mercredi 24 décembre 2014

Les treize desserts de Noël et autres traditions gourmandes

En Provence, le mois de décembre est l’occasion de magnifier l’identité culturelle de la région, à travers sa langue, ses coutumes et traditions religieuses. Tout commence le 4 décembre avec la Sainte Barbe. Ce jour-là, on met du blé à germer dans trois soucoupes. Si les tiges poussent drues, l’année à venir sera prospère. Le blé germé est ensuite installé près de la crèche, au milieu des santons.

Le 24 décembre commence avec le rite du cacho-fio : le plus âgé et le plus jeune de chaque famille allument ensemble l’énorme bûche en fruitier destinée à brûler trois jours et trois nuits, pour célébrer le feu nouveau. Ensuite, on prépare les agapes rituelles. La table de fête est dressée avec trois nappes superposées de taille décroissante : une pour le Gros souper du 24,  à base de poissons, une pour le menu du 25, riche en volailles, et la dernière pour le soir, où on sert les restes. 

Le Gros souper est servi le 24 au soir, avant d’aller assister à la messe de minuit ou à la pastorale. Il est composé de plats maigres, mais n’en est pas moins fastueux : une soupe à l’ail, suivie de poissons accommodés de légumes, cardons, céleris, épinards. Puis on dispose sur la table les treize desserts (en référence au Christ et à ses 12 apôtres) que l’on déguste au retour de la messe, accompagnés de vin cuit.
Les treize desserts (calenos), la plus connue des coutumes de Noël, est une tradition d'opulence commune à plusieurs sociétés méditerranéennes, les desserts et leur nombre variant selon les lieux. Y figurent la fougasse, le nougat blanc, aux noisettes, pignons, pistaches, le nougat noir, au miel  et amandes. Les quatre mendiants : figues sèches, raisins secs, noix et amandes, symbolisant les ordres religieux Franciscains, Dominicains, Augustins et Carmes. Les fruits frais : poires d'hiver, pommes, raisin, oranges, melon, dattes. Les pâtes de coings, fruits confits et autres sucreries. Les oreillettes, calissons ou croquants…

Ces desserts, plus ou moins splendides selon l'aisance des familles, sont évoqués dès 1683 dans l’Explication des usages des Marseillais, puis vers 1820, dans la Statistique des Bouches-du-Rhône. La première mention du nombre treize n'apparaît qu'en 1925, dans un numéro spécial du journal du Félibrige, association de défense de l'identité provençale fondée par Frédéric Mistral (1830-1914). L'année suivante, la romancière Marie Gasquet précise qu'à Noël il faut treize assiettes de friandises, douze avec les produits du pays, du jardin, la treizième beaucoup plus belle, remplie de dattes, pour rappeler l’origine orientale de Jésus.
Des traditions gourmandes qu’on peut donc interpréter ou réinventer, selon son inspiration, ses moyens, son humeur. Joyeux Noël à tous !

Article publié dans le JTT du 25 décembre 2014.

lundi 22 décembre 2014

Les Boîtes à lire

Samedi matin, M. Bouchet, sénateur-maire de Tain l'Hermitage, a procédé à une double inauguration originale, dans les locaux de la gare SNCF puis ceux de la mairie : Deux Boites à lire ont été mises en service, c'est-à-dire garnies de livres, grâce à la complicité de participants offrant des ouvrages déjà lus. Prenez, lisez puis rapportez : l'indication est claire, les livres déposés sont mis gratuitement à la disposition du public, à charge ensuite de les remettre en circulation. 
Les boites à lire vont se multiplier à Tain, avec deux autres installations prévues à la Poste, puis au Camping, pour lequel les livres en langues étrangères sont recherchés. Les services techniques ont réalisé des boites pratiques, à deux étages : pour enfants en bas, pour adultes en haut, qui ne demandent qu'à être remplies. 

Promouvoir la lecture en mettant des livres à la disposition des usagers, stimuler la solidarité entre lecteurs, est une initiative à encourager. De nombreuses villes ont déjà adopté cette lire-attitude. A Bordeaux, une dizaine de boites sont présentes dans les rues. Et même à Delle, un rayonnage modeste accueille  les dons à la gare SNCF. 
Pratique : C'est le moment de faire du vide dans vos étagères.
Ecologique : Offrez une nouvelle vie à vos livres.
Convivial : Partagez vos coups de coeur !
Une merveilleuse façon de prolonger l'esprit de Noël.

Article publié dans le JTT du jeudi 18 décembre 2014.

jeudi 18 décembre 2014

Boucles de Noël



Vous vous souvenez de mon amie Elena, artiste russe?  Eh bien, pour Noël, elle a fabriqué des petites merveilles pour décorer vos oreilles...

