblard de Valence.
A Saint-Martin-de-Valamas, l’Atelier du bijou s’est installé
sur les lieux mêmes de la première manufacture Murat. Le métier d’ouvrier
bijoutier au XIXème siècle y est fidèlement reconstitué. Outils, catalogues,
casiers, établis et machines sont d’époque. On peut même faire sonner la cloche
qui appelait au travail les gens du village à 7 h et actionner la pointeuse. Il
y avait alors 600 employés dans l’usine. D’abord spécialisés dans le chaînage,
ils se sont ensuite formés à l’estampage, au placage, à l’assemblage.
L’économie de la vallée était prospère, on y comptait une quarantaine de
bistrots ! Une ligne de train a été inaugurée dès 1903, facilitant
l’acheminement des matières premières et le retour des objets manufacturés.
La vallée de l’Eyrieux, entre Saint-Martin-de-Valamas et Le
Cheylard, reste un lieu de production de bijoux originaux et divers ateliers
proposent la vente aux particuliers : usine Altesse (qui emploie encore 200
ouvriers) avec les célèbres Georgettes, ateliers Anaïs et Louise, Font’Art
Créations, MSR Bijoux, Oktane Concept. Mais c’est à la pépinière d’entreprises
ouverte en 2018 à l’Atelier du bijou que se joue le futur, avec de jeunes
artisans d’art décidés à perpétuer la tradition autrement : en fabriquant
des pièces uniques, et en les commercialisant sur Internet : Aloe Bijoux,
Antoine Velsch et Dawn Joaillerie jouent la qualité, l’originalité et la
complémentarité. Ils ont trouvé sur place le savoir-faire et les machines
nécessaires à leurs créations. Souhaitons-leur du succès, pour que vive la
vallée du Bijou !
Article publié dans le JTT.
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