Sorj Chalandon, spécialiste des
guerres de la planète, évoque ici celle du Liban, dans les années
1980, à travers une fiction dont le sujet est un projet fou :
monter une pièce de théâtre, Antigone, dans Beyrouth à feu et à
sang, avec des comédiens amateurs issus des différentes factions.
Antigone sera Palestinienne, Créon phalangiste, Hémon Druze, et
les gardes chiites.
Georges reprend le pari que Samuel,
mourant, a initié, espérant créer un espoir de paix sous les
bombes. Bien que marié et père de famille, Georges est un éternel
dilettante, dont la seule motivation est de monter des pièces de
théâtre. Il milite à l'extrême gauche, n'hésitant pas à faire
le coup de poing, suivant des slogans simplistes. La rencontre avec
Samuel, metteur en scène reconnu, réfugié de Grèce où il a été
torturé par la dictature, fait vaciller ses certitudes. Il accepte de reprendre son projet
utopique, dans le Liban en guerre. Georges sillonne Beyrouth au péril
de sa vie, pour organiser des répétitions avec les différents
acteurs. Il réalise alors que chacun d'eux a une lecture différente
de la pièce, et n'accepte son rôle que dans le but de justifier son
combat politique. Le quatrième mur, qui isole les comédiens du
public, en protégeant leur intégrité est purement virtuel. La
trêve est un rêve, la guerre écrase tout.
Un roman saisissant, presque un
document, qui montre une guerre totale. Et pourtant, un jour, la paix
est revenue au Liban. Un espoir pour la Palestine ?
Sorj Chalandon est né en 1952. Grand
reporter à Libération, journaliste au Canard enchaîné, ses romans
bouleversants décortiquent les conflits modernes. C'est par
le biais de la fiction qu'il s'autorise à expurger les images
atroces accumulées durant ses séjours en enfer.
Le quatrième mur a
obtenu le Goncourt des Lycéens en 2013, il est maintenant
disponible en Livre de poche.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 11 décembre 2014.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 11 décembre 2014.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire