Aravni, grand-mère de Valérie
Toranian, est une survivante du génocide arménien. En 1915, alors
qu 'elle mène une vie bourgeoise, dans une famille aimante et
cultivée, Aravni, 17 ans est obligée de fuir sa ville, Amassia.
Villa pillée, réquisitionnée, famille décimée, Avrani volée,
battue par les Turcs, doit abandonner tout pour se joindre aux
convois envoyés vers la mort, en direction du désert syrien. Grâce
à l'aide de sa marraine et à sa force de vie, elle survivra aux
conditions dantesques, arrivera jusqu'à Alep, puis Constantinople,
enfin émigrera en France en 1923.
Avrani n'a rien oublié, mais par la
suite, elle n'a jamais voulu s'exprimer sur son passé. Elle a
continué de vivre à sa manière, cultivant ses traditions, ne
parlant qu'arménien, fréquentant seulement la diaspora. Et bien
sûr, gavant ses petits-enfants de nourriture orientale, au grand dam
de sa belle-fille, Française pure souche. Il faudra beaucoup de
patience à Valérie la Parisienne pour obtenir quelques confidences.
En vivant à ses côtés, en arrachant quelques anecdotes, peu à peu
elle comprend l'enchaînement des faits, l'ampleur du génocide
arménien, sur lequel il existe si peu de documents écrits,
contrairement à la Shoah.
Le récit de Valérie Toranian fait
alterner deux voix, l'histoire d'Aravni et la sienne, au fil des
souvenirs partagés avec la grand-mère qu'elle adore. Dans un style
limpide, direct, traitant avec humour les relations familiales, elle
évoque les tribulations d'une famille d'Arméniens qui s'intègre à
la France, s'adapte à la modernité, tout en conservant une
vénération pour sa propre culture. Et pratique résolument le culte
des ancêtres.
Valérie Toranian, journaliste, a été
directrice de la rédaction de Elle, une intégration parfaitement
réussie. Sa grand-mère serait fière d'elle!
L'étrangère est disponible en
poche chez J'ai Lu.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 24 novembre 2016.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 24 novembre 2016.
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