Festives, gourmandes, hivernales ou classiques (cœurs, fleurs), vous pouvez les commander directement par mail : yel-fedorovich@yandex.ru
Pour 10€, elles sont à vous !



lundi 15 décembre 2014

Saveurs du terroir : l'atelier Nectardéchois

La foire aux arbres organisée à Pailharès, dans l'enceinte de l'atelier Nectardéchois, a permis de mettre en valeur cette coopérative spécialisée dans la fabrication de jus et nectars de fruits locaux. Visite de l'atelier, discussion avec les salariés, dégustation, vente, les clients en ont profité pour faire le plein de saveurs d'automne.

La différence entre jus et nectar ? Le jus est obtenu par simple pressage, sans aucune adjonction, il concerne surtout les fruits à pépins. Le nectar est plutôt réservé aux fruits à noyau, dont la chair est réduite en purée, puis allongée d'eau de source et sucrée.
Une dégustation à l'aveugle était organisée, pour identifier les différentes boissons proposées à la vente. Dur, dur , car si les jus simples, pomme, poire, abricot, cerise, fraise, pêche, sont relativement faciles à distinguer, les mélanges composés gardent tout leur mystère : pomme/coing, pomme/kiwi, pêche/abricot... Mention spéciale à la boisson de saison, Automne, obtenue en combinant pomme, poire et pêche de vigne.

Comment cette coopérative fonctionne-t-elle ? Deux activités : la fabrication et la vente, à partir de fruits cueillis à la maturité idéale. Des clients à chaque étape : les producteurs locaux, qui font presser leurs propres fruits, et repartent ensuite avec leurs bouteilles pleines, à consommer ou commercialiser sur les marchés. Les particuliers, qui peuvent apporter leurs fruits à partir de 100 kg minimum, pour une consommation personnelle. Les restaurants, commerces, épiceries, qui veulent promouvoir les jus et nectars fabriqués localement. Et tous les adeptes de boissons naturelles issues des fruits de Drôme-Ardèche.

Né en 1998, de la volonté de faire vivre un savoir-faire ancestral en Ardèche Verte, l'atelier Nectardéchois développe une production artisanale, avec une volonté de qualité, de mise en valeur du terroir, et de respect des saisons et de la nature. Une initiative qui a permis de créer des emplois, et de contribuer à l'animation du village de Pailharès.

Vente aux particuliers à l'atelier Nectardéchois,
Le Calvaire, 07410 Pailharès.
04 75 06 12 18   www.nectardechois.fr

Article publié dans le JTT du jeudi 11 décembre 2014.

vendredi 12 décembre 2014

Chronique littéraire : Le quatrième mur, de Sorj Chalandon

Sorj Chalandon, spécialiste des guerres de la planète, évoque ici celle du Liban, dans les années 1980, à travers une fiction dont le sujet est un projet fou : monter une pièce de théâtre, Antigone, dans Beyrouth à feu et à sang, avec des comédiens amateurs issus des différentes factions. Antigone sera Palestinienne, Créon phalangiste, Hémon Druze, et les gardes chiites.

Georges reprend le pari que Samuel, mourant, a initié, espérant créer un espoir de paix sous les bombes. Bien que marié et père de famille, Georges est un éternel dilettante, dont la seule motivation est de monter des pièces de théâtre. Il milite à l'extrême gauche, n'hésitant pas à faire le coup de poing, suivant des slogans simplistes. La rencontre avec Samuel, metteur en scène reconnu, réfugié de Grèce où il a été torturé par la dictature, fait vaciller ses certitudes. Il accepte de reprendre son projet utopique, dans le Liban en guerre. Georges sillonne Beyrouth au péril de sa vie, pour organiser des répétitions avec les différents acteurs. Il réalise alors que chacun d'eux a une lecture différente de la pièce, et n'accepte son rôle que dans le but de justifier son combat politique. Le quatrième mur, qui isole les comédiens du public, en protégeant leur intégrité est purement virtuel. La trêve est un rêve, la guerre écrase tout.
Un roman saisissant, presque un document, qui montre une guerre totale. Et pourtant, un jour, la paix est revenue au Liban. Un espoir pour la Palestine ?

Sorj Chalandon est né en 1952. Grand reporter à Libération, journaliste au Canard enchaîné, ses romans bouleversants décortiquent les conflits modernes. C'est par le biais de la fiction qu'il s'autorise à expurger les images atroces accumulées durant ses séjours en enfer.
Le quatrième mur a obtenu le Goncourt des Lycéens en 2013, il est maintenant disponible en Livre de poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 11 décembre 2014.

lundi 8 décembre 2014

Le Marché de Gros de Pont-de-l'Isère

C'est, après Rungis, un des plus importants marché de professionnels de France. Le point de rencontre entre producteurs de Drôme-Ardèche et acheteurs venus de toute la région Rhône-Alpes, et de l'Est de la France. Les fruits et légumes ramassés du matin changent de mains, au cul du camion, par cagettes, par sacs, parfois par tonnes. Ce marché professionnel, qui fonctionne du lundi au vendredi en été, production oblige, se limite à trois jours en basse saison. Mais le déroulement reste le même. Sur un immense parking, partagé en deux parties, c'est un gigantesque ballet d'hommes et de véhicules, très organisé, mais dans une ambiance fébrile, car il ne dure qu'une heure. Gare aux piétons !

