Les pouces, c’est avec eux que les "jeunes" s’envoient à
longueur de journée des SMS. Plutôt que de contester cette nouvelle façon de
communiquer, Michel Serres l’accepte comme une donnée de départ, l’analyse
ensuite, et nous affirme qu’il s’agit là d’un tournant majeur dans l’évolution
de l’espèce humaine. Ce mutant aux pouces agiles, imprégné des nouvelles
technologies, il l’appelle Petite Poucette.
Michel Serres est un philosophe, épistémologiste célèbre, Académicien,
longtemps professeur à l’Université de Stanford, il analyse les relations entre
science et société. Une réflexion qui éclaire par sa simplicité et sa
clairvoyance. Ce que nous pensions confusément est énoncé clairement, synthétisé, le tableau obtenu est sidérant et inéluctable
: Après l’invention de l’écriture, puis celle de l’imprimerie, l’accès libre à
Internet est à l’origine de la troisième grande mutation de la société.
Conséquence : notre monde est à repenser,
éducation obsolète, politique et information ringardisées, contraintes
géographiques et temporelles oubliées. De nouvelles communautés virtuelles d’individus
se forment. Les informations multiples auxquelles chacun est confronté
redistribuent les cartes. Il serait temps pour nos institutions de s’adapter.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 23 janvier 2014.
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