Pour célébrer le 400ème anniversaire
de la mort du grand William, le festival international du jeune
théâtre de Tournon, sous la houlette du théâtre du Sycomore,
déploie cette année encore une créativité et un éclectisme
étourdissants. Spectacles en salle ou dans les rues, troupes
régulières ou ateliers d'été, textes en français, anglais, russe
... accompagnés de moments de cirque, de musique, les expressions
artistiques sont foisonnantes et parfois déjantées.
Un pari réussi : revenir au texte
fondamental et déclamer la poésie de Shakespeare dans des lieux
éclectiques, chapelle ou camping, bibliothèque ou Café, librairie
ou jardin. La comédienne Fany Buy et le musicien Rémi Mercier ont
conquis le public lors de leur prestation à Tournon, dans le jardin
où M. et Mme Maignan les accueillirent avec sympathie et ... au
pied levé. Une lecture chez l'habitant tout en intimité, entre
murets et escaliers, effluves de lavande et bruissements de
feuillage. Le jardinet adossé à la colline constituait l'écrin
idéal pour découvrir le poème narratif « Vénus et Adonis »,
où la déesse de l'Amour essaie de conquérir le plus bel homme du
monde, qui, lui, ne s'intéresse qu'à la chasse.
Fany a alterné des moments chantés et
d'autres lus ou récités. Sa voix chaude, envoûtante, était
accompagnée par les compositions subtiles de Rémi au piano
électronique. Quelques notes pour annoncer un changement d'ambiance,
une mélodie plus construite pour soutenir le texte, la mise en
scène, longuement travaillée, était parfaitement réussie. Le
texte, écrit en 1595, a ébloui les spectateurs par sa sensualité,
sa modernité et sa puissance poétique. Il a fallu pas moins de
trois traductions pour que Fany construise son rôle à partir des
1194 vers du génie anglais !
To be here or to be there, that is
not the question ! être ici ou être là, ce n'est pas la
question, l'important, c'est d'y être ! Partout dans ce
festival, le grand Shakespeare fédère autour de ses œuvres
intemporelles une jeunesse cosmopolite, passionnée par le théâtre
et les rencontres.
Article publié dans le JTT du jeudi 4 août 2016.
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