16h30. La sirène retentit, la grille qui sépare les véhicules des marchands de ceux des producteurs s'ouvre, et c'est la ruée des acheteurs vers les cultivateurs stationnés sur leur emplacement, carnet en mains pour noter les commandes, même si les habitués ont déjà réservé par téléphone. Immédiatement, les livraisons s'enchaînent, avec des diables, des chariots élévateurs ou à la force des bras. Les sacs de châtaignes, de noix, ou de pommes de terre, les caisses de citrouilles, les cageots de pommes, de poires, les brassées de poireaux, les filets d'ails et d'oignons, les palettes de choux ... changent de propriétaire en un clin d’œil. Aussitôt, les premiers véhicules qui ont terminé de négocier repartent en slalomant au milieu de la cohue générale.

La réglementation de la Mairie de Pont de l'Isère est efficace et la police municipale y veille : deux parkings fermés différents, où marchands et producteurs peuvent s'installer dans le courant de l'après-midi, un droit d'entrée ou un abonnement à régler pour tous, un système de pesage mis à disposition, ainsi qu'une halle ouverte aux produits exotiques. Quand les papiers sont en règle, les camions repartent. En ce mercredi de novembre, presque deux cents producteurs étaient présents, pour une soixantaine d'acheteurs, épiciers, marchands, revendeurs. Tout le monde ne vend pas sa marchandise !

Alors, à 17h30, quand les grossistes sont partis, il reste aux petits producteurs une solution de secours pour écouler leurs denrées : une deuxième grille s'ouvre côté mairie, pour laisser passer les particuliers qui espèrent faire de bonnes affaires, au prix de gros. Une autre ruée commence.

Article publié dans le JTT du 27 novembre 2014.

mercredi 3 décembre 2014

Marthe Robin, la « petite Sainte » de Châteauneuf-de-Galaure, sur la voie de la Béatification

Marthe Robin est considérée comme l’une des grandes figures spirituelles de l’Eglise catholique du XXème siècle. A Rome, le 7 novembre 2014, le Pape François vient de la proclamer Vénérable, étape décisive en vue de la Béatification.
Nombreux sont les habitants de Tain, Tournon et toute la région, qui ont eu l’occasion de rencontrer Marthe Robin, grâce à des retraites organisées par les paroisses, les écoles, ou à titre personnel. La visite à Marthe, alitée dans une chambre sombre, mais illuminée par son amour de Dieu et des hommes, marquait les esprits à tout jamais.
Dans la ferme paternelle, elle a ainsi reçu plus de 100 000 visiteurs de toutes origines, pendant près de soixante ans. Bien que simple laïque, son influence mystique était considérable. On lui demandait d’intercéder par ses prières, pour obtenir une grâce divine. Maladies de proches, soldats disparus, mais aussi conseils de vie, inquiétudes sur l’emploi, problèmes familiaux, secrets pesants, elle écoutait, réconfortait, priait avec ses visiteurs.

Pourtant rien ne la destinait à une vie spirituelle. Née en 1902 dans une modeste famille d’agriculteurs de Châteauneuf-de-Galaure, c’est à l’âge de 16 ans qu’elle a ressenti les symptômes d’une douloureuse paralysie progressive, qui l’obligera à garder la chambre, où elle s’étiolera progressivement jusqu’à sa mort en 1981. Un jour elle s’est sentie appelée par Dieu, à qui elle offrait ses souffrances.
Les premiers signes de son mysticisme ne furent ni du goût de ses parents, qui voyaient leur ferme envahie par les étrangers, ni de la hiérarchie catholique. La rencontre avec l’Abbé Finet, célèbre prédicateur lyonnais, fut déterminante pour sa reconnaissance, et le début d’une œuvre majeure : la fondation des Foyers de Charité,  en 1936.

Actuellement 77 Foyers, dans 41 pays, dont 14 en France,  participent au renouvellement de l’Eglise, accueillant retraites spirituelles, centres de ressourcement, espaces de prière. A Châteauneuf-de-Galaure, toute une communauté s’est développée autour de l’œuvre de Marthe. Au Foyer de Charité, maison mère, sont associés école, collège, lycée. Des bâtiments modernes accueillent les dizaines de milliers de retraitants, pèlerins ou curieux qui désirent se recueillir dans la chambre de Marthe, à la Ferme Robin. On imagine l’ampleur de la liesse, en Drôme des Collines, quand la Béatification sera annoncée !

La vie spirituelle passe aussi par le Net :
http://www.martherobin.com/
http://www.foyer-de-charite.com/fr/marthe-robin.html

Article publié dans le JTT du jeudi 20 novembre 2014.