Bilqiss, c'est le nom de la Reine de
Saba, un nom qui évoque les splendeurs et les mythes de l'Orient.
Pourtant, ici, pas question d'histoire romanesque. L'héroïne, belle
et cultivée, est emprisonnée dans une geôle sordide, dans un pays
à feu et à sang, livré aux islamistes radicaux. Elle attend la
mort. Son crime : avoir dirigé la prière, ce qui est interdit aux
femmes.
Dans un pays non nommé, soumis à une
dictature islamiste, les femmes vivent l'enfer, écrasées par des
intégristes incultes qui les rendent responsables de toutes leurs
pulsions. Soumises, privées d'éducation, cloîtrées, niées,
certaines arrivent pourtant à résister en secret, à préserver
grandeur et dignité. A s'échapper, par la poésie, l'imagination ou
la prière, comme Bilqiss, dont le procès soulève l'indignation du
monde entier.
La verve et l'insolence de
l'auteur, comme celles de son héroïne, font la force du roman, qui
dénonce violemment le sort fait aux femmes. Mais le débat soulevé
est plus général: Où commence la violence ? Qui peut juger ? Qui
peut se croire en possession de la vérité ? La journaliste
américaine qui a trouvé là un sujet de reportage à chaud sera
surprise d'admettre qu'elle n'est pas forcément du côté de la
liberté.
Saphia Azzeddine réussit dans ce
roman-brûlot passionnant à faire partager sa foi pour l'Islam, et
sa détestation de la version déformée par les fanatiques. Son
féminisme, et la remise en cause du modèle occidental. Sa passion
pour l'écriture, et la pratique des joutes oratoires
Née en 1979 à Agadir, d'une mère
Française et d'un père Marocain, Saphia Azzeddine est journaliste,
scénariste, écrivain, auteur de plusieurs romans à succès depuis
2005. Son récit devrait être mis dans les mains de toutes les
femmes bafouées.
Bilqiss est disponible en édition de poche
chez J'ai lu.
Chronique publiée dans le JTT.
Chronique publiée dans le JTT.
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