samedi 5 janvier 2019

Le Machu Pichu et la Grande route des Incas


Ces deux sites sud-américains prestigieux sont classés à l’Unesco. Mais si le Machu Pichu, ancienne cité inca du XVème siècle perchée sur un promontoire rocheux au Pérou, est une destination touristique très fréquentée, il n’en est pas de même du Qhapac Ñan, « chemin royal »
en quechua, contemporain et tout aussi exceptionnel.

Le Qhapaq Ñan, c’est la Grande route de l’Inca, un réseau de communication monumental s’étendant sur environ 6000 km, le long de la Cordillère des Andes, depuis la Colombie jusqu’au sud du Chili à travers Equateur, Bolivie, Pérou, Argentine. Il permettait à l’Inca de contrôler son Empire, de déplacer ses troupes depuis la capitale Cuzco, d’assurer le transport des marchandises. Les coursiers à pied pouvaient, grâce à un système de relais extrêmement efficace, véhiculer l’information à une vitesse étonnante. Le réseau a permis l’unification de cet empire immense et hétérogène, un des mieux organisés du monde sur le plan administratif. Il reste un trait d’union entre les différentes cultures andines. Le réseau complet, avec ses voies transversales vers le Pacifique et l’Amazonie, comptait plus de 20 000 km. C’est un des travaux les plus gigantesques entrepris de la main de l’homme. Hélas, ce patrimoine historique, parsemé de trésors précolombiens, mais malmené par les intempéries, les destructions, les choix politiques, est en grand péril.
Une des parties les mieux conservées (130 km) est la voie mythique qui conduit, à travers la Vallée sacrée, de Cuzco jusqu‘au Machu Pichu, situé à l’est de la Cordillère des Andes, à 2438 m d’altitude, aux limites de la forêt amazonienne. Une randonnée de quelques jours, réservée aux sportifs aguerris car les conditions sont rudes. Pour les touristes ordinaires, accéder au Machu Pichu demande une autre organisation, car aucune route ne dessert le village de Aguas Calientes, en contrebas du site. Après Ollantaytambo, il faut emprunter la voie ferrée installée dans l’étroite faille que le tumultueux rio Urumbamba a percée dans la montagne. Un voyage impressionnant, car les wagons passent au ras du torrent bouillonnant qui charrie des rochers. A Aguas Calientes, il reste à grimper 400 m encore, à pied ou en navette, jusqu’à l’entrée du site.

Cet isolement explique pourquoi le Machu Pichu, construit par l’empereur Pachacútec vers1440, abandonné lors de l’effondrement de l'empire inca, a été oublié durant des siècles. C’est l’archéologue américain Hiram Bingham qui a redécouvert la cité en 1911.  Des photos, publiées par le National Geographic, ont ensuite fait la notoriété du site. Le spectacle est sublime : la magnifique cité s’étend sur la crête entre deux sommets, le Machu Picchu, « vieille montagne » et le Huayna Picchu « jeune montagne ». Sa construction a été parfaitement maîtrisée par les Incas, qui ajustaient les pierres au millimètre, sans utiliser de liant. La population d’environ 1000 habitants à son apogée bénéficiait de toutes les commodités, système d’irrigation, cultures en terrasses, habitations, greniers, bâtiments civils, religieux. 
Le climat chaud et humide entraîne des changements de décor spectaculaires. Au matin, la brume cache le cadre montagneux, laissant planer le mystère sur la cité, puis le soleil perce et les vestiges émergent peu à peu des nuages, c’est magique. « Machu Picchu est un voyage à la sérénité de l'âme, à la fusion éternelle avec le cosmos, là-bas nous sentons notre propre fragilité. » Pablo Neruda.



A lire : A la recherche de la grande route inca, de Laurent Granier et Megan Son.

Article publié dans le JTT du jeudi 3 janvier 2019.

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